vendredi 21 décembre 2007

Vayekhi - Ah l'universel...

Vous connaissez bien sûr la blague du juif sur une île déserte ?

Ca fait 20 ans qu'il est tout seul, et soudain, un bateau vient le sauver. Alors avant de partir il fait visiter les lieux au capitaine:


"Donc là c'est ma maison à 3 étages, ici c'est le gymnase où je m'entraîne, ici c'est la synagogue, là-bas c'est le centre de recherche météorologique, de l'autre côté vous pouvez admirer le musée des arts primitifs, plus loin il y a la synagogue, ensuite..."

"Mais, s'écrie le capitaine, je croyais que la synagogue était là-bas ?!"

"Non, non celle-là c'est celle où je vais tous les jours, l'autre, ne comptez pas sur moi pour y mettre les pieds !"


Histoire de rire des dissensions et déchirements perpétuels qu'ont toujours connus les communautés juives...Mais la paracha est plus profonde que cela.

Elle nous relate une sorte de fin des temps, fin de la première partie de la Thora, après un affrontement violent entre Juda et Joseph.

Cette opposition, c'est celle qui traversera le peuple juif pendant plus de 3000 ans et, comme nous le verrons, jusque dans l'essence intime de la judéïté.


Reprenons: Joseph, on l'a vu dans une paracha précédente, c'est le politique, l'universaliste. C'est le juif qui n'est plus en Israël, il est en Egypte, il est coupé de sa famille et adopte les coutumes égyptiennes.

Sa vision du judaïsme, c'est que le juif doit aller à la rencontre des nations et des autres peuples pour faire avancer le monde.

C'est ce que symbolisent les 70 personnes qui descendirent avec Jacob en Egypte. 70 représente dans la tradition juive les Nations du monde.

Joseph, c'est celui qui fait en sorte qu'Israël se fonde dans les nations pour faire progresser l'humanité toute entière.


Juda, en revanche, c'est tout le contraire. Juda est très attaché à son père, à Israël, il n'arrête pas de le répéter toute la journée (c'est d'ailleurs lassant à la fin ces juifs qui n'arrêtent pas de revendiquer leur identité ;-)).

Il perçoit très clairement le risque de la position de Joseph: à trop vouloir se fondre, on risque de disparaître ! La spécificité d'Israël n'existera plus en Egypte !

Marx, Einstein, Freud, Spinoza, que de grands noms et que de grandes avancées dans la vie de l'humanité ! Mais où sont leurs descendants ? Sont-ils encore juifs ? Voilà ce que demande Juda.


Mais l'histoire ne s'arrête pas là !

Le peuple d'Israël, une fois rentré en terre promise, demande un roi. Dieu (c'est dans le texte de Samuel, vous regarderez) est pas très chaud. Pas chaud du tout même. Il fait une petite crise de jalousie en faisant bien remarquer qu'il était déjà roi et qu’il n’était pas nécessaire d'en avoir un autre.

Mais finalement, il leur fait plaisir et leur donne Saül. Puis David. Puis Salomon. Puis le schisme !Le royaume de Salomon se divise entre le royaume de Juda (les tribus de Juda et Benjamin) et le royaume d'Israël (dirigé par un descendant de Joseph).


Encore Juda contre Joseph.


Et là, pour les sceptiques, c'est plus la Bible, ce sont des évènements historiques. Le royaume d'Israël, plus riche, plus civilisé, beaucoup moins fidèle à la Thora et plus ouvert au monde sera détruit par Sénachérib: les 10 tribus qui le constituaient sont aujourd'hui perdues à jamais.

Le royaume de Juda fut finalement détruit 136 ans plus tard, mais les tribus qui le composèrent subsiste encore aujourd'hui: tous les juifs de par le monde (donc nous), à part les Cohen et Levi, sont issus des tribus de Juda ou de Benjamin.

Mais Juda sans Joseph ne peut suffire: on ne peut seulement se satisfaire de rester dans les hautes sphères spirituelles sans accomplir une vie politique et réelle.

"Ils sont bien gentils vos rabbins dans les shtetl à se prendre la tête. Mais qu'est-ce qu'ils font pour faire renaître une vraie vie politique, économique, sociale juive, pour s'ouvrir au monde ?"


Voilà ce que demande Joseph à Juda....par un curieux raccourci, les questions que se posent Juda et Joseph sont celles qui se posent encore aujourd'hui:"Faites attention aux attraits de l'émancipation, à la culture occidentale, vous risquez d'y perdre votre âme" n'ont cessé de répéter les maîtres du judaïsme depuis 2000 ans

"Y en a marre d'entendre les vieux rabbins des shtetls dire l'an prochain à Jérusalem tous les ans sans prendre aucune décision politique pour que l'Etat juif renaisse de ses cendres et que le peuple juif soit un peuple comme les autres" n'ont cessé de répéter les premiers sionistes laïcs.


Pour le Rav Kook, l'épopée du sionisme est bien encore une preuve de l'affrontement entre Juda et Joseph. Et c'est d'ailleurs pour cela que, de manière fort énigmatique, il a semblé identifié Théodore Herzl lors du discours d'enterrement de celui-ci au Messie fils de Joseph: le Messie qui devait donner la libération politique !

Mais le Messie de Joseph, celui qui vise à insérer Israël dans le concert des nations, est nécessaire, mais ne suffit pas: le véritable Messie est le fils de David, donc de Juda. Celui qui garantira la véritable spécificité juive dans l'esprit national.

Dans le champ du débat intellectuel, si vous regardez bien, il n'est pas rare de voir s'opposer deux styles: Joseph et Juda.

Pour simplifier, les "Joseph" ce sont ceux pour qui la culture occidentale est sacrée, pour qui l'universalisme prime avant tout, pour qui le soutien à Israël ne peut évidemment pas être inconditionnel, pour qui le savoir académique s'est substitué à la Thora.


Les Juda, ce sont ceux pour qui la "chose" juive passe avant tout. Pour qui le respect de la Thora passe avant toute considération politique ou économique, pour lesquels le soutien à Israël ne peut être qu'inconditionnel, et pour lesquels l'assimilation est le pire danger.


Je caricature volontairement, mais vous le voyez, le débat n'est pas nouveau. Chacun doit aller vers l'autre car les deux positions sont issues de courants très forts de notre tradition....mais attention dit le Rav Kook, la position n'est pas symétrique: la fin des temps n'arrivera que lorsque le Messie fils de Joseph, après avoir accompli sa mission, laissera la place au fils de David qui, en tant que porteur de la tradition juive, pourra enfin faire entrer le monde dans les temps messianiques...

2 commentaires:

Otir a dit…

J'ai oublié qui disait "Celui qui est juif, ce n'est pas celui dont les grands-parents sont juifs, mais celui dont les petits-enfants sont juifs"...

Anonyme a dit…

Le Schilo

(1) A cause de ceux qui divisent les hommes, en les trompant ou en les détournant de la prophétie, aujourd’hui personne ne s’aperçoit que le Fils de l’homme est le Schilo que Jacob annonce lorsqu’il prophétise sur ses douze fils. Nul ne sait alors qu’il s’agit du Fils unique, que l’on voit également à travers beaucoup d’autres personnages de l’Écriture. Mais, quel que soit le nom qui lui est donné, il s’agit toujours du fils unique de Dieu et non de plusieurs.

(2) On peut aussi lire dans le Livre :

Mais ils sont devenus durs d’entendement. Car, jusqu’à ce jour, le même voile demeure quand ils font la lecture de l’Ancien Testament ; et il ne se lève pas, parce que c’est en Christ qu’il disparaît.

Puisque le voile disparaît en Christ (ce qui signifie au jour où il se manifeste sur la Terre) cela ne s’entend qu’aujourd’hui, parce que je déchire le voile de haut en bas du Livre. Jusqu’à présent vous ne saviez pas que les Écritures étaient voilées, et que c’est avec la venue du Fils (pour qui elles sont écrites) que ce voile disparaît. Si donc le Fils était venu il y a deux mille ans, il va de soi que vous sauriez ce qu’est sa crucifixion, la résurrection des morts à laquelle il est le premier de tous à prendre part, ainsi que le jugement dernier qu’il opère, les élus, le royaume et toutes choses. Faites donc preuve d’humilité, et soyez avides de savoir ce qu’il en est vraiment sur le Fils unique, car lui seul peut déchirer le voile du temple, ce fameux voile recouvrant les Écritures.
Les Écritures

(3) Le nouveau testament était indispensable pour passer de Moïse à Emmanuel, qui sont les deux êtres appelés sur la montagne de l’Éternel. Étant les interprètes de Dieu, ils sont bien au-dessus des prophètes. Ils parlent un langage commun, et sont en mesure de changer le monde. Un prophète ne peut pas changer le monde ; mais les deux témoins de Dieu, eux, le peuvent et le font. C’est pourquoi, sans Moïse, les hommes seraient déjà tous morts ; et sans moi qui viens éclairer le monde, nul ne pourrait vivre dans le siècle qui arrive. Mais je ne serai pas toujours là pour vous parler des Écritures, aussi prêtez l’oreille sur ce que j’en dis.

(4) L’ancien testament, qui est en soi toute la prophétie et le corps du Christ, a été réalisé par Moïse en Horeb ; et le nouveau testament, qui servit d’abord à faire sortir les imposteurs et les traîtres, puis à faire lever le Fils derrière eux, a été réalisé par Jean à Patmos comme ce fut dit. Je sais que vous vous demandez alors s’ils se sont fait aider. Je réponds que nul ne pouvait être dans le sein de Moïse et dans le sein de Jean pour voir ce qui s’y trouvait, et que s’ils se sont fait aider ce ne put être pour la prophétie en soi. Cela est donc sans importance.

(5) Écoutez avec attention : lorsque Pierre vit sur la montagne Moïse, Élie et Jésus s’entretenant, et auxquels il voulait faire trois tentes, que pensez-vous qu’il vit ? Parce que je suis Pierre, je dis qu’il vit les trois personnes indispensables au monde qui conversaient ensemble par l’intermédiaire des écrits. Jésus, personnage de cet Élie qui devait venir, est celui qui écrit la vérité avec son propre doigt. Et vous en avez le témoignage dans le passage de la femme adultère que l’on amène devant Jésus pour connaître son jugement. Il est écrit :

Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes : toi donc, que dis-tu ? Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus, s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient à l’interroger, il se releva et leur dit : Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. Et s’étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre.

(6) Si vous aviez prêté attention à ce qui est montré, vous auriez remarqué que Jésus écrit un livre sur cette terre (et non dans le ciel) avec son propre doigt. La Terre, qui lui est remise, étant aussi le sujet sur lequel il se penche et écrit. Quant à la femme adultère que Jésus pardonne, elle s’est révélée effectivement pendant que j’écrivais. Il s’agit là d’un accomplissement manifeste de l’Écriture touchant à ma vie. Pour comprendre cet accomplissement, sachez que seuls ceux qui m’entourent savent réellement qui je suis et ce que j’écris. Il s’agit de Joan et de son épouse, ainsi que de la femme de la ville que Dieu fit venir à moi lorsque j’étais épuisé. Cette dernière est la samaritaine dans l’Écriture, qui est désormais avec son cinquième mari, et celle qui versa son parfum sur moi pour ma sépulture.

(7) Joan est le nom spirituel de cet aveugle de naissance auquel j’ai ouvert les yeux le premier. Il est mon ami, mon confident ; celui qui s’assoit à ma table et met volontiers avec moi la main dans le plat. Son épouse, d’une grande moralité, est exemplaire dans sa conduite. Cependant, elle commit un adultère ; et nous en fûmes fort surpris et ébranlés. Elle-même était très éprouvée, car elle ne comprenait pas cette sorte de folie passagère dont elle venait d’être l’objet. Je lui dis, ainsi qu’à son mari, que cela ne venait point d’elle, parce qu’il s’agissait d’un accomplissement fort important de l’Écriture n’ayant pu être évité. Je leur montrais que tout ce qui est écrit s’accomplit inexorablement et indépendamment de notre volonté pour nous servir de témoignage.

(8) Que tous ces accomplissements vous fassent saisir que personne au monde ne peut être le Christ si ce n’est lui-même, car nul autre que lui et ceux qui l’entourent ne pourraient ensemble accomplir ce qui est écrit. Vous avez donc la certitude que Jésus écrit avec son doigt sur la terre, ainsi que l’Écriture le mentionne, et que ce qu’il écrit est ce livre assurément. En effet, puisque lui seul connaît la vérité, pourquoi donc ne l’écrirait-il pas ? Le livre qu’il écrit est sous vos yeux. Il s’agit également du livre de vie de l’Agneau ou encore du petit livre de cet ange qui arrive avec force (dans l’apocalypse de Jean), en mettant un pied sur la mer et l’autre sur la terre, pour montrer au monde entier combien est grand son personnage, mais aussi pour prévenir qu’il n’y a plus de temps pour ce monde.
La mère de Jean et la mère du Christ

(9) Soyez fort attentifs à ce qui suit, car je vais lever le voile sur une grande partie de l’Écriture. Ayant conçu le nouveau testament, Jean est forcément né de l’ancienne Alliance de Dieu avec les hommes. Élisabeth, mère de Jean, est le nom de cette première alliance et non une femme ! Jésus, qui est Emmanuel aujourd’hui dans le monde, lui, est forcément né de la nouvelle Alliance de Dieu avec les hommes, puisqu’il s’y trouve à l’origine. Sa mère, Marie (qui signifie celle qui est mariée à Dieu), est le nom de cette nouvelle et dernière Alliance.

(10) Je le dis autrement : Jean est né du monde esclave, qui fut esclave à cause de l’ignorance de la vérité et des ténèbres qui couvraient le monde. En effet, l’arche de l’ancienne alliance (l’ancien testament) ne permit point aux hommes de naître de l’esprit mais seulement de la chair. Jésus, lui, est né du monde délivré de l’ignorance et des puissances de Satan. Car la vérité affranchit et libère l’homme. Elle fait naître une deuxième fois ceux qui sont nés de la chair, et qui l’épousent. C’est pourquoi il est écrit que le Fils est celui qui ressuscite le premier d’entre les morts. Convenez donc que ce terme de premier ressuscité, ou de premier-né d’entre les morts, signifie incontestablement qu’il y en a d’autres qui naissent à sa suite. Et c’est à cela que vous assistez avec moi, à votre propre résurrection.

(11) Un prophète est un homme qui naît d’abord d’une femme comme tout homme. Et lorsqu’il est en âge de comprendre, il naît à nouveau de l’esprit cette fois, car ses yeux s’ouvrent sur ce que quiconque n’a encore jamais vu. Et c’est à cet instant seulement qu’il sait qu’il est prophète et envoyé d’en haut. Il naît ainsi de l’esprit et non plus d’une femme, parce que d’une femme il est déjà né. C’est pourquoi je dis : je suis né à quarante-deux ans. Vous-mêmes, qui êtes mort sans la connaissance, je vous ressusciterai par mon baptême, et vous donnerai une vie nouvelle en vous conduisant dans toute la vérité. Serez-vous alors nés une deuxième fois d’une femme ?

(12) M’entendez-vous, vous qui voyez une femme en Marie, et une femme qui serait forcément l’égale de Dieu pour avoir ensemble un fils ? La femme est l’égale de l’homme et non de Dieu ! C’est pourquoi on ne peut naître que de Sion la deuxième fois, Sion étant le nom spirituel donné à la montagne de l’Éternel sur laquelle on s’élève progressivement jusqu’à son sommet depuis lequel rien ne peut rester caché dans aucun domaine. En me suivant jusqu’à la fin du livre, vous ferez cette ascension et toute chose sera différente à vos yeux ; car les astres, le monde et son devenir vous apparaîtront autres que ce que vous les voyez. Vous serez alors les premiers-nés.

(13) Dans l’ancienne Alliance (dans l’ancien testament), c’est la montagne de Sion qui était appelée la stérile, parce que d’elle, aucun d’entre vos pères et d’entre vous n’a pu naître de l’esprit. Mais voici que Dieu a eu pitié d’elle, et après l’avoir fécondée avec le Saint-Esprit, elle vient maintenant de donner naissance à un fils, au Fils de l’homme, dont le nom est Emmanuel. C’est elle la mère de Jésus, car un prophète ne peut naître d’une femme. Jésus explique ces naissances de l’esprit, pourtant vous ne compreniez pas. Et ceux qui le comprenaient, si tant est qu’il en existe, ne l’appliquaient pas à la naissance de Jésus...

(14) Écoutez-moi encore un peu au sujet de la mère du Christ, qui est aussi celle qui, derrière moi, va vous enfanter ; parce qu’Ésaïe témoigne ainsi de ce que je viens d’expliquer :

Avant d’éprouver les douleurs,
Elle a enfanté ;
Avant que les souffrances lui vinssent,
Elle a donné naissance à un fils.

Qui a jamais entendu pareille chose ?
Qui a jamais rien vu de semblable ?
Un pays peut-il naître en un jour ?
Une nation est-elle enfantée d’un seul coup ?
A peine en travail, Sion a enfanté ses fils !

Cette fois, vous cesserez de dire que la montagne de Sion a accouché d’une souris... Car vous voyez enfin qu’elle est la mère du Fils et de tous les élus. Ésaïe dit qu’il faut beaucoup de temps avant que Sion puisse enfanter, mais que le jour où elle donne naissance au fils annoncé, elle met aussi tous ses enfants au monde. Abstenez-vous alors de voir une femme en Marie. Et cessez de la prier, car on ne prie pas Marie ! On prie Dieu seulement.

(15) En ayant cru ce que la secte romaine vous disait sur Marie, la mère de Jésus, comment allez-vous pouvoir naître de nouveau ? Par ailleurs, comprenez-vous pourquoi Dieu demanda aux hommes de ne point se faire de représentations quelconques des choses du ciel et de la terre, et pourquoi il leur défendit de dresser des statues qui lui sont en aversion ? Ceux qui transgressèrent cet ordre, combien seront-ils aujourd’hui à en mourir si Emmanuel ne parvient à se faire reconnaître à leurs yeux ? Ils adorent une femme qu’ils appellent Marie. Ils la prient, elle, qu’ils croient l’égale de Dieu. Et ils s’en firent une statue devant laquelle ils s’agenouillent en la priant. Puis ils se lèvent, se retournent et s’en vont, en pensant : je ne risque plus rien, je suis blanchi... Et moi je brise cette statue sur leur crâne ! Car c’est aussi ce qu’ils enseignent et font croire à leurs petits enfants.

(16) Il me plairait d’anéantir vos croyances insensées afin que vous ne périssiez point à cause d’elles. Mais briser les convictions de quelqu’un, fondées sur des traditions ancestrales, est pire que de lui briser un vase d’argile sur la tête ! C’est pourquoi je crains beaucoup pour vous ; car je sais, moi, qui je suis et qui est ma mère et mon père, et pourquoi je suis venu. Croyez-vous que je pourrais me mettre en charge du monde si je ne savais point qui je suis et si je n’y étais obligé ? Je ne le ferais pas, car je vais où je ne voudrais point aller, et où j’ai déjà par trois fois refusé d’aller. Mais j’y vais quand même, parce que j’ai en moi le pouvoir de la résurrection et celui de sauver les élus de Dieu. Quel homme serais-je donc si je faisais silence ? Quel jugement porteriez-vous sur moi si vous saviez que j’existe et que je n’éclaire point le monde qui est sur le point de disparaître ?
L’âge et la tunique du Christ

(17) Toute l’Écriture témoigne de moi, et aussi de mon âge si vous savez lire ce passage dans lequel les juifs demandent à Jésus de leur montrer un miracle, et auxquels il répond au sujet du temple :

Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai. Les Juifs dirent : Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, en trois jours tu le relèveras ! Mais il parlait du temple de son corps. C’est pourquoi, lorsqu’il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il avait dit cela, et ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

Il fallut effectivement quarante-six ans pour bâtir mon corps, jusqu’à ce que je saisisse l’Écriture, car c’est à partir de cet âge-là que je la saisis entièrement.

(18) Sachez aussi que, conformément à ce qui est écrit par ailleurs, j’ai mis quatre jours pour m’apercevoir que la résurrection de Lazare était l’image de mon propre réveil. En effet, c’est au quatrième jour de ma lecture que je sentais qu’il s’adressait à moi. Puis mes yeux se sont ouverts. J’explique ces choses en espérant que vous puissiez encore entendre que Jésus est le guide du Fils de l’homme qu’il cerne de toute part. Il l’oriente, le dirige et lui fait accomplir ce qui doit l’être. C’est pourquoi je ne peux m’en détourner, comme un ânon ne peut se détourner de celui qui est assis sur lui.

(19) Il y a aussi les choses célestes qu’il me faut expliquer et ce sera fait. Mais, pour cela aussi, j’avais besoin des prophètes pour m’apercevoir que celui qui démontrait l’univers et qui lisait couramment leurs écrits ne pouvait être que le Fils de l’homme, ayant Jésus pour figure et tout l’ancien testament pour corps et esprit. A la suite de quoi, je saisis ce qu’étaient mes vêtements, ainsi que ma tunique avec laquelle je devais entrer dans le monde.

(20) Au reste, compreniez-vous ce qu’est la tunique de Jésus ? Il est écrit :

Sa tunique était de toutes les couleurs ; elle était sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas.

L’explication de ceci est donnée par la lecture du Livre. Car, lorsque je lisais l’ancien testament, je suivais le fil de ce qui était raconté, en m’apercevant que le serviteur de l’Éternel était représenté depuis le haut jusqu’en bas. C’est pourquoi, il est écrit que sa tunique est sans couture (sans interruption), d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas, car c’est sa généalogie.
Le chandelier

(21) A ceux qui veulent en savoir davantage sur la prophétie, que je ne puis expliquer en détail dans ce livre, je leur demande de ne point chercher le corps du Christ dans le nouveau testament, car il n’y est pas. Non, le corps du Christ se trouve dans l’ancien testament qui est toute la prophétie et dans le monde aujourd’hui. L’Agneau, qui est Jésus dans l’Écriture et moi dans le monde, est éclairé par sept personnages, qui sont pour lui comme sept yeux. Ces sept éclairages sont les sept lampes du chandelier que Moïse lui a préparé pour l’éclairer. Il s’agit d’Adam, de Noé, d’Aaron, d’Israël, de Joseph, de David, de Salomon.

(22) Avec ce qui est écrit sur eux et leur vie, ces sept personnages expliquent en eux-mêmes la personne et la mission du Fils. C’est pourquoi avec le baptême que je dispense sur vous, vous pourrez me voir tel que je suis. Voici cependant l’essentiel de ce qu’il faut savoir :

• ADAM est celui que Dieu appelle sur le soir (le soir du monde), qui est nu (ignorant) et n’en a point honte. Mais Dieu le vêt. Adam est la première lampe du chandelier.

• NOÉ est celui qui construit l’arche du salut, qui est ce livre allant vous chercher dans la mer humaine pour vous mettre à l’abri sur les hauteurs pendant que le déluge de feu et d’eau changera la face de la Terre. NOÉ est la deuxième lampe du chandelier.

• AARON est le second envoyé qui porte les vêtements sacrés que lui fit son frère Moïse pour le couvrir de dignité. Ces vêtements, qui ne sont point de tissu, sont les miens et ceux de Dieu. Aaron est la troisième lampe du chandelier.

• ISRAËL est Jacob qui lutte dans les ténèbres contre lui-même, contre les hommes et avec Dieu, et qui en sort différent. Israël est la quatrième lampe du chandelier.

• JOSEPH est le rédempteur ; car, bien que vendu par ses frères pour quelques pièces d’argent, il les rachète avec son blé : entendez avec la connaissance qu’il amassât au temps de l’abondance. Joseph est la cinquième lampe du chandelier.

• DAVID est le chef des armées de l’Éternel, celui qui se lève pour combattre les hypocrites (les philistins) et le géant militaire qui dominent et perdent le monde. David est la sixième lampe du chandelier.

• SALOMON est l’homme de Dieu auquel l’Éternel donna de la sagesse, une très grande intelligence, et des connaissances illimitées. Il est celui qui commence à bâtir le temple que personne ne pourra plus détruire, car il n’est point fait de main d’homme. Salomon est la septième lampe du chandelier.

Voilà ce qu’est le corps du Fils que vous cherchiez où il n’était pas, et que vous ne voyiez pas. Il ne s’agit point de sept hommes, mais des sept lampes du chandelier que Moïse a préparé pour m’éclairer. Ces lampes sont sept étoiles que je tiens dans ma main, et qui l’éclairent pour écrire la vérité.
La pâque de l’Éternel

(23) Quiconque mangera mon livre, mangera l’Agneau. Il aura alors accompli la pâque de l’Éternel, car je suis votre pâque. Et dans les jours prochains, où vous la mangerez, vous serez ceints de force et prêts à partir sur les hauteurs de vos pays et là où je vous le conseillerai. Sur cela, j’ai quelque chose à vous montrer ; car il est certain que vous ne pouvez point lire Moïse, qui que vous soyez. Cependant vous pouvez tous saisir le passage dans lequel il institue la pâque. Il explique comment et quand on mange l’agneau, puis il conclut ainsi :

Quand vous le mangerez (l’agneau), vous aurez vos reins ceints, vos souliers aux pieds, et votre bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte. C’est la Pâque de l’Éternel.

(24) Comme on vient de le dire, la pâque de l’Éternel, consiste à manger l’Agneau pour effectuer le passage du monde de ténèbres dans le monde de lumière, de ce monde-ci dans le royaume de Dieu. Moïse montre que vous serez prêts et debout le jour où l’agneau s’offrira en sacrifice pour faire connaître la vérité au monde. Or, n’êtes-vous point en train d’accomplir avec moi cette prédiction ? Ne mangez-vous point à la hâte la nourriture de l’esprit contenue dans ce livre ? Si à vos yeux je ne suis pas l’Agneau immolé, pourquoi avez-vous de l’amertume dans vos entrailles et de la joie dans vos cœurs ? Ne vous mettez point en alarme cependant, je ne viens point vous tourmenter ni vous perdre, mais vous sauver. Prenez le temps de lire, car le Seigneur vous accorde une année entière pour le faire, qui sera suivie d’une année de grâce pour vous préparer.

(25) Après que le temple de mon corps fut formé, ainsi que l’Écriture l’explique, je me mis à la recherche de la vérité pour comprendre enfin qu’elle était la véritable raison de l’existence. Voyant alors mon obstination et ma persévérance, ainsi que les difficultés auxquelles je me heurtais constamment, Dieu eut pitié de moi et m’appela auprès de lui sur le sommet de sa montagne où il m’instruisit de toute sa science. Dieu me montra toutes ses œuvres. De la sorte, Il me vêtit, car j’étais nu. Il m’expliqua toutes choses célestes et terrestres. Il me parla face à face longuement, patiemment, pour me faire connaître la loi de son royaume dont Il venait de m’investir. Et me voici au milieu de vous, tenant ce petit livre à la main, pour vous montrer qu’il n’y a plus de temps pour ce monde.

(26) Si vous ne me croyez pas ici, vous me croirez ensuite, car je vous mettrai dans l’impossibilité de ne pas comprendre. Pour l’instant, veillez à ne plus prendre les Écritures pour des fables ou des histoires anciennes, parce qu’elles décrivent dans l’exactitude ce qu’est le premier monde jusqu’à sa fin. C’est pour toutes ces raisons que tout est figuré, et que vous ne devez plus prendre ce qui est figuré pour des accomplissements passés. Abstenez-vous en, car avec moi, vous mangez la pâque de l’Éternel en ce moment, qui est son grand festin mentionné dans l’apocalypse.

(27) A l’aide du chandelier, tâchez de vous asseoir dans le présent des Écritures, sinon vous ne me reconnaîtriez pas et péririez par ce qui arrive. N’attendez pas cependant que je me manifeste sur les places publiques, ni que je répare ce qui est brisé, parce que vous vous tromperiez sur moi. Contrairement aux hypocrites qui se donnent en spectacle à la tête des nations, le serviteur de l’Éternel ne fait point connaître son visage au monde, car ce n’est point lui qui importe mais ce que Dieu lui commande de dire. Cela a déjà été expliqué par Ésaïe de cette manière :

Voici mon serviteur que j’ai choisi,
Mon bien-aimé en qui mon âme a pris plaisir.
Je mettrai mon esprit sur lui,
Et il annoncera la justice aux nations.
Il ne contestera point, il ne criera point,
Et personne n’entendra sa voix dans les rues.
Il ne brisera point le roseau cassé,
Et il n’éteindra point le lumignon qui fume,
Jusqu’à ce qu’il ait fait triompher la justice.
Et que les nations espèrent en sa loi.

(28) Par ailleurs, il est indéniable qu’en présentant Jésus, Jean présente à la fois Juda et le Schilo, sur lesquels Jacob prophétise ainsi :

Juda, tu recevras les hommages de tes frères ;
Ta main sera sur la nuque de tes ennemis.
Les fils de ton père se prosterneront devant toi.
Juda est un jeune lion.
Tu reviens du carnage, mon fils !
Il ploie les genoux, il se couche comme un lion,
Comme une lionne : qui le fera lever ?
Le sceptre ne s’éloignera point de Juda,
Ni le bâton souverain d’entre ses pieds,
Jusqu’à ce que vienne le Schilo,
et que les peuples lui obéissent.

(29) L’explication de ceci est donnée dans le personnage de Juda (Jésus) qui précède et annonce le Schilo (le Fils de l’homme) qui se manifeste à la fin des siècles pour sauver les fils de lumière. Le Schilo est comme Melchisédek, roi de Salem, signifiant : celui qui existe de toute éternité, et auquel les rescapés lui seront éternellement redevables de leur existence.

(30) Je vous le dis, longtemps j’ai désiré me mettre à table avec les douze fils de Jacob pour manger la pâque avec eux, car je savais qu’ils étaient fort instructifs pour moi. Et c’est ce que j’ai fait. Puis je vis que lorsque Jésus se met à table avec les douze, c’est en vérité avec les douze fils de Jacob qu’il le fait pour converser spirituellement avec eux. C’est pourquoi il est écrit que Jésus est l’esprit des Écritures. Cet esprit qui est assis sur moi et auquel vous devrez votre salut.