lundi 3 mars 2008

La preuve irréfutable de l'existence de Dieu

L'existence de Dieu est une question philosophique majeure qui a occupé de très nombreux penseurs à travers les siècles. Aujourd'hui, l'état de l'Art consiste à dire qu'il s'agit d'une question insoluble ou plutôt, indémontrable.

Il ne serait pas possible de prouver l'existence de Dieu. Il serait également impossible de prouver sa non-existence.

Or, bien évidemment, même si c'est loin d'être un sujet de préoccupation majeur pour un étudiant en Yéchiva, n'importe quel juif un peu versé dans l'étude des textes sait qu'il existe une preuve complètement irréfutable de l'existence de Dieu.

Je sais, vous vibrez d'impatience, mais avant de vous donner cette pépite, il nous faut faire un bref rappel historique et culturel sur deux grands maîtres de la tradition juive: Maïmonide et le Raavad.

Maïmonide, tout le monde connaît, "De Moïse (le prophète) à Moïse (Maïmonide), il ne s'est levé aucun homme comme Moïse".

Talmudiste, penseur nourri de philosophie aristotélicienne, décisionnaire sans équivalent, Maïmonide (ou Rambam: Rabbi Moché Ben Maïmon) a marqué jusqu'à aujourd'hui notre façon d'envisager la Thora et le judaïsme.

Son oeuvre maîtresse ? Plus que le Guide des Egarés, c'est le Michné Thora qu'il faut retenir: somme inégalée de l'ensemble des lois recensées dans le Talmud, compilées, assemblées, structurées et synthétisées dans un hébreu d'une limpidité de cristal.

Oeuvre majeure, mais évidemment très critiquée. Pourquoi ? Parce que Maïmonide a eu l'outrecuidance de penser avoir produit le "code ultime" qui rendrait caduc toute référence au Talmud pour les décisions pratiques et la fixation de la halakha.

Aucune source en effet n'apparaît dans le Michné Thora de Maïmonide. Ambition peut-être un peu démesurée, même pour le grand Maïmonide.

Et c'est là qu'apparaît Rabbi Avraham ben David de Posquières, dit le Raavad. Posquières étant un charment (j'imagine) village de Provence où vécut et enseigna cet éminent maître.

Le Raavad (ou Reeved selon l'accent ashkénaze), a été un des plus virulents commentateur de Maïmonide. Quasiment à chaque passage du Michné Thora, le Raavad intervient, remet en cause, critique, met en pièces les assertions (non sourcées il faut le rappeler de Maïmonide).

L'énergie du Raavad, il la puise dans une volonté de contrer ce qu'il lui apparaît comme un risque majeur pour les juifs: qu'ils ne s'en tiennent qu'à la lecture d'un code de lois, sans s'immerger dans l'Etude, la vraie, c'est à dire celle du Talmud et de ces commentateurs.

Match nul: les oeuvres de synthèses halakhiques ont proliféré à la suite du Rambam. Le Choulkhan Aroukh de Rabbi Yosef Caro au 16ème siècle, puis le Michna Beroura au 19ème ou le Yalkout Yosef du Rav Itzhak Yosef, basé sur les responsa et les décisions de son père le Rav Ovadia Yosef.

Maïmonide n'a donc pas produit le code ultime, mais il a lancé une tendance de fond qui ne s'arrêtera plus.

Mais ces oeuvres n'ont pas supprimé, loin de là, les Yéchivot et centres d'étude dans lesquels la Guemara est toujours l'objet de préoccupation principale. Le Raavad est donc légitimé dans sa critique: en effet, la vitalité du judaïsme n'a pu prospérer que par la continuité de l'étude du Talmud, jusqu'à aujourd'hui.

Toujours est-il que la lutte entre ces deux là a été acharnée, sur des sujets aussi divers que le statut du mont du Temple, les endroits où on peut embrasser sa femme (Rambam dit partout, le Raavad s'y oppose), la question de savoir si l'interdiction noachide de "Ever min hahai" s'applique aussi à la volaille et même sur un sujet qui nous paraît aujourd'hui recueillir l'unanimité des forces vives du judaïsme: la corporéalité de Dieu.

En fait le Rambam et le Raavad sont d'accord pour dire que Dieu n'a pas de corps et que les anthropomorphismes de la Thora sont évidemment d'ordre allusif, mais si le Rambam considère qu'un tenant de la position inverse est un hérétique, le Raavad considère seulement qu'il a fait une erreur intellectuelle qui n'est pas passible du qualificatif d'hérésie avec tout ce que cela peut impliquer en pratique.


Bref, ils ne sont d'accord sur presque rien.



Mais, revenons donc à notre sujet. Le début du Michné Thora de Maïmonide concerne les "Halakhot" dites de "connaissance". C'est en réalité une introduction aux fondements sur lesquels repose la foi juive.


Ca commence comme ça "Le fondement des fondements et le pilier des sagesses est de savoir qu'il existe une cause première (Matsouï Richon)" .


Mine de rien, cette phrase (et bien d'autres ensuite, notamment dans le Guide des Egarés) est une réfutation formelle avant l'heure des théories de Spinoza. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que celui-ci revient souvent longuement sur l'oeuvre de Maïmonide, qu'il sait très explicitement opposé à sa thèse panthéiste.


Après un bref développement sur cette notion de "Cause première", le Rambam poursuit: "Cette cause première, c'est le Dieu du monde, le maître de la terre."

A ce moment là, l'étudiant en Yéchiva va chercher fébrilement ce qu'en dit le Raavad. Et vous savez quoi ? Le Raavad n'en dit rien.

C'est donc qu'il n'a rien à dire sur le sujet et qu'il est (pour une fois) en accord avec Maïmonide.

Résultat: la proposition "Dieu existe" n'est pas remise en cause par le Raavad, c'est donc qu'elle est vraie.

CQFD ;-)

9 commentaires:

EZRA a dit…

Le libre aritre, et le principe même d'émouna, ne reposeraient ils pas justement sur le fait qu'il n'est pas possible d'emettre de preuve "irréfutable" de l'existence de D. ?

Frison a dit…

Bien entendu.
Mais remarquez bien que ce billet a été publié dans la rubrique "Humour juif" ;-)

Même si je suis convaincu que cette "blague" nous en dit beaucoup sur ce en quoi les juifs croient. Ils ont toujours accordé plus d'importance à la paroles des sages et érudits tout le long des générations, qu'à des développements métaphysiques sur l'existence de Dieu qui n'ont en réalité pas beaucoup d'impact sur la façon dont on doit vivre notre vie. Or c'est bien là l'essentiel !

Anonyme a dit…

"...les oeuvres de synthèses halakhiques ont proliféré à la suite du Rambam. Le Choulkhan Aroukh de Rabbi Yosef Caro au 16ème siècle, puis le Michna Beroura au 19ème ou le Yalkout Yosef..."...

Super cher ami, entre le Choulhan Aroukh et le mishna Broura, rien ??? Et le Maguen Avraham, Haye Adam, Choulhan Aroukh HaRav, Aroukh Hashoulhan, etc,etc...???

Anonyme a dit…

BS"D

Au faite, Ezra, qui cherche bien peut trouver des preuves un peu plus "irréfutables" que celle-ci, qui apparemment n'est qu'un mot d'humour.
Cela nierait le libre arbitre si ces preuves étaient évidentes à tous sans aucune recherche. Mais si on y arrive après avoir cherché et étudié la Torah, les textes de nos Sages et le monde dans lequel nous vivons, cela n'est pas en contradicition avec le libre arbitre. Surtout si tant de personnes autour de nous les ignorent et vivent comme s'il n'y avait que ce monde présent et rien d'autre.

Malka.L a dit…

J'ai grave adoré, surtout que je l'ai lu a quelque personne qui l'ont prise au serieu! Mais l'humour et le style étais au top! Alors qu'un mot en plus de lol...Bravo!

Anonyme a dit…

Je pense que c'est pas dans la catégorie "humour juif" que ce texte aurait du etre classé.

Mais plutot dans "moquerie du niveau intellectuel des juifs de nos jours qui peuvent croire a ce genre de raisonnements"

Sans vouloir etre méchant dans d'autres sites on aurait classé ce texte dans "sujets existentiels"

mastergold.X a dit…

Une proposition très vague a éclaicir par le rav.

Je dit:

1) Selon Godel tout systeme qui contient l'arithmetique contient des véritées qui ne sont pas démontrable!
l'arithmetique se consruit a l'aide des nombre 1 et 0 (l'unité ne peut pas exister
sans le point de référence) et des opérations élémentaire .
tout ensemble contient des objets (concept ,notion ,matière etc...) et chaque objet est une image de l'unité et cette unitée ne peut pas exister sans le zéro donc l'image de l'unitée ne peut pas exister sans l'image du zéro qui est le rien ou le vide .

2) Nous pouvons toujours réunir deux objet d'un ensemble pour former un autre objet de l'ensemble (l'addittion) ...c'est a dire que tout ensemble que l'on peut observer par la pensé ou par les sens contient au moins l'unité donc aussi le zéro et puisquil y a au moins deux élément on peut les réunir donc l'adition est implicitement contenu dans l'ensemble et comme la multiplication dérive fondamentalement de l'adittion, on a un systeme qui contient par essence l'aritmétique ou au moins une partie sufisante de l'arithmetiquei de plus cette arithmetique est fondamentalement imbriquer avec l'existance des relation du systeme c'est a dire que tout systeme d'objet contient nécéssairement des véritées qui ne sont pas demontrable. (pas facile a comprendre …)

3) puisque tout systeme se formalise par la méthode axiomatique et quil contient des véritées qui ne sont pas démontrable, alors il manque nécéssairement des axiomes! mais puisqu'un systeme consistant possède une base axiomatique complete alors il ne manque pas d'axiome!(pas facile a comprendre..)

4) puisquil manque des axiomes et que les axiomes sont tous la ,alors se que nous appelons axiome ne sont pas des axiomes c'est a dire que le potentiel intelectuel del'humain est contenu dans une sphère du savoir et quil ne peut pas en sortir ,les axiomes quil a sont relatif a sa sphère qui est contenu dans au moins une autre sphére ou les axiomes de l'umain sont dérivable...(pas facile a comprendre).

5) La sphere superieur n'echape pas a l'ensemble et aux systeme consistant donc n'echappe pas a la methode axiomatique et cette logique de l'incomplétude donc pourquoi je ne pourais pas dire que par récurence il y a une troisième sphere donc une infinité de sphere et quil existe alors une intelligence qui contient toutes les autres,celle de Dieu. (amen)

mastergold.X a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit…

Quelle que soit la moindre particule élémentaire considérée, constitutive de toute forme de matière et de vie existante dans l'Univers, le produit de son énergie totale par sa longueur d'onde et sa vitesse est constant et non nul, égal au produit du carré de la célérité de la lumière dans le vide par la constante de Planck.

De fait, la quantité de mouvement d'une particule nous est donnée d'une part par l'équation de Louis de Broglie: p = h/λ (où p est la quantité de mouvement de la particule, λ sa longueur d'onde, et h la constante de Planck), et d'autre part par Albert Einstein sous la forme p = m.v (où m est la masse de la particule, et v sa vitesse), tandis que son énergie totale nous est donnée par le célèbre E = m.c² du même Einstein (où E est l'énergie de la particule, et c la vitesse de la lumière). Des deux équations d'Einstein on déduit: m = p/v = E/c², et donc: E.v = p.c². En substituant p dans cette dernière équation par sa formulation h/λ, on en déduit donc: E.λ.v = c².h. Dans le cas où la particule considérée est dénuée de masse (tel que dans le cas d'un photon, par exemple), la démonstration est même encore plus simple, et le résultat final le même, l'énergie totale d'une particule sans masse nous étant donnée par la formule: E = p.c.

Ni l'énergie de la particule, ni sa longueur d'onde, ni sa vitesse ne sont donc jamais nuls, et toute chose dans l'Univers a donc toujours existé de toute éternité (sous une forme ou une autre). Il n'est donc nul néant initial ou final dont quoi que ce soit serait issu ou y finirait, ni jamais la plus infime particule créée ou détruite en plus ou en moins, et par conséquent non plus quelque Dieu créateur que ce soit entre les deux.