Les 7 jours est un film israélien sorti récemment, réalisé par Ronit et Shlomi Elkabetz.
Ronit Elkabetz est une des plus grandes actrices israéliennes du moment, que l'on a pu notamment voir dans Le Voyage de la fanfare ou encore dans Prendre femme qui est en réalité le premier épisode d'une trilogie annoncée autour du personnage de Viviane, incarné ici encore par Ronit Elkabetz.
Le sujet est simple: en 91, pendant la guerre du Golfe, au sein d'une fratrie de 2 soeurs et 6 frères, Maurice, un des frères décède prématurément. Toute la famille fait Shiva, c'est-à-dire qu'elle respecte les règles de deuil imposées par la tradition juive pendant les 7 jours suivant l'enterrement du défunt. Il faut manger par terre, recevoir les invités, ne pas manger de viande, etc, etc.... C'est un moment particulier pendant lequel on est concentré uniquement sur le deuil (certains disent: pour permettre d'avancer ensuite et de retrouver une vie...)
Toute la famille vit, mange et dort ensemble pendant 7 jours, dans la maison du frère et de son épouse. Evidemment, la famille inclut les beaux-frères et belles-soeurs, quelques enfants, les amis intimes de la famille, etc... Comme on peut se l'imaginer, ce long huis-clos génère des tensions, de vieilles rancoeurs resurgissent, bref des sentiments humains captés avec beaucoup de talent par les réalisateurs, grandement aidés par le jeu d'acteurs magnifique pour certains.
Ronit Elkabetz est une des plus grandes actrices israéliennes du moment, que l'on a pu notamment voir dans Le Voyage de la fanfare ou encore dans Prendre femme qui est en réalité le premier épisode d'une trilogie annoncée autour du personnage de Viviane, incarné ici encore par Ronit Elkabetz.
Le sujet est simple: en 91, pendant la guerre du Golfe, au sein d'une fratrie de 2 soeurs et 6 frères, Maurice, un des frères décède prématurément. Toute la famille fait Shiva, c'est-à-dire qu'elle respecte les règles de deuil imposées par la tradition juive pendant les 7 jours suivant l'enterrement du défunt. Il faut manger par terre, recevoir les invités, ne pas manger de viande, etc, etc.... C'est un moment particulier pendant lequel on est concentré uniquement sur le deuil (certains disent: pour permettre d'avancer ensuite et de retrouver une vie...)
Toute la famille vit, mange et dort ensemble pendant 7 jours, dans la maison du frère et de son épouse. Evidemment, la famille inclut les beaux-frères et belles-soeurs, quelques enfants, les amis intimes de la famille, etc... Comme on peut se l'imaginer, ce long huis-clos génère des tensions, de vieilles rancoeurs resurgissent, bref des sentiments humains captés avec beaucoup de talent par les réalisateurs, grandement aidés par le jeu d'acteurs magnifique pour certains.
Outre Ronit Alkabetz, on peut notamment citer Simon Abkarian, acteur français que les fans de Cédric Klapisch connaissent bien (Chacun cherche son chat, Ni pour ni contre (bien au contraire)) et que les amateurs d'espionnage ont pu apercevoir dans Casino Royale, le premier James Bond avec Daniel Craig. Mais également la belle Yaël Abecassis, mère courage dans Va, Vis et Deviens, ou plus récemment dans Survivre avec les loups de Véra Belmont.
Très joli film donc, où on se rend bien compte que les relations entre frères et soeurs ne sont jamais simples, surtout quand les problèmes d'argent, de divorce ou de reconnaissance refont surface avec une acuité explosive.
Mais ce qui m'a beaucoup marqué dans ce film, ce sont les langues. La famille concernée, la famille Ohayon (prononcer O-Kh-A-Yone pour respecter l'hébreu) est une famille traditionnaliste qui a encore en commun certains aspects de la communauté marocaine en Israël: ils respectent les règles religieuses de deuil sans trop discuter même si par ailleurs on n'est pas spécialement pratiquant, ils tiennent à l'importance de la cellule familiale et surtout ils parlent en 3 langues.
L'hébreu, bien sûr, l'arabe qui sert essentiellement à certaines expressions d'exclamation (LaIster), mais aussi le français, langue parlée dans le film par toute la famille de façon complètement spontanée. Certains personnages parlent en français, se voient répondre en hébreu, puis en français, repassent à l'hébreu avec une petite touche d'arabe, c'est assez troublant, surtout pour un français qui ne s'imagine pas dans l'imaginaire collectif qu'Israël est un pays où de nombreux habitants qui n'ont jamais habité en France ont le français pour langue maternelle et continuent à le parler en famille.
Un petit exemple de scène où les langues se mélangent:
Très joli film donc, où on se rend bien compte que les relations entre frères et soeurs ne sont jamais simples, surtout quand les problèmes d'argent, de divorce ou de reconnaissance refont surface avec une acuité explosive.
Mais ce qui m'a beaucoup marqué dans ce film, ce sont les langues. La famille concernée, la famille Ohayon (prononcer O-Kh-A-Yone pour respecter l'hébreu) est une famille traditionnaliste qui a encore en commun certains aspects de la communauté marocaine en Israël: ils respectent les règles religieuses de deuil sans trop discuter même si par ailleurs on n'est pas spécialement pratiquant, ils tiennent à l'importance de la cellule familiale et surtout ils parlent en 3 langues.
L'hébreu, bien sûr, l'arabe qui sert essentiellement à certaines expressions d'exclamation (LaIster), mais aussi le français, langue parlée dans le film par toute la famille de façon complètement spontanée. Certains personnages parlent en français, se voient répondre en hébreu, puis en français, repassent à l'hébreu avec une petite touche d'arabe, c'est assez troublant, surtout pour un français qui ne s'imagine pas dans l'imaginaire collectif qu'Israël est un pays où de nombreux habitants qui n'ont jamais habité en France ont le français pour langue maternelle et continuent à le parler en famille.
Un petit exemple de scène où les langues se mélangent:
Plus d'infos sur ce film
Dans un autre film, tout à fait différent de Shiva - Les 7 jours, l'usage d'une langue étrangère par un israélien a produit chez moi un choc audiovisuel très intéressant. Ce film, c'est Tu marcheras sur l'eau d'Eytan Fox.
C'est l'histoire d'un agent du Mossad qui se fait affecter sur une mission un peu spéciale par son supérieur, rescapé de la Shoah et ami de sa famille par ailleurs: il s'agit de retrouver un ancien nazi désormais nonagénaire. L'agent rechigne: même si sa famille a été également durement touchée, il ne voit plus l'intérêt d'y porter de l'attention et préfère largement se consacrer à la lutte contre le terrorisme arabe. Son chef l'y oblige pourtant, d'autant qu'il a un atout unique: il parle allemand couramment puisque c'est sa langue maternelle.
Il va donc entrer en contact avec les petits-enfants présumés du nazi, venus en visite en Israël et écouter toutes leurs conversations en allemand.
Durant tout le film, on sait qu'il parle allemand, qu'il le comprend puisqu'il écoute des conversations en allemand, mais on ne l'entend jamais parler.
Dans un autre film, tout à fait différent de Shiva - Les 7 jours, l'usage d'une langue étrangère par un israélien a produit chez moi un choc audiovisuel très intéressant. Ce film, c'est Tu marcheras sur l'eau d'Eytan Fox.
C'est l'histoire d'un agent du Mossad qui se fait affecter sur une mission un peu spéciale par son supérieur, rescapé de la Shoah et ami de sa famille par ailleurs: il s'agit de retrouver un ancien nazi désormais nonagénaire. L'agent rechigne: même si sa famille a été également durement touchée, il ne voit plus l'intérêt d'y porter de l'attention et préfère largement se consacrer à la lutte contre le terrorisme arabe. Son chef l'y oblige pourtant, d'autant qu'il a un atout unique: il parle allemand couramment puisque c'est sa langue maternelle.
Il va donc entrer en contact avec les petits-enfants présumés du nazi, venus en visite en Israël et écouter toutes leurs conversations en allemand.
Durant tout le film, on sait qu'il parle allemand, qu'il le comprend puisqu'il écoute des conversations en allemand, mais on ne l'entend jamais parler.
Et puis vers la fin du film, tous les protagonistes se retrouvent en Allemagne et se baladent dans le métro lorsqu'une bande de skinheads les attaquent. Fidèle à ce qu'on imagine d'un agent du Mossad, celui-ci les neutralise en trois coups de cuillère à Krav-Maga. Mais ce qui claque littéralement à ce moment du film c'est que la langue allemande remonte des tréfonds de son histoire et lui fait sortir un grand "Raus" plus une tirade en allemand.
Et ce n'est qu'à cet instant du film qu'on réalise que tous les parents et grands-parents de cet homme parlaient allemands, qu'ils étaient sûrement férus de culture allemande et que la langue était un des éléments les plus constitutifs de leur vie. Et que même pour cet agent, le fait d'avoir l'allemand pour langue maternelle est complètement partie prenante de son identité.
La renaissance de l'hébreu en Israël est certainement un des plus fabuleux exploits de la Nation juive au XXème siècle. Mais il ne faut pas oublier qu'il s'est parfois construit sur une négation des langues d'origine: Ben-Gourion a notamment mené une lutte sans merci contre le Yiddish qu'il considérait comme la langue de l'Exil.
C'est pourtant cette diversité de langues et donc de structures de pensée qui a en partie produit la richesse du peuple juif. Cette richesse linguistique se perpétue en Israël, il faut juste quelques films de temps en temps pour nous le rappeler...
PS: en même temps que je rédigeais ce billet, j'ai notamment appris qu'Israël était une plateforme internationale pour le doublage des films du fait du grand nombre de langues parlées dans ce pays technologiquement avancé. Qui l'eût cru ?
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