tag:blogger.com,1999:blog-19856065373090071122024-02-07T05:20:18.875+01:00Le Monde JuifFrisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.comBlogger87125tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-29094130147920231212020-11-05T15:13:00.008+01:002020-11-05T15:13:46.091+01:00Le potentiel d'Abraham et l'erreur d'Isaac<p><b>Le potentiel
d’Avraham et l’erreur d’Isaac</b></p>
<p class="MsoNormal">L’épisode de la ligature d’Isaac (Akedat Itzhak en hébreu) est évidemment un des
morceaux de bravoure de la Paracha Vayéra, lue cette semaine <br />(en théorie si les synagogues étaient ouvertes).<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Abondamment commenté depuis les sages de la tradition
jusqu’aux philosophes modernes (<b>Kierkegaard</b>, <b>Derrida</b>,…), cet événement radical
ne cesse d’interroger les lecteurs de la Bible. Preuve de la nécessité d’une
obéissance absolue au Dieu tout puissant pour certains, cet événement peut
aussi se lire comme un éloge de la nuance : la véritable épreuve serait
pour Abraham de ne pas se laisser porter par des pulsions radicales et de
rester capable d’écouter le mince filet de voix qui le pousserait certes à
faire monter son fils sur le Mont Moriah mais également à l’en faire
redescendre aussitôt (cf. <b>Rachi</b>). <a href="https://people.ey.com/personal/jeremie_haddad_fr_ey_com/Documents/Documents/Perso/Etude/Sforno%20-%20Vay%C3%A9ra.docx#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a><o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Le <b>Sforno</b>, commentateur Italien de l'époque de la Renaissance, tente une approche originale. Si l’on suit le
commentaire développé lors de cet épisode<a href="https://people.ey.com/personal/jeremie_haddad_fr_ey_com/Documents/Documents/Perso/Etude/Sforno%20-%20Vay%C3%A9ra.docx#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
il s’agit de savoir si Abraham est capable de développer son potentiel et de le
rendre effectif. De la même façon que Dieu a été capable de rendre effectif la
bonté qu’il a déversé sur le monde, Abraham doit démontrer qu’il a été créé
« à l’image de Dieu » et donc en mesure d’aimer Dieu et de craindre
Dieu, non pas seulement à travers de belles déclarations, mais à travers un
acte et une épreuve, quel que soit son contenu exact.</p><p class="MsoNormal"><br /><o:p></o:p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidYNTg-7VXcWPaiXkTM9JvUK6gR_7cy66kS899E55HGnqywvJ5PTtZZ7PcgUF_ru7g6eB5oU2Eqp_W0T06LVPs0awFiHHhOSdEAtIPnTL7kehIrS0S6UWZnEv9_il6q9If83sbzaiDiCqN/s2048/Sforno.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1457" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidYNTg-7VXcWPaiXkTM9JvUK6gR_7cy66kS899E55HGnqywvJ5PTtZZ7PcgUF_ru7g6eB5oU2Eqp_W0T06LVPs0awFiHHhOSdEAtIPnTL7kehIrS0S6UWZnEv9_il6q9If83sbzaiDiCqN/s320/Sforno.jpg" /></a></div><p></p>
<p class="MsoNormal">Ce commentaire du <b>Sforno</b> vient implicitement nous dire une
chose : l’homme est à l’image de Dieu, ce qui signifie en creux qu’il
n’est pas à l’image des anges, qui eux, ne connaissent pas cette notion de
« potentiel à développer ». Ce sont des créatures célestes certes,
très élevés spirituellement, mais qui connaissent une stabilité permanente. Ils
ne peuvent ni chuter, ni s’élever. L’homme lui, dispose de ce trésor, de cette
bénédiction qui l’autorise à fluctuer, mais qui surtout lui demande un travail
permanent.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal"><b>Sforno</b> persiste dans cette idée, lorsque justement, un ange
descend pour arrêter Abraham en train de sacrifier son fils. La phrase de la
Thora est la suivante : <o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Mais un envoyé
du Seigneur l'appela du haut du ciel, en disant: "Abraham! .
Abraham!" II répondit: "Me voici." II reprit:
"Ne porte pas la main sur ce jeune homme, ne lui fais aucun mal! Car,
désormais, j'ai constaté que tu honores Dieu, toi qui ne m'as pas refusé ton
fils, ton fils unique!" <a href="https://people.ey.com/personal/jeremie_haddad_fr_ey_com/Documents/Documents/Perso/Etude/Sforno%20-%20Vay%C3%A9ra.docx#_ftn3" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[3]</span></b></span><!--[endif]--></span></span></a><o:p></o:p></i></p>
<p class="MsoNormal">Il y a un problème de syntaxe dans cette phrase. Et la
question saute aux yeux : qui parle ? Est-ce l’ange ? Mais alors
pourquoi la phrase glisse-t-elle à la fin vers une sorte d’exclamation de Dieu
« Toi qui ne m’a pas refusé ton fils ! »<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Est-ce Dieu ? Mais alors, pourquoi dit-il « J’ai
constaté que tu honores Dieu » comme si Dieu se prenait pour Alain
Delon en parlant de lui-même à la 3<sup>ème</sup> personne ?<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Le <b>Sforno</b> apporte une réponse originale : c’est bien
l’ange qui parle du début à la fin. Lorsque celui-ci dit <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Désormais j’ai constaté (ou j’ai compris) que tu honores
Dieu »,</i> cela signifie en réalité : j’ai compris pourquoi Dieu
porte une telle attention aux hommes et les a d’une certaine façon placés
au-dessus de nous les anges. Il y a une grandeur divine dans cette capacité à
accomplir vos qualités en puissance.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Mais alors, comment lire « toi qui ne m’as pas refusé
ton fils » qi l’on admet que c’est l’ange qui s’exprime ?<br />
La réponse du <b>Sforno</b> est innovante. Il faut lire le mot
« Mimeni » (de moi) comme s’il se rattachait au fait qu’Abraham
honore Dieu et donc traduire la phrase ainsi : <i style="mso-bidi-font-style: normal;">« Car, désormais j’ai constaté que tu honores Dieu <b>plus que moi</b>,
vu que tu n’as pas refusé ton fils, ton fils unique ! »</i>. <o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">L’ange admet encore ici sa défaite : cette capacité à
sortir d’un déterminisme quel qu’il soit est une dimension de l’homme qui nous
sera, à nous les anges, à jamais inaccessible.<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Cette question du potentiel n’est pas anodine, car elle sera
à l’origine de problèmes ultérieurs. Un midrach<a href="https://people.ey.com/personal/jeremie_haddad_fr_ey_com/Documents/Documents/Perso/Etude/Sforno%20-%20Vay%C3%A9ra.docx#_ftn4" name="_ftnref4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
explique que les anges, voyant Abraham triompher de cette épreuve, ont pleuré.
Et que les larmes des anges sont tombées dans les yeux d’Isaac qui est devenu
aveugle (d’où son incapacité à reconnaître ses enfants par la suite).<o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Comment interpréter ce Midrach étrange ? Peut-être de
la façon suivante : logiquement, si Isaac devait retenir une leçon de tout
cela, c’est que le potentiel de l’homme est une valeur absolue qui autorise
toutes les tolérances puisqu’au bout du bout, l’homme aura toujours la capacité
de se surpasser et de transformer son potentiel en accomplissement existentiel.
Et que l’incroyable geste de son père réussissant à se transcender, à se
sublimer, va l’aveugler pour le reste de ses jours. <o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">C’est en effet précisément cette radicalisation de la notion
de potentiel qui va l’induire en erreur : son fils Esaü était probablement
celui qui disposait du plus fort potentiel. Et Isaac va le
« cajoler » jusqu’à la fin sans comprendre une chose fondamentale :
certains hommes ont un potentiel qu’ils n’activeront jamais. Et que l’essentiel
n’est pas dans la qualité du potentiel initiale, mais dans la capacité de
l’homme à effectuer les efforts nécessaires pour mettre à profit ce qui lui
sera offert à la naissance. <o:p></o:p></p>
<p class="MsoNormal">Ca sera le mérite de Rébecca de l’avoir saisi. </p><div style="mso-element: footnote-list;">
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<!--[endif]-->
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="https://people.ey.com/personal/jeremie_haddad_fr_ey_com/Documents/Documents/Perso/Etude/Sforno%20-%20Vay%C3%A9ra.docx#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Cette
dernière approche peut se lire dans <b>Rachi</b>, mais est également explicitement
développée par le <b>Rabbi de Kotzk</b> et reprise par <b>André Fraenkel</b> dans le livre
reprenant ses enseignements « L’écho de la Parole » aux éditions
Lichma. C’est la lecture la plus convaincante que je connaisse. Elle a été
soutenue également par le philosophe <b>Dan Arbib</b> dans un article de la revue
Studia Phaenomenologica Vol XII 2012 intitulé <i>« Donner la mort ?
Phénoménologie et sacrifice : Note sur une interprétation de
Derrida »</i> où il remettait en question la lecture plus
« classique » de <b>Derrida</b> sur ce passage biblique.<o:p></o:p></p>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="https://people.ey.com/personal/jeremie_haddad_fr_ey_com/Documents/Documents/Perso/Etude/Sforno%20-%20Vay%C3%A9ra.docx#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>
Commentaire du <b>Sforno</b> sur 22 :1<o:p></o:p></p>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="https://people.ey.com/personal/jeremie_haddad_fr_ey_com/Documents/Documents/Perso/Etude/Sforno%20-%20Vay%C3%A9ra.docx#_ftnref3" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Genèse
22 : 11-12<o:p></o:p></p>
</div>
<div id="ftn4" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><a href="https://people.ey.com/personal/jeremie_haddad_fr_ey_com/Documents/Documents/Perso/Etude/Sforno%20-%20Vay%C3%A9ra.docx#_ftnref4" name="_ftn4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Berechit
Rabba 56<o:p></o:p></p>
</div>
</div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-37303558339547886282019-09-29T02:26:00.001+02:002019-10-02T10:38:15.071+02:00Mauvais Juif de Piotr Smolar<br />
<div class="MsoNormal">
<b>Piotr Smolar </b>a été le correspondant en Israël du Monde lors
des 5 dernières années. Il vient de rentrer en France et a, pour l’occasion,
rédigé deux textes, l’un sous forme d’article, l’autre dans un livre
passionnant, intitulé Mauvais Juif. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvrCsqx4SkhNmzrDKI_mgAX96XE6zxgOkITf_7TpWZmxxyUAVw-xYTP8pGPg9vZd8t7XUs_S8U8OJ-wtB0ursGeq4VZgy2KdjyFjyKIJW-DOSSKCf0XPoKPADCZXH2Sy6KulDBx2-L-Nri/s1600/Mauvais+juif.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="609" data-original-width="932" height="209" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvrCsqx4SkhNmzrDKI_mgAX96XE6zxgOkITf_7TpWZmxxyUAVw-xYTP8pGPg9vZd8t7XUs_S8U8OJ-wtB0ursGeq4VZgy2KdjyFjyKIJW-DOSSKCf0XPoKPADCZXH2Sy6KulDBx2-L-Nri/s320/Mauvais+juif.jpg" width="320" /></a>Son article<a href="file:///C:/Users/JHaddad/Documents/Perso/Blo/Mauvais%20Juif%20de%20Piotr%20Smolar.docx#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>,
publié au sein d’une série écrite par 12 correspondants étrangers du Monde,
vise à décrire les spécificités auxquelles est confronté un journaliste
Français en Israël, aux répliques sismiques que provoquent ses articles, notamment
auprès des Juifs de France, mais aussi aux influences et aux pièges dans
lesquels un journaliste peut tomber (on comprend que le principal étant
l’intoxication potentielle de la propagande israélienne). L’article n’est pas
d’un intérêt majeur : il ne fait que confirmer une position très critique
envers Israël et une vision assez négative (populiste, voire raciste) de certains Juifs
francophones.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
Le livre, forcément, est plus intéressant car il approfondit
sa vision d’Israël sur ses cinq années passées à essayer de relater <i>« la
montée de l’intolérance et la polarisation du débat public »</i>. Mais il
est aussi l’objet d’une forme de « coming-out » : Piotr Smolar,
comme le chauffeur de Victor Pivert, est Juif, son grand-père est un héros d’un
épisode méconnu de la Shoah (la révolte du Ghetto de Minsk) qui a fini sa vie
en Israël. C’est l’intérêt de ce livre : il entremêle la
grande histoire, l’évolution du peuple juif, la situation personnelle de
l’auteur, son rapport à la judéité, les paradoxes qui entourent Israël et
encore beaucoup d’autres tableaux, souvent illustrés par des rencontres avec
des personnages haut en couleur (<b>Claude Lanzmann, Ephraïm Sneh, Asa Kasher,</b>
etc…).<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Il faut dire que Piotr Smolar joue sur du velours depuis la
sortie du livre : les critiques proviennent essentiellement de cette
extrême-droite francophone un peu hystérique dès qu’on touche à un cheveu
d’Israël : pourquoi lui répondre ? <a href="file:///C:/Users/JHaddad/Documents/Perso/Blo/Mauvais%20Juif%20de%20Piotr%20Smolar.docx#_ftn2" name="_ftnref2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>.
Et lorsqu’il passe en promotion sur Europe 1, France Inter, France 24 ou RFI,
il est évidemment accueilli à bras ouvert par des confrères qui s’extasient sur
un discours incarné sur la Shoah, une introspection biographique très émouvante
et une vision d’Israël somme toute très en ligne avec la couverture traditionnelle
d’Israël en France.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Je veux essayer dans ce billet d’en offrir une critique plus
nuancée, venant de quelqu’un, en bon disciple de <b>Yeshayahou Leibowitz</b>, qui ne
sous-estime pas la gravité de l’occupation israélienne et de ses conséquences
sur l’avenir de la société israélienne.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
D’abord, il faut reconnaître à Piotr Smolar une chose :
il se découvre et se livre. Ce n’est pas si habituel pour un correspondant du
Monde en Israël. Car rappelons tout de même que ce que dit son déménageur
lorsqu’il arrive en Israël (<i>« Vous le savez bien, les journalistes
français ici, ils écrivent tous d’une certaine façon. Contre Israël »</i>)
n’est pas complètement faux. Il suffit de se rappeler des précédents
correspondants du Monde en Israël, <b>Benjamin Barthe, Gilles Paris</b> ou <b>Laurent
Zecchini</b>. Benjamin Barthe est désormais correspondant au Liban après avoir
collaboré à un journal égyptien et à l’Humanité, tout en étant lié de façon
matrimoniale à une ancienne fonctionnaire du ministère palestinien des Affaires
étrangères. Gilles Paris, après avoir quitté son poste en Israël, a ouvert un
blog spécialisé (désormais fermé) intitulé Israël-Palestine Guerre ou Paix où,
dégagé de son devoir de réserve, il a pu écrire des articles dont la tendance
était extrêmement claire, si ses articles n’avaient pas suffi à orienter le
lecteur sur ses convictions<a href="file:///C:/Users/JHaddad/Documents/Perso/Blo/Mauvais%20Juif%20de%20Piotr%20Smolar.docx#_ftn3" name="_ftnref3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>. Et
tout cela, sans remonter à <b>Patrice Claude</b>, inénarrable correspondant du Monde
en Israël pendant les années 90, période à laquelle je commençais à lire Le
Monde et à m’étonner d’un ton si peu nuancé ou professionnel.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Il y a donc une forme de continuité dans Le Monde dans le
traitement d’Israël que je résumerais ainsi : une puissante critique
de l’occupation, associée à une minimisation des erreurs palestiniennes et à
une simplification de la complexité inhérente à la société israélienne, que
Piotr Smolar reprend à son compte.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Mais la singularité de Smolar n’est pas dans sa ligne
éditoriale (somme toute classique pour Le Monde), elle est dans l’interaction
entre son métier de journaliste et le périple biographique de 3 générations de
Smolar. Le grand-père, héros de la résistance du Ghetto de Minsk était un
communiste convaincu, qui choisit après la guerre de rester en Pologne et de
continuer à lutter pour la réalisation de l’idéal communiste. Déjà très éloigné
de toute pratique religieuse, la guerre l’avait tout de même mis en contact
direct avec l’antisémitisme forcené des nazis mais aussi avec celui tout aussi
réel de la société polonaise. Il défendit pourtant dans son journal une
opposition farouche au sionisme afin peut-être de ne pas se voir accuser de
conflit de loyauté avec le communisme. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Reste qu’une visite en Israël et la position de plus en plus
anti-israélienne de la Pologne a eu raison de cette posture : il accepta
de quitter la Pologne pour sauver ses enfants emprisonnés et se retrouva à
finir sa vie en Israël, qui n’a jamais évidemment constitué pour lui la moindre
terre promise, encore moins lorsqu’elle renonça à devenir une société répondant
à tous les standards du socialisme. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Son père lui, tout aussi éloigné du judaïsme, choisit la
France où il fonda une famille somme toute française dont Piotr est un des
enfants. Piotr Smolar est donc le produit de cette histoire (il n’évoque pas
beaucoup sa mère, mais on comprend qu’elle est issue également d’une famille
juive ashkénaze durement éprouvée par la guerre).<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifKpWKEJFbYNlvfcOAWF-0w5aV0xRvS3G8DtwFY7TXdst039tVyx9ZoFTtVdnchoiB8PCAgfrmbnHekAcLM9afW_zKwUpnlmmzYuXA9OKNct_nWBrgYY6YnkMqS_XtDtbjQ7r4Hh7tyozO/s1600/piotr_0.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="578" data-original-width="1024" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifKpWKEJFbYNlvfcOAWF-0w5aV0xRvS3G8DtwFY7TXdst039tVyx9ZoFTtVdnchoiB8PCAgfrmbnHekAcLM9afW_zKwUpnlmmzYuXA9OKNct_nWBrgYY6YnkMqS_XtDtbjQ7r4Hh7tyozO/s320/piotr_0.jpg" width="320" /></a>Piotr Smolar est donc français, juif, d’origine polonaise,
journaliste, ne veut surtout pas qu’une quelconque identité unique le définisse
et insiste sur son côté « bien dans ses baskets » et absolument pas
torturé par ces histoires d’identité. On le croit bien volontiers, mais il me
semble qu’il y a une raison à cela : en réalité, comme il le dit lui-même,
Smolar est Français avant tout. Il a grandi dans la culture française dont on
connaît la puissance assimilationniste, la Pologne n’est qu’un souvenir
historique et l’intensité de sa judéité est assez faible : selon son
propre aveu, très peu de connaissances religieuses (mais en cela il n’est que
l’archétype de l’élite cultivée française qui est d’une ignorance crasse sur
les religions en général), une ascendance déjà très déjudaïsée et pas de
volonté affirmée de transmettre un quelconque héritage lié au judaïsme.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Dans sa façon de couvrir l’actualité israélienne, je ne
reproche pas à Piotr Smolar de penser que l’occupation israélienne est terrible
pour les Palestiniens. Ni qu’elle risque à long terme de pervertir l’idéal
sioniste. Ni de dire que les Palestiniens sont devenus un non-sujet pour la
société israélienne. Ni que le discours politique en Israël est de plus en plus
critiquable. Tout cela est juste et mérite d’être évoqué, y compris dans un
journal comme Le Monde.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Simplement lorsque Smolar affirme qu’<i>«Etre correspondant
en Israël consiste d’abord à réussir les articles qu’on écrit pas »</i>,
cela signifie concrètement qu’il va refuser d’écrire sur l’antisémitisme
palestinien, qu’il va donner peu de place au narratif israélien et que cela va
se traduire in fine par une impression de manque d’empathie extrême pour les
Israéliens. Je ne choisis pas ce terme d’empathie par hasard. C’est exactement
ce que j’ai ressenti tout le long de ma lecture des articles de Piotr Smolar
pendant ces 5 années de correspondance. Je m’en suis d’ailleurs ouvert un soir
lors d’un dîner où un haut-fonctionnaire ami du journaliste était présent.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Et c’est avec surprise que je retrouve ce terme dans
« Mauvais Juif » lorsque les parents de l’auteur lui font exactement
ce même reproche ! <i>« Mes parents se sont émus d’un manque
d’empathie à l’égard d’Israël »</i>. Ce passage du livre est d’ailleurs
extrêmement étrange. Les parents Smolar lui demandent s’il ne faut pas plus
évoquer le contexte, l’histoire, la défiance arabe vis-à-vis d’Israël, etc…
Plutôt que de répondre à cela, Smolar indique que ses parents ne tombent pas
dans le travers de reprocher de ne pas parler du « miracle
israélien » au niveau économique, technologique et reprend sa
conviction : que l’occupation est l’alpha et l’oméga de ce qui se déroule
dans le pays et que tout le reste ne serait que peccadilles et d’anecdotiques
événements. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Etrange donc parce qu’il ne répond pas à ses parents :
pourquoi ne pas tenter d’expliquer pourquoi l’occupation persiste et pourquoi
les espoirs soulevés par Oslo et par Camp David en sont aujourd’hui au point
mort. Est-ce uniquement de la faute d’Israël demandent implicitement ses
parents ? Ce à quoi semble répondre Smolar : peut-être pas, mais ce
qui compte aujourd’hui c’est de lutter de toutes ses forces contre l’occupation
qui est néfaste à la fois pour les Palestiniens et à la fois pour Israël.
Position que l’on peut tout à fait entendre dans la bouche d’un militant
israélien pour la paix, mais sous la plume d’un correspondant du Monde qui
contribue à façonner l’image d’Israël en France où l’antisémitisme rejaillit de
plus belle sous couvert détestation d’Israël, est-ce bien raisonnable ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Ma thèse est la suivante : pour Piotr Smolar,
paradoxalement, un juif est porteur d’une religion, éventuellement d’une
culture et du souvenir de drames intimes. Mais en aucun cas, il ne peut être
assimilé à un peuple. <b>Hubert Beuve-Méry</b>, le fondateur du Monde, connaît bien
cette position. Lorsqu’il lutta dans la Résistance dans le maquis de Vabre, aux
côtés notamment de <b>Robert Gamzon</b> « Castor », le fondateur des
Eclaireurs Israélites de France, il rappela le scandale que constituait aux
yeux de nombreux résistants issus de la Droite française, l’émigration de leurs
camarades de lutte vers Israël et leur nouvelle patrie.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Cette position très profonde en France, qui remonte à <b>Clermont-Tonnerre</b>
et qui demanda pour les Juifs de France « tous les droits en tant
qu’individu, mais aucun en tant que Nation » connaît des répercussions
jusqu’à aujourd’hui. Qu’on se souvienne notamment de la position de <b>Jacques
Chirac</b> : extrêmement empathique et agréable avec les Juifs de France (cf.
le discours du Vel d’Hiv ou sa proximité avec la communauté juive organisée)
mais virulent envers Israël (héros du monde arabe après son altercation dans la
vieille ville de Jérusalem et demandant à <b>Yasser Arafat</b> de conserver une
position maximaliste dans les négociations de paix).<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Et c’est ce qui ressort de la position de Piotr Smolar,
position finalement très ancienne : le pouls organique du peuple juif tel
qu’il émerge en Israël, dans toute sa complexité, n’est pas traité par Smolar, comme si les Juifs devaient d’abord se fondre dans un moule plus universel qui ne permette plus l'expression de leur singularité dans toutes ses dimensions :
on reconnaît la position de <b>Paul de Tarse</b> avec la création du christianisme,
actualisée par l’idéal communiste auquel a adhéré son grand-père et remodelé
par l’universalisme républicain auquel lui adhère fortement. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Ce point est d’ailleurs évoqué dans le livre. Piotr Smolar a
en effet le courage d’aborder un article assez ahurissant écrit en mars 2006
juste après l’assassinat d’<b>Ilan Halimi</b><a href="file:///C:/Users/JHaddad/Documents/Perso/Blo/Mauvais%20Juif%20de%20Piotr%20Smolar.docx#_ftn4" name="_ftnref4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>.
Sa thèse c’est qu’Ilan Halimi avait été victime d’un crime crapuleux, qu’il
fallait d’abord dénoncer et que son origine juive n’avait a priori qu’une place
mineure dans le crime. Il regrettait amèrement le concert de dénonciation de
l’antisémitisme qui contribuait essentiellement à la fragmentation identitaire
de la société française. Société où on oublierait l’universalisme à la
française et où on se sentirait obligé de toujours en revenir à une dimension
identitaire et victimaire. Piotr Smolar exprime des regrets dans son livre
quant à cet article, mais on ne comprend pas très bien sa place dans
l’ouvrage : est-ce un mea culpa sur la minimisation de l’antisémitisme
dans la société française ? Mais où se trouve alors l’analyse qu’on
attendait sur le lien entre l’image d’Israël (notamment véhiculée par Le Monde)
et la recrudescence de l’antisémitisme ? <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Ou est-ce la reconnaissance qu’en dépit d’une
volonté d’effacement de la dimension de peuple juif par le narratif
républicain, il existe un tel concept que l’auteur aurait pu découvrir en
Israël ? On ne sait pas vraiment.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Au crédit de l'auteur, on peut toutefois accorder un certain courage typographique: contrairement au choix de son journal, Piotr Smolar écrit le nom Juif avec une majuscule, signe qu'il considère le Juif comme appartenant à un peuple et pas seulement comme le pratiquant d'une religion. Serait-ce un argument en défaveur de ma thèse ? Peut-être mais plus subtilement, je pense que c'est un moyen somme toute juste d'inclure les 3 générations de Smolar dans le cercle de la judéité et ce, indépendamment de tout lien avec une quelconque pratique religieuse. </div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
On sort de ce livre, passionnant je le répète, soucieux de s’interroger
sur le foisonnement d’influences qui le parcourt, sur les conclusions
auxquelles l’auteur est parvenu, sur la question du déterminisme historique et
sociologique ou sur la grande histoire du XXème siècle. On se prend même à
imaginer un peu d’autodérision chez Piotr Smolar lorsqu’il écrit à propos de
son grand-père : <i>« Tu as un rapport vicié à la vérité. Tu portes
des verres politiques correcteurs. (…) La réaction chimique entre la passion
idéologique et la réalité reste une affaire individuelle »</i>. A-t-il
écrit ces lignes comme une invitation à se demander si le petit-fils pouvait se
trouver dans une situation similaire ? <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Empathie ou pas, on est sûr d’une chose : ces 5 ans
passés en Israël auront marqué Piotr Smolar, il s’agit d’une expérience
marquante qui lui aura fait découvrir, même s’il ne s’étend pas dessus dans son
livre, des bribes de ce que la tradition juive a produit au cours des siècles,
indépendamment des contingences historiques. Vers la fin du livre, il relate
une discussion passionnante avec une femme rabbin (<b>Tamar Elad-Appelbaum</b>) sur la
signification de l’être juif, mais surtout, il finit son livre par un indice,
que seuls des francophones, hébraïsants et connaisseurs de la tradition peuvent
déceler.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Le livre se termine en effet par la recherche de la tombe de
son grand-père au cimetière de Shefayim. Elle est compliquée par la
non-maîtrise de l’hébreu par Piotr Smolar, tandis que les écritures de la
pierre tombale sont entièrement en hébreu.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Mais il finit par trouver et observe que des cailloux sont
placés sur la tombe <i>« conformément à la tradition ancestrale. J’ai lu
beaucoup d’explications sur la signification de ce geste. Elles sont souvent
magnifiques, spirituelles ou étymologiques. Celles que je préfère tournent
autour de la permanence de la mémoire. Les fleurs symbolisent la vie ;
elles finissent par se faner. Les pierres, elles, représentent une forme de
lien indestructible. <br />
De père en fils. » </i><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCrZKcaEXxbe1wurcJxUwqwsoTnLssKwHSavjV1A8X6GcgHvKYIldU7r9F50hUAH0AxuwM8hvfsO7dE7el5gQneVEQAthqDZpCSJ-PNhfNNvXOBEgv-8Oda8wPrdYvConOPrv3TXeDZPLB/s1600/even.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="332" data-original-width="344" height="308" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCrZKcaEXxbe1wurcJxUwqwsoTnLssKwHSavjV1A8X6GcgHvKYIldU7r9F50hUAH0AxuwM8hvfsO7dE7el5gQneVEQAthqDZpCSJ-PNhfNNvXOBEgv-8Oda8wPrdYvConOPrv3TXeDZPLB/s320/even.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
Que vient faire le <i>« De père en fils »</i>
ici ? Il s’agit bien d’une des explications à cette coutume. En hébreu,
une pierre se dit « Even » et s’écrit Alef, Beth, Noun. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Or le mot père se dit Av (Alef, Beth) et le mot fils de dit
Ben (Beth, Noun). Les 3 lettres du mot pierre sont une fusion des mots Père et
Fils. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<span style="line-height: 107%;">La vraie question étant désormais de savoir pour Piotr Smolar ce qu’il dira à son propre fils (ou sa fille) et si la question autour de l’être juif pourra se poursuivre. Nous, Juifs d’affirmation, selon la dénomination de <b>Jean-Claude Milner</b>, savons qu’il n’y a rien de plus fragile.<span style="font-family: inherit; font-size: 11pt;"> </span></span>
<br />
<div style="mso-element: footnote-list;">
<!--[if !supportFootnotes]--><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<!--[endif]-->
<br />
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/JHaddad/Documents/Perso/Blo/Mauvais%20Juif%20de%20Piotr%20Smolar.docx#_ftnref1" name="_ftn1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> <a href="https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/05/en-israel-reussir-les-articles-qu-on-n-ecrit-pas_5496576_4415198.html">https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/05/en-israel-reussir-les-articles-qu-on-n-ecrit-pas_5496576_4415198.html</a><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn2" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoNormal">
<a href="file:///C:/Users/JHaddad/Documents/Perso/Blo/Mauvais%20Juif%20de%20Piotr%20Smolar.docx#_ftnref2" name="_ftn2" style="mso-footnote-id: ftn2;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> Piotr
Smolar n’échange pas sur Twitter : personnellement je trouve ce média
complètement invraisemblable mais enfin quand on choisit d’y être, autant en
accepter les règles du jeu, quitte à filtrer les extrémistes<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></div>
</div>
<div id="ftn3" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/JHaddad/Documents/Perso/Blo/Mauvais%20Juif%20de%20Piotr%20Smolar.docx#_ftnref3" name="_ftn3" style="mso-footnote-id: ftn3;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> <a href="https://web.archive.org/web/20150401000000*/http:/israelpalestine.blog.lemonde.fr">https://web.archive.org/web/20150401000000*/http://israelpalestine.blog.lemonde.fr</a><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn4" style="mso-element: footnote;">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/JHaddad/Documents/Perso/Blo/Mauvais%20Juif%20de%20Piotr%20Smolar.docx#_ftnref4" name="_ftn4" style="mso-footnote-id: ftn4;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "calibri" , sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></span></a> <a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2006/03/03/l-affaire-halimi-ou-l-adieu-a-la-nation-par-piotr-smolar_747200_3232.html">https://www.lemonde.fr/idees/article/2006/03/03/l-affaire-halimi-ou-l-adieu-a-la-nation-par-piotr-smolar_747200_3232.html</a><o:p></o:p></div>
</div>
</div>
<br />Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-12754387891359726112017-11-02T19:23:00.001+01:002017-11-02T19:23:20.793+01:00L'éducation ce n'est pas (que) l'enseignement de la Thora<div class="MsoNormal">
<b>L’éducation des enfants, ce n’est pas (que) l’enseignement de
la Thora<o:p></o:p></b></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
En février 2017, l’ancien Grand Rabbin d’Angleterre,
Jonathan Sacks, a publié une série de 13 vidéos fournissant 13 principes pour
être « an inspired parent ».<span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;"><a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn1" title="">[1]</a></span></span><a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn1" title=""><!--[endif]--></a></span><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<span class="MsoFootnoteReference"><span class="MsoFootnoteReference"><br /></span></span></div>
<div class="MsoNormal">
Dans la 6<sup>ème</sup> de ces vidéos, l’accroche est simple
et percutante : <i>« Quel est le mot hébreu pour éducation ? Hinoukh,
n’est-ce pas ? Non, tout faux ! Le mot hébreu pour éducation, c’est
Talmud Thora. Talmud Thora, c’est le judaïsme que vous apprenez grâce à vos
enseignants. C’est le judaïsme que vous apprenez en écoutant. C’est le judaïsme
que vous apprenez par vos lectures. C’est le judaïsme que vous apprenez aux
travers des livres et des salles de classe. Hinoukh, signifie autre chose (….)
Hinoukh veut dire « apprendre par la pratique, learning by doing ».</i><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK_kuxd9t1cIp-VycOJvGTrlflAA5j2CRjpX47yiQmdZ87l215FtgkNk8t943a8a2cljkwlCFHUE0dFQ8dAdjy43ubtm_fO16x9KEdTqQrW0KGVimZ21RDALdJamg2KMTpFSLUbjrEbBf7/s1600/sacks2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1549" data-original-width="1129" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK_kuxd9t1cIp-VycOJvGTrlflAA5j2CRjpX47yiQmdZ87l215FtgkNk8t943a8a2cljkwlCFHUE0dFQ8dAdjy43ubtm_fO16x9KEdTqQrW0KGVimZ21RDALdJamg2KMTpFSLUbjrEbBf7/s320/sacks2.jpg" width="233" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Rav Jonathan Sacks</td></tr>
</tbody></table>
</div>
<div class="MsoNormal">
Au-delà de l’intérêt
de cette vidéo et de la défense de l’éducation informelle par les mouvements de
jeunesse que promeut le Rav Sacks<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></a>,
l’information cruciale de cette entame, c’est qu’il y aurait deux Mitzvot
différentes, par leur substance et par leur conséquence.<br /></div>
<div class="MsoNormal">
D’un côté l’enseignement de la Thora (Talmud Thora) qui est une obligation de
la Thora, qui ne s’appliquerait qu’aux fils (et pas aux filles)<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></a>.
De l’autre une Mitzva d’éduquer ses enfants, de leur apprendre progressivement
à pratiquer les Mitzvot, à les leur faire apprécier et à s’assurer qu’ils
suivront la voie indiquée par la Thora pour les juifs du monde entier.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Cette dichotomie est intéressante mais problématique :<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l1 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->1)<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]--><span dir="LTR"></span>D’abord, si la source de la
Mitzva de Talmud Thora est bien identifiée (Velimadetem ete benekhem), il n’en
n’est pas de même pour cette Mitzva de Hinoukh. Elle semble être une Mitzva deRabbanan
(instituée par les Sages) pour laquelle, il n’existerait aucune trace dans les
5 livres du Pentateuque.<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></a><o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l1 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->2)<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]--><span dir="LTR"></span>Ensuite, cela induirait que
la Mitzva de Talmud Thora n’est pas exhaustive, qu’il ne s’agit pas d’une
Mitzva éducationnelle complète captant la totalité de ce que le vocable « éducation »
recouvre, au point de lui adjoindre une autre Mitzva, dont les contours restent
à définir, mais qui resterait indispensable pour bâtir un jeune juif (ou une
jeune juive) digne de ce nom<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Le Mechekh Hokhma aborde ces questions de façon sibylline
dans un de ses commentaires de la Paracha Vayera. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Introduisons le passage de la Paracha en question. Dieu a
prévu de détruire Sodome et Gomorhe, les anges chargés de l’opération sont sur
le point de s’y rendre après avoir rendu visite à Avraham. Et là, apparaît une
sorte de monologue intérieur divin, probablement unique en son genre dans toute
la Thora, où Dieu se parle à lui-même.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<i>« Vais-je taire à Avraham ce que je veux faire ?
Avraham ne doit-il pas devenir une nation grande et puissante et une cause de
bonheur pour toutes les nations de la terre ? »<o:p></o:p></i></div>
<div class="MsoNormal">
<i>« Car si je l’ai aimé, c’est pour qu’il prescrive à
ses fils et à sa maison après lui d’observer la voie de Dieu en pratiquant la
vertu et la justice ; afin que l’Eternel accomplisse sur Avraham, ce qu’il
a déclaré à son égard ».<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><b><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[5]</span></b></span><!--[endif]--></span></a><o:p></o:p></i></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Formidable passage, où Dieu sait qu’il devra « endurer »
une discussion sans issue avec Avraham sur l’avenir de Sodome (elle sera
détruite malgré l’intervention d’Avraham), mais qu’il la lui doit compte-tenu
de la mission et du destin qui lui est promis. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpoe6OfSfieW7Fryo5uF81wHE5me60dq1VCawCgGZEIH8m0tkjdaDXrjqm9eNtpkw4ORKzMDGMFHEE4s9KzPLKIcZsgVx4qZWUyxWByyLI8Xnzm_xr6xgx63qAZc3_BFdNKLaHErfr0hud/s1600/MHokhma.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="380" height="168" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpoe6OfSfieW7Fryo5uF81wHE5me60dq1VCawCgGZEIH8m0tkjdaDXrjqm9eNtpkw4ORKzMDGMFHEE4s9KzPLKIcZsgVx4qZWUyxWByyLI8Xnzm_xr6xgx63qAZc3_BFdNKLaHErfr0hud/s320/MHokhma.jpg" width="320" /></a>Le Mechekh Hokhma, dans son commentaire sur ce passage, qu’il
existe en effet une Mitzva de Hinoukh indépendante de celle du Talmud Thora. Jusque-là,
il ne dit rien de neuf. C’est par exemple ce qu’indique déjà Maïmonide dans son
code de lois<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[6]</span></span><!--[endif]--></span></a> en s’appuyant
sur des discussions variées du corpus talmudique, référence d’ailleurs ramenée
par le Mechekh Hokhma.<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[7]</span></span><!--[endif]--></span></a>
Mais il innove pourtant en faisant de ce passage la source scripturaire de
cette Mitzva. En allant à l’encontre (ou en complément) de Maïmonide, qui voit
l’origine de cette Mitzva dans un passage des Proverbes<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[8]</span></span><!--[endif]--></span></a>,
le Rav Meir Simha Hacohen indique que le principe même de la Mitzva de Hinoukh,
d’éducation de ses enfants, se situe dans ce verset où Dieu avoue la raison
ultime de la distinction spécifique d’Avraham et de sa descendance après lui.
De la même façon qu’Avraham a éduqué ses enfants et ses proches à suivre un
chemin de vertu et de justice, chaque juif après lui devra encourager sa
progéniture à « faire » et du coup, à apprendre.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Cette Mitzva d’éducation n’est donc pas juste une mesure
technique garante d’efficacité, mais au contraire le cœur et le principe
essentiel de la raison pour laquelle Avraham a été distingué. Pourquoi Avraham
a été choisi pour porter le projet divin ? Parce qu’il est un éducateur et
ce n’est pas un hasard si Avraham est l’unique personnage de toute la Thora à
mériter ce qualificatif. L’éducation informelle n’est donc pas juste une
méthode intéressante, c’est au contraire le vecteur incontournable par lequel
le projet abrahamique peut se déployer.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
On pourrait prendre le risque d’extrapoler ce Hidouch du
maître de Dvinsk :<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo2; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]--><span dir="LTR"></span>L’étude et la pratique de
la Thora seules ne suffisent pas à accomplir complètement l’objectif que
poursuit Dieu pour le peuple juif. Il faut y ajouter une dimension
existentielle où l’exemplarité et la volonté de faire vivre au quotidien des
valeurs non pas théoriques mais passant par la pratique régulière deviennent
essentielles<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo2; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]--><span dir="LTR"></span>L’objectif suprême, tant de
l’étude et la pratique de la Thora que de l’éducation par l’exemple, sont de
faire des hommes et des femmes pratiquant Tsedaka ouMichpat, traduits plus haut
par « Vertu et Justice ». Où l’on retrouve aussi une forme d’inspiration
du discours prophétique ultérieur, parfois occultée par nos sociétés plus
formatées pour l’efficacité, l’intensité existentielle ou la volonté de
protection des « dangers extérieurs »<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle">
<br /></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo2; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]--><span dir="LTR"></span>Le Mechekh Hokhma le dit
explicitement : autant la Mitsva d’enseigner la Thora est réservée aux
garçons, autant cette Mitzva de Hinoukh s’adresse autant aux garçons qu’aux
filles<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[9]</span></span><!--[endif]--></span></a>,
preuve que si le chemin est différent, il n’est pas question de laisser quiconque
de côté lorsque se pose la question centrale de l’éducation de la jeunesse et
de son caractère quasiment exclusif dans la matérialisation de l’humanité de
demain.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<br />
<div>
<!--[if !supportFootnotes]--><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<!--[endif]-->
<div id="ftn1">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></a> <a href="http://rabbisacks.org/being-an-inspiring-parent/">http://rabbisacks.org/being-an-inspiring-parent/</a><o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn2">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[2]</span></span><!--[endif]--></span></a> Le Rav
Sacks raconte notamment une anecdote savoureuse. Il a été amené à rencontrer
toute l’équipe du Département éducatif de l’Université Hebraïque de Jérusalem.
Plutôt que de se présenter normalement, il a été décidé que chacun dirait
pourquoi ils ont décidé d’embrasser une carrière dans l’éducation juive. Tous,
sans exception (y compris le Rav Sacks), ont mentionné l’importance de leur
passage en mouvement de jeunesse. Mouvements de jeunesse qui précisément ne
faisaient l’objet d’aucun département universitaire au sein des différentes
chaires de science de l’éducation !<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn3">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[3]</span></span><!--[endif]--></span></a> « Tu
l’enseigneras à tes fils ». Exégèse rabbinique : et donc pas à tes
filles<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn4">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[4]</span></span><!--[endif]--></span></a> C’est
par exemple l’avis du fondateur du mouvement Habad, Rabbi Schneour Zalman de
Liady dans son Choulkhan Aroukh Harav, Yoré Déa 246 :<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn5">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[5]</span></span><!--[endif]--></span></a> Genèse
18 : 17-19<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn6">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[6]</span></span><!--[endif]--></span></a><span lang="EN-US"> Michné Thora – Hilkhot Maakhalot
Asourot 17:28<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="ftn7">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[7]</span></span><!--[endif]--></span></a> Le Rav
de Dvinsk est un des plus grands commentateurs de Maïmonide à travers la 2<sup>ème</sup>
de ses œuvres maîtresses : le Or Sameah<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn8">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[8]</span></span><!--[endif]--></span></a>
Proverbes 22 :6<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="ftn9">
<div class="MsoFootnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Etude/Mechekh%20Kokhma%20-%20Vayera_V2.docx#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: Arial; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[9]</span></span><!--[endif]--></span></a> Le
Mechekh Hokhma prend ainsi position dans une discussion talmudique dans Nazir
29a entre Rabbi Yokhanan et Rech Lakich où on pourrait déduire de la position
de ce dernier que la Mitzva de Hinoukh ne s’applique pas aux filles<o:p></o:p></div>
</div>
</div>
Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-38688709624430331512017-02-20T18:50:00.002+01:002017-02-20T18:50:46.206+01:00La Courtoisie plus importante que les Mitzvot ? Une analyse du Mechekh Hokhma<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
Quel juif pratiquant n’a jamais entendu cette tirade :
« c’est bien beau de respecter les Mitzvot, de mettre les Téfilines, de
respecter Chabbat, etc…, mais si c’est pour avoir un comportement humain
détestable, ça sert à quoi d’être religieux franchement ? »<br /><br /><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
L’argumentaire sous-jacent de cette attaque est plutôt
simple à identifier. Un des objectifs du judaïsme serait de faire de la vie des
êtres humains une vie constructive, apaisée avec ses semblables, créant un
environnement pouvant contribuer à rendre l’homme meilleur, en partie en lui
inculquant les règles élémentaires de civilité autorisant une vie en commun
possible. <br /><br /><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Comme ce ne sont pas les injonctions pratiques qui manquent
dans la Thora, il suffirait d’intégrer des règles spécifiques rendant l’homme
plus éduqué dans ses relations humaines, au-delà des comportements purement
contractuels et au-delà du respect des injonctions « religieuses ». <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />Réponse classique :<i> « Mais c’est le cas ! Regardez,
la Thora interdit le Lachon Hara (la médisance), elle considère sévèrement
toute volonté de créer une scission au sein du peuple, de créer des clans ou
même d’humilier son prochain. C’est donc bien dans le projet de la
Thora ! »</i><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />Il existe deux objections à cette réponse
convenue (mais néanmoins exacte) : d’abord l’expérience montre que
certains Juifs très attachés aux Mitzvot dites « Ben Adam Lamakom »,
qui régissent la relation entre l’homme et Dieu, sont parfois moins regardants
sur les Mitzvot « Ben Adam Lahavero », entre un homme et son
prochain, sans que cela n’attire de désapprobation spécifique.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />Ensuite, chose étrange, si la Thora prévoit bien des
punitions sévères pour les idolâtres, les meurtriers ou les transgresseurs du
Chabbat, <b>elle ne prévoit aucune punition
formelle</b> pour les auteurs de Lachon Ara, de colporteurs de rumeurs ou même
de vol. Pas de coups de bâton, ni mise à mort, rien de spécial si ce n’est une
vague amende dans le cas du vol. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />C’est de ce dernier constat que part le Mechekh Hokhma pour
introduire un commentaire qui n’a a priori rien à voir avec la Paracha.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Il n’explique pas cette différence de traitement entre
certaines fautes « théologiques » et celles qui impliquent une
déficience en matière de qualités morales, de civilités ou même de courtoisie<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_edn1" name="_ednref1" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[i]</span></span><!--[endif]--></span></a>.
Mais il tient absolument à nous faire voir, dans son développement, que
l’absence de punition individuelle pour des actions de ce type ne saurait
équivaloir à une infériorité qualitative de ces commandements, et tient donc également à
contrer le reproche si ancien que le judaïsme subit depuis des siècles :
appelez-le pharisaïsme, absence d’empathie pour les autres, pointillisme
législatif faisant oublier l’importance du vivre ensemble, etc, etc…<br /><br /><o:p></o:p></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrH1wX9_8PPK1ioERKmegHwGN1o8tgZXWy_jWDAlEa5UZQ4DsIU69w9aGfT1S_vVaH9mimy47Ljw6DT-EEDwNx2LXm8-3WisFQsAs4Hx7VANTo0W4cIuc7TZvXHjRVHSilgkgIlEKLNplH/s1600/MHokhma.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="128" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrH1wX9_8PPK1ioERKmegHwGN1o8tgZXWy_jWDAlEa5UZQ4DsIU69w9aGfT1S_vVaH9mimy47Ljw6DT-EEDwNx2LXm8-3WisFQsAs4Hx7VANTo0W4cIuc7TZvXHjRVHSilgkgIlEKLNplH/s320/MHokhma.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="MsoNormal">
L’axe de réponse du Mechekh Hokhma est le suivant : il
n’y a en effet pas de punition prévue pour l’individu passible de contrevenir à
ces règles de civilités élémentaires, mais lorsque c’est la collectivité qui est
prise en défaut sur ces qualités, la gravité de la situation ne suscite presque
aucun espoir quant à la survie du groupe en question, ou en tous cas quant à la
possibilité d’échapper à une perception incroyablement négative par Dieu.</div>
Rav Meïr Simha Hacohen de Dvinsk multiplie les exemples pour soutenir sa démonstration :<br />
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
</div>
<ul>
<li><span style="text-indent: -18pt;">La génération de David était composée de Justes,
mais puisqu’il y avait en son sein des délateurs, elle se faisait battre lors
de ses campagnes militaires.</span><a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_edn2" name="_ednref2" style="text-indent: -18pt;" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[ii]</span></span></span></a><span style="text-indent: -18pt;"> </span></li>
<li><span style="text-indent: -18pt;">A l’inverse, la génération d’Akhav était pleine d’idolâtres et de gens de
débauches, mais puisqu’ils étaient irréprochables du point de vue de l’unité du
peuple, de l’absence de médisance entre eux ou de discorde, la Thora dit même
que la Shekhina résidait parmi eux !</span><span class="MsoEndnoteReference" style="text-indent: -18pt;"><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;"><a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_edn3" name="_ednref3" style="text-indent: -18pt;" title="">[iii]</a></span></span></span></li>
<li>Le 1<sup style="text-indent: -18pt;">er</sup><span style="text-indent: -18pt;"> Temple a été détruit à cause
des crimes de meurtre, d’idolâtrie et de débauche sexuelle</span><a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_edn4" name="_ednref4" style="text-indent: -18pt;" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[iv]</span></span></span></a><span style="text-indent: -18pt;">,
mais….il a finalement été reconstruit, alors que le 2</span><sup style="text-indent: -18pt;">ème</sup><span style="text-indent: -18pt;"> Temple,
détruit à cause de la Haine gratuite entre Juifs n’a toujours pas été
reconstruit. Ce qui montre bien, dit le Mechekh Hokhma, qu’ </span><b style="text-indent: -18pt;">« Il est plus grave pour une
collectivité de faillir en matière de qualités morales, que de transgresser les
Mitzvot »</b></li>
</ul>
<div class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span><!--[endif]-->Dieu a pardonné la faute du faute du Veau d’Or,
assimilable à de l’idolâtrie. Mais il n’a pas pardonné la faute des
Explorateurs, dont la médisance était le cœur de la transgression, preuve
encore qu’une faute collective portant sur l’éthique du peuple est plus
impardonnable que servir un autre Dieu<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
La charge est violente, mais quel rapport avec la
Paracha ?<br />
<br />
Il se trouve qu’un Midrach<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_edn5" name="_ednref5" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[v]</span></span><!--[endif]--></span></a>
fait référence aux réticences qu’avaient les Anges et la mer à effectuer autant
de miracles pour les enfants d’Israël en Egypte et lors de leur sortie.
Pourquoi, dit Samaël, faire des miracles pour les enfants d’Israël alors qu’ils
étaient idolâtres et donc fautifs ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Le Mechekh Hokhma donne une raison extraordinaire et relit
le midrach de façon très personnelle. <i>« Si
j’ai fait tout cela pour les enfants d’Israël, aurait répondu Dieu, c’est parce
que c’était un peuple uni, d’où la discorde était absente. Si j’ai choisi de
faire en sorte que la mer s’ouvre et crée des murs de part et d’autre de leur
avancée (« VeHamaim lahem Homa »), c’est bien parce que j’ai
confiance dans les qualités morales de ce peuple. »<br /></i><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Mais il y a un problème : l’expression <i>« VeHamaim lahem Homa » </i>(« Et
les eaux se dressèrent en muraille ») est dite à deux reprises dans la
Paracha<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_edn6" name="_ednref6" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[vi]</span></span><!--[endif]--></span></a>,
la deuxième fois après que les Egyptiens furent engloutis par la mer. Et le mot
<i>Homa</i> n’est pas orthographié de la
même façon que la première fois qu’il apparaît. Il l’est de façon défectueuse,
avec un Vav manquant, ce qui ne se lit plus « Muraille », mais
« Fureur, Colère ».<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />Pourquoi la mer serait en colère ? Parce qu’à ce
moment-là, ce qui justifiait l’apparition des miracles pour les enfants
d’Israël, c’était leur unité collective. Or un épisode fameux, se tenant juste
avant l’ouverture de la mer, a fait s’effondrer ces qualités. C’est la
complainte des Hébreux lorsqu’ils se rendent compte que la mer est devant eux,
que les Egyptiens sont sur le point de les rattraper et qu’ils se trouvent dans
une sorte d’impasse existentielle. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />A ce moment-là, dit un autre Midrach, le peuple s’est scindé
en 4 groupes concurrents, chacun essayant de proposer une solution
différente : retourner en Egypte, se suicider, se battre contre les
Egyptiens ou prier. Aucune de ces solutions (y compris la prière !) ne
trouve grâce aux yeux de Dieu.<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_edn7" name="_ednref7" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 11.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[vii]</span></span><!--[endif]--></span></a>
On comprend maintenant pourquoi : ce qui avait fait la force des enfants
d’Israël jusqu’à présent s’évanouit du fait de cette dissension fatale. Fatale,
finalement pas, probablement pour des raisons supérieures, mais le texte devait
en garder la trace, d’où l’absence de ce Vav, d’où la mention de cette colère
envers un peuple qui ne méritait plus finalement d’être traité différemment des
Egyptiens qui eux, ont été engloutis.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />Cette relecture audacieuse du Midrach par le Mechekh Hokhma
nous laisse avec de nouvelles questions : les enfants d’Israël s’en sont
finalement sortis malgré la déliquescence de leur civilité et de leur concorde.
Est-ce que la punition était censée venir plus tard ? Dans le cadre de
l’épisode des explorateurs ? Pourquoi finalement n'y a-t-il pas de sanctions sur le plan individuel si la faute est si énorme sur le plan collectif ?<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />Quoiqu’il en soit, le plaidoyer incroyablement puissant du
Mechekh Hokhma en faveur d’une société apaisée, sachant cohabiter en harmonie,
respectueuse des positions parfois opposées de chacun, même lorsque des
situations de transgression flagrante des Mitzvot se font jour, est une
position originale pour un sage lituanien du 19<sup>ème</sup> siècle, mais qui
sonne de façon étrangement familière aux oreilles d’un Juif du XXIème siècle.</div>
<br />
<div>
<!--[if !supportEndnotes]--><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<!--[endif]-->
<div id="edn1">
<div class="MsoEndnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_ednref1" name="_edn1" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[i]</span></span><!--[endif]--></span></a> Le
Mechekh Hokhma emploie le mot « Nimousiot » qui signifie en hébreu
moderne Politesse, courtoisie, bonnes manières<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="edn2">
<div class="MsoEndnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_ednref2" name="_edn2" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[ii]</span></span><!--[endif]--></span></a>
Yerouchalmi Pea, Chapitre 1, Michna 1<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="edn3">
<div class="MsoEndnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_ednref3" name="_edn3" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[iii]</span></span><!--[endif]--></span></a> Yoma
52b<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="edn4">
<div class="MsoEndnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_ednref4" name="_edn4" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[iv]</span></span><!--[endif]--></span></a> Yoma 9a<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="edn5">
<div class="MsoEndnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_ednref5" name="_edn5" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[v]</span></span><!--[endif]--></span></a><span lang="EN-US"> Mekhilta, Midrach Avkir, Yalkout
Chimoni 234<o:p></o:p></span></div>
</div>
<div id="edn6">
<div class="MsoEndnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_ednref6" name="_edn6" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[vi]</span></span><!--[endif]--></span></a> Chemot
24 :22 et Chemot 24 :29<o:p></o:p></div>
</div>
<div id="edn7">
<div class="MsoEndnoteText">
<a href="file:///C:/Users/jhaddad/Documents/Perso/Bechalah.docx#_ednref7" name="_edn7" title=""><span class="MsoEndnoteReference"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoEndnoteReference"><span style="font-family: "Calibri",sans-serif; font-size: 10.0pt; line-height: 107%; mso-ansi-language: FR; mso-ascii-theme-font: minor-latin; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin; mso-hansi-theme-font: minor-latin;">[vii]</span></span><!--[endif]--></span></a>
J’avais produit un commentaire inspiré du Rabbi de Loubavicth sur ce
passage : <a href="http://lemondejuif.blogspot.de/2007/01/bechalah-quand-la-route-se.html">http://lemondejuif.blogspot.de/2007/01/bechalah-quand-la-route-se.html</a><o:p></o:p></div>
<div class="MsoEndnoteText">
<br /></div>
</div>
</div>
Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-6068822969991514192016-02-29T00:09:00.000+01:002016-06-16T10:14:05.517+02:00Tuer au nom de Dieu - Une approche juive<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">(Billet originalement publié pour le <a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html" target="_blank">Site des Etudes Juives</a>)</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Les exactions de Daesh ou des terroristes sur le sol français soulèvent le cœur et perturbent notre esprit modelé par la tradition occidentale sur un point précis : comment ces brutes peuvent-ils perpétrer de tels méfaits pour immédiatement les revendiquer <u style="margin: 0px; padding: 0px;">au nom de Dieu</u> ?</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Dieu est-il si faible qu’on ait besoin de le défendre, de tuer des hommes pour une histoire de blasphème supposé ? Qui a le droit d’user d’une violence meurtrière au nom du divin ? N’est-ce pas un danger impossible à circonscrire ?</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Ces questions ne supportent pas la moindre nuance dans la réponse qu’il convient d’apporter et toute condamnation uniquement partielle de ces actes ferait peser légitimement un immédiat soupçon de collusion avec les djihadistes.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Pourtant, la Paracha de cette semaine, Ki-Tissa, met précisément en scène cette situation qui provoque un écho étrange à ce qui nous paraît aujourd’hui injustifiable. Rappelons le contexte : après l’érection du Veau d’Or, Moïse descend du Sinaï, brise les Tables de la Loi qui venaient de lui être confiées par Dieu, puis prend une initiative particulière. Regardons le texte<a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftn1" name="_ftnref1" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[1]</a> :</span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikBhE5WB_G7_3UjYI74NshLE5T2tA8FZZ9zSzOXcV3LRRp_b1ZUykvPB7ySRFU2eSmo6a7kKlKkYVNwuoBEFiwhrVxEMqvkLxWB9D-XvHlGBrWHM-iuWmdTPImY6XqtjS5aoUWpCkSgm95/s1600/350px-GoldCalf.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;"><img border="0" height="222" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEikBhE5WB_G7_3UjYI74NshLE5T2tA8FZZ9zSzOXcV3LRRp_b1ZUykvPB7ySRFU2eSmo6a7kKlKkYVNwuoBEFiwhrVxEMqvkLxWB9D-XvHlGBrWHM-iuWmdTPImY6XqtjS5aoUWpCkSgm95/s320/350px-GoldCalf.jpg" width="320" /></span></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">L'adoration du veau d'or par Nicolas Poussin</span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<em style="margin: 0px; padding: 0px;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">« Moïse vit que le peuple était livré au désordre; qu'Aaron l'y avait abandonné, le dégradant ainsi devant ses ennemis et Moïse se posta à la porte du camp et il dit: "Que celui qui est pour Dieu vienne auprès de moi!" Et tous les Lévites se groupèrent autour de lui. Il leur dit: "Ainsi a parlé l'Éternel, Dieu d'Israël: ‘Que chacun de vous s'arme de son glaive! Passez, repassez d'une porte à l'autre dans le camp et immolez, au besoin, chacun son frère, son ami, son parent!’ Les enfants de Lévi se conformèrent à l'ordre de Moïse; et il périt dans le peuple, ce jour-là, environ trois mille hommes. »</span></em></div>
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><br /></span>
</span><br />
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Outre l’effroi qu’il suscite, ces 4 versets ne manquent pas de soulever plusieurs questions.</span></div>
<ol style="margin: 0px 0px 0px 25px; padding: 0px;">
<li style="margin: 0px; padding: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">Dans la plupart des rebellions qui eurent lieu dans le désert, c’est Dieu qui se charge seul, via des épidémies, des foudroiements ou l’ouverture des antres de la terre, de punir les coupables. Du coup, notre interrogation initiale (comment peut-on user de violence aujourd’hui au nom de Dieu ?) trouve une réponse aisée : Dieu se charge très bien tout seul de s’opposer aux effrontés. Laissons-lui encore aujourd’hui cette charge et s’il n’est pas patent que le « Méchant soit puni » par une action divine, en dehors d’une action judiciaire, il n’est donc bien sûr pas possible de déclarer une peine de mort sur la base d’une colère, fût-elle bien inspirée. Or, ici c’est bien Moïse, un homme, qui prend l’initiative de cette exécution de masse. Pourquoi ?</span></li>
<li style="margin: 0px; padding: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">3000 morts c’est beaucoup, mais en même temps, c’est un chiffre étrange. Si l’ensemble du peuple avait été idolâtre à l’exception de la tribu de Levy, pourquoi ne pas tuer tout le peuple justement, comme semblait le proposer Dieu dans un premier temps ? Et s’il faut pardonner au peuple, pourquoi en tuer 3000 et sur quelle base ? </span></li>
<li style="margin: 0px; padding: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">Plus gênant, Moïse invoque un ordre de Dieu pour justifier la tuerie : « Ainsi a parlé l’Eternel, Dieu d’Israël ». La question saute aux yeux : où Dieu a-t-il bien pu dire cela ? Est-ce réellement un ordre divin ?</span></li>
</ol>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Arrêtons-nous sur cette dernière question. D’abord, il est rassurant de constater que les commentateurs de la Tradition, comme ils en ont l’habitude<a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftn2" name="_ftnref2" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[2]</a>, ne s’en laissent pas compter et n’acceptent pas de prendre les paroles de Moïse (oui, on parle bien du plus grand prophète du judaïsme) à la lettre et demandent une justification de cet ordre surréaliste.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Certains commentateurs vont même assez loin : pour le Tana DebéElyahou<a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftn3" name="_ftnref3" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[3]</a>, Moïse n’a jamais reçu cet ordre de Dieu, il l’a « inventé » pour pouvoir ensuite retourner vers l'Eternel et lui demander miséricorde pour le reste du peuple.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">C’est une opinion intéressante, mais peut-être pas suffisamment subtile et en tous cas très problématique : il serait donc possible de prendre l’initiative de « parler pour Dieu » afin de justifier tout et n’importe quoi ?</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Il est donc temps de se tourner vers les commentaires de ces versets par le <b>Netziv de Volojhine</b>, qui propose une approche novatrice.</span></div>
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuljIz0pbqhw8-1HRju5wS2pdoBVHRU-obr8dZdefB8m_Kk7nMv1JikINhzqxja_XVQO4PhEBVEyJsVn84RPM5ZwiOCsQ_YvwxfgxcHCXd8PPFHN9NzbfvOtRYlrtvFBAkwVxdorA7BrfL/s1600/350px-Volozhin_yeshiva.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuljIz0pbqhw8-1HRju5wS2pdoBVHRU-obr8dZdefB8m_Kk7nMv1JikINhzqxja_XVQO4PhEBVEyJsVn84RPM5ZwiOCsQ_YvwxfgxcHCXd8PPFHN9NzbfvOtRYlrtvFBAkwVxdorA7BrfL/s320/350px-Volozhin_yeshiva.jpg" width="320" /></span></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">La Yéchiva de Volojhine</span></td></tr>
</tbody></table>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">D’abord, le Netziv interprète de façon originale l’interpellation initiale de Moïse : <em style="margin: 0px; padding: 0px;">« Que celui qui est pour Dieu vienne auprès de Moi ! ».</em> La façon classique de comprendre cet appel c’est : « que celui qui n’a pas succombé à l’idolâtrie me rejoigne ». Sous-entendu, seule la tribu de Lévi est restée en dehors de la faute alors que l’ensemble du peuple est coupable.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Le Netziv met tout de suite les choses au point : <em style="margin: 0px; padding: 0px;">« Moïse n’appelle pas ceux qui n’auraient pas succombé à la faute d’idolâtrie car la majorité du peuple n’y a pas succombé ».</em> Il semble souscrire ici à un avis répandu consistant à dire que la faute du Veau d’Or était bien une erreur, mais consistant à donner une dimension quasi-divine aux intermédiaires tels que Moïse dont ils avaient besoin pour passer outre l’abstraction de la transcendance. Ce qui est très différent d’une volonté de se détourner du Dieu unique et de se laisser aller à un culte idolâtre. Les 3000 morts seraient alors juste l’infime partie du peuple qui se serait véritablement risquée à défier Dieu et qui mériterait la peine capitale.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Mais alors dans ce cas, qui est concerné par l’appel de Moïse ? Pour le Netziv, il s’agit <em style="margin: 0px; padding: 0px;">« quiconque sait qu’il n’appartient qu’à Dieu et qui est prêt à sacrifier sa vie et tout ce qu’il possède pour l’amour de Dieu ».</em> En d’autres termes, dans la lignée de ses commentaires précédents (et notamment ceux analysés sur le site des Etudes Juives<a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftn4" name="_ftnref4" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[4]</a>), le Netziv met d’abord en avant la dimension de désintéressement absolu nécessaire pour prétendre agir au nom de Dieu. Il n’est pas question d’espérer une quelconque récompense, fût-elle une place dans le monde futur, si l’on veut prouver son amour de Dieu et punir les idolâtres : une pureté dans l’intention, quasi-inatteignable en vérité, est invoquée.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio0sZAUd57LC_JD1ALGgqo-7FnSjysqZ8l5GB6wzmtuX59J_idmEuf_J99a-_F3oXOcs_f83Roh9EY6jBO7NFad5TUC9BpKrl7z7IJD1AjLYX1YHSJy-T47IYC31IQRT9cj6HAqz5HWHOs/s1600/709_1426672749_Trotsky.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;"><img border="0" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEio0sZAUd57LC_JD1ALGgqo-7FnSjysqZ8l5GB6wzmtuX59J_idmEuf_J99a-_F3oXOcs_f83Roh9EY6jBO7NFad5TUC9BpKrl7z7IJD1AjLYX1YHSJy-T47IYC31IQRT9cj6HAqz5HWHOs/s320/709_1426672749_Trotsky.jpg" width="320" /></span></a><span style="font-family: inherit; font-size: large;">En plus de la raison théologique, le Netziv va plus loin en proposant également une nécessité sociale à ce désinteressement : ce n’est qu’à cette condition que cet événement tragique peut être accepté et agréé par le peuple et que les Lévites peuvent échapper à une volonté de révolte. Si l’on s’y risquait, on pourrait trouver une analogie dans l’évolution de la Révolution russe de 1917 : tant que les Bolcheviks affichaient un désintéressement et une ambition uniquement tendue vers l’accomplissement du communisme, une acceptation tacite du peuple pouvait se faire jour, malgré la violence et malgré des injustices. Mais dès que les leaders se vautrent dans une recherche de l’intérêt personnel qui entache la « beauté » de la Révolution, le peuple ne peut plus suivre. Idem ici : s’il existait le moindre soupçon que les Lévites procédaient à ces exécutions par intérêt personnel, comment ne pas ressentir un sentiment insupportable ? Mais il faut lire entre les lignes : cela veut aussi signifier que l’Homme est capable de percevoir l’Absolu et d’admettre les conséquences qu’il engendre. Quel danger…. </span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Pour illustrer la fragilité de cette intention existentielle, le Netziv complète son commentaire dans le « HarehevDavar »<a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftn5" name="_ftnref5" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[5]</a>. Dans une de ses notes, le Netziv utilise cet argument du désintéressement pour expliquer un Midrach Raba concernant le patriarche Jacob lorsqu’il se fit passer pour son frère pour obtenir la bénédiction de son père. Selon ce Midrach, Jacob aurait été puni pour avoir provoqué un cri de désespoir chez son frère Esaü qui avait bel et bien perdu la bénédiction de l'aîné. Une question est légitime : n’aurait-il pas dû d’abord être puni pour avoir trompé son père ??</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Réponse du Netziv : Jacob n’avait pas le choix, il devait agir ainsi. Mais tromper son père lui a causé une grande souffrance intérieure. En revanche, doubler son frère lui a permis de ressentir un plaisir coupable, ce qui ternit son attitude « uniquement orienté vers Dieu », ce qui lui vaut alors d’en assumer les conséquences et de mériter une réprimande.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">A ce stade, nous comprenons à quel point le Netziv choisit de restreindre cette capacité à user de violence légitime au nom de Dieu, au point de ne la réserver qu’à une attitude presque surhumaine (et uniquement biblique ?) de désintéressement total.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Reste notre question principale : Dieu a-t-il ordonné quelque chose à Moïse, oui ou non ?</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Le Netziv n’esquive pas la question et y répond clairement : <em style="margin: 0px; padding: 0px;">« Bien sûr que Dieu lui a ordonné d’agir ainsi »</em>. Mais alors si c’est ainsi, pourquoi l’ordre n’apparaît pas clairement dans le texte de la Thora ?</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Réponse profonde et cohérente du Netziv : il est impossible d’ordonner aux hommes d’atteindre ce niveau suprême « d’amour de Dieu inconditionnel ». Il s’agit d’un niveau qui surpasse même le commandement de « KiddouchHachem », de sanctification du nom de Dieu, et il est impossible de commander quelque chose dont la possibilité d’existence est statistiquement aussi faible. Selon le Netziv, l’ordre de Dieu avait cette forme : <em style="margin: 0px; padding: 0px;">« Si tu trouves des hommes dont la pureté de l’intention est avérée et qui orientent leurs actions uniquement du fait d’un amour de Dieu, alors dis-leur de procéder à cette punition en te réclamant du Dieu d’Israël. Mais si tu n’en trouves pas, il est hors de question de procéder ainsi »</em>.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Le texte se lit alors avec une grande fluidité : Moïse cherche d’abord si des hommes répondent à ce qualificatif (<em style="margin: 0px; padding: 0px;">« Celui qui est pour Dieu vienne avec moi »</em>) et c’est seulement après les avoir trouvés qu’il peut enfin se réclamer d’un ordre divin <em style="margin: 0px; padding: 0px;">« Ainsi a parlé l’Eternel, Dieu d’Israël »</em>.</span></div>
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;">Si l’on peut synthétiser ce commentaire du Netziv, on y trouve les caractéristiques principales de tout grand commentaire de la tradition juive :</span></div>
<ul style="margin: 0px 0px 0px 20px; padding: 0px;">
<li style="margin: 0px; padding: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">Il prend de front les questions que pose le texte, même lorsqu’elles peuvent apparaître de prime abord comme profondément gênantes à notre appréhension première</span></li>
<li style="margin: 0px; padding: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">Les personnages bibliques ne sont pas des « Saints » irréprochables et intouchables. Ils sont « grands », mais leur comportement doit être justifié et recherché par un questionnement incessant. Ils peuvent même parfois être pris en faute<a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftn6" name="_ftnref6" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[6]</a></span></li>
<li style="margin: 0px; padding: 0px; text-align: justify;"><span style="font-family: inherit; font-size: large;">Tout en conservant la dimension absolue des leçons bibliques (ainsi ici la légitimité d’une manifestation de violence au nom de Dieu), la tradition juive, dans la continuité de l’exercice talmudique cherche à les circonscrire dans un espace adapté à l’Homme vivant dans une société et un écosystème relationnel réel et non idéalisé.</span></li>
</ul>
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><span style="margin: 0px; padding: 0px;"><br style="margin: 0px; padding: 0px;" /></span>
</span><br />
<div id="ftn1" style="margin: 0px; padding: 0px;">
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftnref1" name="_ftn1" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[1]</a> Ex(32 ; 25-28)</span></div>
</div>
<div id="ftn2" style="margin: 0px; padding: 0px;">
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftnref2" name="_ftn2" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[2]</a> Rachi en tête Ex (32 ; 27)</span></div>
</div>
<div id="ftn3" style="margin: 0px; padding: 0px;">
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftnref3" name="_ftn3" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[3]</a> Midrash tardif compilé au 10<sup style="margin: 0px; padding: 0px;">ème</sup> siècle attribué à un Amora (Maître du Talmud) du 3<sup style="margin: 0px; padding: 0px;">ème</sup> siècle</span></div>
</div>
<div id="ftn4" style="margin: 0px; padding: 0px;">
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftnref4" name="_ftn4" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[4]</a> Comme celui du Rabbin Nissim Sultan : <a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/commentaire-du-netsiv-ythro.html" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;">http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/commentaire-du-netsiv-ythro.html</a></span></div>
</div>
<div id="ftn5" style="margin: 0px; padding: 0px;">
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftnref5" name="_ftn5" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[5]</a> Notes ajoutées par le Netziv qui forment une sorte de super-commentaire du HaemekDavar, le commentaire principal</span></div>
</div>
<div id="ftn6" style="margin: 0px; padding: 0px;">
<div style="margin-bottom: 1.3em; padding: 0px; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit; font-size: large;"><a href="http://www.lesitedesetudesjuives.fr/blog/tuer-au-nom-de-dieu-une-approche-juive.html#_ftnref6" name="_ftn6" style="color: black; margin: 0px; padding: 0px; text-decoration: none;" title="">[6]</a> Comme Jacob, cf. la mention au HarehevDavar ci-avant</span></div>
</div>
<br />Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-51370377373884458182016-01-21T11:37:00.001+01:002016-01-21T11:37:46.572+01:00La Laïcité entre le marteau et l'enclume<div class="MsoNormal">
Quelle tristesse de voir deux personnalités engagées dans l’avenir de notre pays s’affronter à propos de ce beau concept de
laïcité !<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<b>Jean-Louis Bianco</b> et <b>Manuel Valls</b> semblent chacun prendre parti pour une
vision spécifique de la laïcité, a priori incompatibles. D’un côté les partisans d’une
laïcité « juridique », cantonnant le terme à la neutralité de l’Etat
envers les religions (Article 2 de la loi de 1905) tout en rappelant que le libre exercice d’une
religion se doit d’être garanti par la République, y compris dans l’espace public
(Article 1 de cette même loi).<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br /></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9F_NVBetVXmfmnOmj7JBxF8vGrUB2s9fUA6hmNmZ5A9v7lEhpxxwSYodx1V6Prk5kgTZq2g_N0DndFXEFkV3F7y6HH6_3fCuX93uD6z-WwFNKlCMfuaRqN026-reATYxuATvZgDeO9Jnk/s1600/Valls+Bianco.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="145" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9F_NVBetVXmfmnOmj7JBxF8vGrUB2s9fUA6hmNmZ5A9v7lEhpxxwSYodx1V6Prk5kgTZq2g_N0DndFXEFkV3F7y6HH6_3fCuX93uD6z-WwFNKlCMfuaRqN026-reATYxuATvZgDeO9Jnk/s320/Valls+Bianco.jpg" width="320" /></a>De l’autre, les tenants « culturels » de la
laïcité à la française: dans la droite ligne de la philosophie des
lumières, elle serait un outil d’émancipation de toutes les contraintes
religieuses qui pèsent sur l’individu. D’où l’interdiction des signes religieux
à l’école, sanctuaire de l’élévation de l’élève (pléonasme) et une certaine
réserve nécessaire dans l’espace public quant à la pratique des religions, dans
le but salutaire d’éviter le retour des guerres de religion et d'assurer un environnement favorisant la cohésion nationale.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Nicolas Cadène contre Elizabeth Badinter. Tariq Ramadan contre Caroline Fourest. Abdennour Bidar contre Marine Le Pen. Et donc Jean-Louis Bianco contre Manuel Valls. <br />
<br />
Encore aujourd'hui, deux tribunes opposées sont publiées dans Le Monde: celui de Caroline Fourest pour défendre les opposants à l'Observatoire et celui de Jean Baubérot qui, en grand historien de la laïcité, met en garde contre les "laïcards intégristes".<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />
L’identité des combattants provoque un ébahissement non feint puisqu’au
sein d’une même conception, on trouve des ennemis déclarés, tandis que des
opposants ont parfois partagé des combats politiques communs.<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Que se joue-t-il exactement ? Je dois avouer une grande
perplexité puisque mon esprit ainsi que mes fonctions à la tête du plus
important mouvement de jeunesse juif d’Europe m’autorisent à reconnaître le
bien-fondé des deux positions. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<br />
Soutiens-je l’Observatoire la laïcité ? Bien entendu lorsqu’il
rappelle que les restrictions à la pratique d’une religion sont strictement
encadrées et qu’on ne saurait arguer leur neutralisation dans l’espace public
pour en faire un outil de lutte anti-religions, que ce soit contre la kippa, le
voile ou les processions. Lorsque M. Goasguen met une kippa à l’Assemblée
Nationale en solidarité avec l’enseignant agressé à Marseille, ce n’est pas
forcément d’un goût exquis, mais ça reste laïc, n'en déplaise à Caroline Fourest ! Oublierait-on aujourd’hui
le chanoine Kir, député qui fréquenta les bancs de l’Assemblée en soutane de
prêtre ? A-t-on oublié sa fameuse réplique : <i>« On m'accuse de retourner ma veste et pourtant, voyez,
elle est noire des deux côtés !»</i></div>
<div class="MsoNormal">
De la même façon, il est assez agaçant de voir le camp Fourest/Badinter tracer un parallèle systématique entre les pratiquants d'une religion et une sorte d'archaïsme résiduel qu'on tolérerait au fond de son chez soi, il ne faudrait en effet tout de même pas que la société soit bouleversée par tant de balivernes, vous comprenez...<br />
<br />
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
Cette capacité à permettre de vivre sa religion en France,
tant qu’évidemment elle n’empiète pas sur la liberté d’autrui, c’est l’honneur
de l’Observatoire de la Laïcité de la défendre.<br />
<!--[if !supportLineBreakNewLine]--><br />
<!--[endif]--><o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNkYtHFG8_mX8WKMh611g54zsfzG_al61ABRE6PXowiIUgvKjpRcI0cUQWWekQ2UCxdiaAU_7ilGHGDUWd3MoDRf6SMFv29Tlzjjy7WVYIa_9ogWZ_eZqsB0PnfKT-yd8pfMFsRB1Sio15/s1600/AVT_Elisabeth-Badinter_8545.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="151" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNkYtHFG8_mX8WKMh611g54zsfzG_al61ABRE6PXowiIUgvKjpRcI0cUQWWekQ2UCxdiaAU_7ilGHGDUWd3MoDRf6SMFv29Tlzjjy7WVYIa_9ogWZ_eZqsB0PnfKT-yd8pfMFsRB1Sio15/s200/AVT_Elisabeth-Badinter_8545.jpeg" width="200" /></a>Elisabeth Badinter aurait-elle donc tort ? Non, car il faut
revenir au texte <i>#NousSommesUnis</i>, lancé par CoExister. <o:p></o:p></div>
<div class="MsoNormal">
J’ai un grand respect pour CoExister, qui effectue un
travail extraordinaire pour ce fameux « vivre ensemble » dont tout le
monde parle mais qui n’est finalement mis en pratique que par quelques-uns, dont CoExister justement. <br />
Sollicité,
je n’ai pourtant pas signé ce texte. Et je pense que la signature de l’Observatoire
de la Laïcité fut une erreur. Pour deux raisons majeures:</div>
<div class="MsoNormal">
<span style="text-indent: -18pt;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="text-indent: -18pt;">D’abord le contenu du texte. Moins de 24h après
le massacre de 130 personnes à Paris, l’urgence était-elle de proclamer le
risque de stigmatisation ? Ce piège a pourtant bien été évité par
les Français, durant toute l’année 2015. Alors qu’une menace liée à l’islamisme
djihadiste pèse sur notre pays depuis plusieurs années maintenant, la
principale crainte serait l’amalgame, sans référence aux causes de ce qui a bouleversé
la vie des Français ?</span></div>
<div class="MsoNormal">
<span style="text-indent: -18pt;"><br /></span></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<o:p></o:p></div>
<div class="MsoListParagraphCxSpLast" style="mso-list: l0 level1 lfo1; text-indent: -18.0pt;">
<!--[if !supportLists]-->-<span style="font-size: 7pt; font-stretch: normal;">
</span><!--[endif]-->Ensuite les signataires. Pourquoi ce texte,
comme le dit Jean-Louis Bianco, n’aurait-il pas pu être signé en Janvier ? Parce
qu’il y a des associations, qui en Janvier ont été ambiguës. Qui, sous couvert de
« Je ne suis pas Charlie » ou même de relation aux Juifs plus que
douteuse, ont refusé les appels à l’unité, indépendamment des désaccords
conceptuels (et sains dans une démocratie) séparant ses différentes parties
prenantes. Il n’est d’ailleurs pas anodin que cette tribune mentionne la lutte
contre le racisme (les morts de Janvier et Novembre ont-ils été victimes de
racisme ?) mais pas l’antisémitisme, alors que ces deux termes sont d’habitude
toujours liés lorsqu’il s’agit de les combattre. <o:p></o:p></div>
<br />
<div class="MsoNormal">
Or cette unité n’est pas négociable, elle doit pouvoir s’affirmer
surtout lorsqu’elle coûte, elle ne peut pas être un objet médiatique en
novembre alors que Janvier fut le mois de la fine bouche. Lorsque la laïcité
est un paravent commode permettant de ne pas combattre ceux qui remettent en
cause l’harmonie de la société française, alors oui il faut se battre pour qu’elle
ne soit pas dénaturée.<br />
<br />
Je soutiens Jean-Louis Bianco lorsqu’il permet à chaque Français de vivre sa
spiritualité, athée ou religieuse, de façon épanouie, sans qu’il ait besoin de
s’en cacher.<br />
Je soutiens Manuel Valls lorsqu’il lutte contre une idéologie mortifère qui utilise
parfois la laïcité comme un outil permettant d’atteindre des fins néfastes.<br />
N’est-il pas envisageable de trouver un espace commun où ces deux serviteurs de
la Nation puissent faire cause commune ? C’est mon vœu le plus cher.</div>
<o:p></o:p>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-21421670706789069332013-03-11T00:31:00.000+01:002013-03-13T17:21:42.247+01:00Parcours de lecture Yeshayahou Leibowitz<div>
Google, Internet, la mondialisation, c'est sympa, mais parfois c'est trompeur.</div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdswKaI3KGN5WQbzhm829JrF8hNbbKmT1JEIsf2WnbW3p5dIhLTNg4bWFyxqItNBkPyHwHoLyqu7FM8MW54y8Kkjkc7G39oyigBWW0TpMcVBo9x5R1tjzsWCrEcY8azgYkUPUeAy7zx21X/s1600/leibovitz01.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="209" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgdswKaI3KGN5WQbzhm829JrF8hNbbKmT1JEIsf2WnbW3p5dIhLTNg4bWFyxqItNBkPyHwHoLyqu7FM8MW54y8Kkjkc7G39oyigBWW0TpMcVBo9x5R1tjzsWCrEcY8azgYkUPUeAy7zx21X/s320/leibovitz01.jpg" width="320" /></a><br />
<div>
Je m'explique: lorsque vous tapez <b>"Yeshayahou Leibowitz"</b> dans Google, les principaux liens auxquels vous accédez par la première page sont des textes ou des interviews relayés par des sites alter-mondialistes et/ou pro-palestiniens qui, signe des temps, sautent sur le premier slogan venu, et effectivement, le terme "judéo-nazi" prononcé par un vieux professeur en kippa noire, ça fait bizarre. Mais du coup, le risque, c'est de passer à côté du génie de ce penseur hors normes.<br />
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Non pas que je pense qu'il faille dissocier ses prises de position politiques de ses analyses sur le judaïsme et l'avenir du peuple juif: ils forment un tout. Mais Leibowitz vaut mieux qu'une simple vidéo dans lequel il utilise des termes parfois choquants (DisKotel pour parler du Mur des Lamentations par exemple): ce n'est pas (seulement) un grand provocateur devant l'éternel. C'est un penseur extrêmement rigoureux, d'une logique presque implacable et dont la lecture procure à tout celui qui le découvre une sorte d'illumination et de délectation assez rare.<br />
Ses approches sont à la fois très traditionnelles, très modernes et très innovantes. Ne pas lire Leibowitz quand on est Juif au XXIème siècle, c'est comme être adolescent dans les années 80 et n'avoir jamais écouté Michael Jackson.<br />
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Cette série de billets sur Leibowitz ont deux objectifs:<br />
1) D'abord flécher un parcours de lecture pour donner envie de découvrir Leibowitz. De nombreux ouvrages ont été traduits en français et peuvent faire l'affaire, depuis une initiation pour novice jusqu'à des ouvrages plus fouillés.<br />
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2) Ensuite répondre à certains commentateurs, comme mon ami Gabriel du blog Modern-Orthodox, <a href="http://www.modernorthodox.fr/article-leibowitz-et-moi-115897597.html" target="_blank">qui lui adressent certaines critiques parfois légitimes</a><br />
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Comment démarrer quand on ne connaît pas du tout Leibowitz ?<br />
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Personnellement, je commencerais par <b>"Brèves Leçons Bibliques"</b> aux éditions Desclée de Brouwer. Il s'agit de la transcription de petits commentaires radiophoniques que Leibowitz dispensa sur les ondes de Galei Tsahal.<br />
Ce qui frappe, c'est l'intensité et l'absence de blabla apologétique dans ces textes, qui font oralement moins de 15 minutes.<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrjbBNRqalQQVtkKTrklWYEwTR3MmUL7xJ9Tss5-ZJT6CUonxAxFZUlLE5SG9_9rIEaes53Dyrk41ysw-tpOL7GEBdqv-qltHnN2KyOQ2AgodHwCSUyFyzNizcIIOqlgClh2SnWTM-n43y/s1600/Bre%CC%80ves+lec%CC%A7ons+bibliques.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrjbBNRqalQQVtkKTrklWYEwTR3MmUL7xJ9Tss5-ZJT6CUonxAxFZUlLE5SG9_9rIEaes53Dyrk41ysw-tpOL7GEBdqv-qltHnN2KyOQ2AgodHwCSUyFyzNizcIIOqlgClh2SnWTM-n43y/s320/Bre%CC%80ves+lec%CC%A7ons+bibliques.jpg" width="195" /></a>Dans Berechit, vous comprenez que dans le verset <i>"Dieu Créa le Ciel et la Terre"</i>, il y a catégoriquement un refus de Spinoza: Dieu, ce n'est pas la Nature. Mais c'est également un refus de la doctrine humaniste, qui place l'Homme au centre de la nature.<br />
Mais rapidement, les exemples deviennent concrets et abordent la classique question de "la croyance en Dieu". Par exemple lors d'un commentaire sur la Ligature d'Isaac:<br />
<i>"Je ne puis m'empêcher de vous parler d'un homme à la haute stature intellectuelle et morale, qui appartient au monde du judaïsme (Haïm Cohen, ancien Président de la Cour Suprême de l'Etat d'Israël), et qui déclara qu'après Auschwitz il perdit sa foi en Dieu. Je lui ai rétorqué: Vous n'avez jamais cru en Dieu, vous avez cru en l'aide de Dieu et c'est en cette croyance-là que vous avez été déçu. Dieu n'a pas aidé. Mais celui qui croit en Dieu ne rattache pas sa croyance à la foi en l'aide de Dieu, et précisément il n'attend pas après cette aide. Il croit en Dieu à cause de sa divinité et non pour des fonctions qu'il lui attribue par rapport à l'homme."</i><br />
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Autant vous dire la vérité: lorsque j'ai lu ça pour la première fois, j'ai passé un nuit blanche.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRgSsJ9tfGMQK2h6Gbctu8sJcIUCsYoznf8sYwl04qy2I8hWCfw1WhzhBjolanUWeEbmgrURk8Ph9ozAL2IqoMjbFd0qM4EhMQP377QcoumEUMLrFcSoeVX2s3DW602Mq1WQUmZR5lmI_h/s1600/leibo.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="222" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRgSsJ9tfGMQK2h6Gbctu8sJcIUCsYoznf8sYwl04qy2I8hWCfw1WhzhBjolanUWeEbmgrURk8Ph9ozAL2IqoMjbFd0qM4EhMQP377QcoumEUMLrFcSoeVX2s3DW602Mq1WQUmZR5lmI_h/s320/leibo.jpg" width="320" /></a><br />
Leibowitz fait également très attention, comme tout commentaire de talent du pentateuque, à la langue employée par la Thora, dont les aspérités disparaissent parfois totalement dans les traductions françaises.<br />
Leibowitz rapporte un Midrach qui relève que le Pharaon de Joseph rêvait qu'il était "Al Hayeor", "Sur le Nil", le Nil étant pour l'Egypte une véritable divinité. Alors que pour Jacob, il est écrit "Et l'Eternel se tenait Alav", on peut comprendre qu'il se tient sur l'échelle, mais aussi sur Jacob.<br />
<i>"Que signifie ce profond Midrach ? Dans les deux cas, il s'agit de personnes croyantes, conscientes du statut de l'homme face à Dieu. Pharaon l'idolâtre, est un croyant, mais son dieu, il le conçoit comme un moyen pour satisfaire ses besoins. "Il se maintient sur son dieu". Il possède un dieu qui le porte, un dieu pour lui, pour veiller à son bien-être et à son existence. Jacob à l'inverse, accepte d'être le porteur de Dieu, il ne demande pas à Dieu que celui-ci le fasse exister, mais il prend à sa charge d'être celui qui donne existence à la foi en Dieu"</i><br />
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Il y a des passages très émouvants, comme le commentaire de la Paracha Bo, où il débat avec un officier supérieur de Tsahal à propos de la différence de signification de Pessah pour le citoyen israélien et pour le croyant. (J'en avais fait une recension <a href="http://lemondejuif.blogspot.fr/2007/04/tazria-lunit-du-peuple-juif-un-mythe.html" target="_blank">dans ce billet</a>)<br />
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On y trouve également des sources traditionnelles parfois peu diffusées, comme ce <b>Ketsot Hahochen</b> (commentaire du Shoulkhan Aroukh) surprenant: <i>Il est impossible d'admettre que la halakha pratique nous fut matériellement donnée par Dieu et que nous soyons liés à elle au pied de sa lettre "car si elle avait été donnée par écrit par Dieu, elle nous aurait été incompréhensible, car comment l'intellect humain pourrait-il comprendre la Thora de Dieu ?"</i><i> </i>ou ce <b>Mechekh Hokhma </b>(Rabbi Meir Simha Hacohen de Dvinsk) sur un sujet qui préoccupe particulièrement Leibowitz: la sainteté intrinsèque des objets : <i>"Ne croyez pas que le Sanctuaire et le Temple soient des objets saints en eux-mêmes. A Dieu ne plaise !. Dieu habite parmi ses enfants, et s'ils ont comme Adam violé l'Alliance, toute sainteté est ôtée à ces objets qui deviennent profanes, de la même manière qu'ils auraient été désacralisés par des malfaiteurs. (...) En conclusion, il n'y a rien dans le monde qui soit saint, Il n'y a que le nom de Dieu qui soit saint car il n'y a pas dans la création de sainteté en soi, si ce n'est par l'observance de la Thora, conformément à la volonté de l'Eternel.</i><br />
<i></i><br />
Evidemment un tel texte est explosif pour le courant sioniste-religieux en Israël qui a tendance (comme d'autres sources le permettent il faut bien le dire) à affecter une sainteté intrinsèque à la Terre d'Israël et à en tirer des conclusions politiques.<i><br /></i>On y trouve également de nombreuses considérations que le pouvoir politique et son lien avec la Tradition juive, le tout exprimé dans un langage simple, accessible, mais terriblement percutant.<br />
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Que lire ensuite ?<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEge0wmP-QptwHfWtt73iDJ6YQLCc_CBRAv4lQmLkcQQ7EHM2nnvPGrtBLy5iuoN_2C8IhXmzTwx-0-Q2z9TRuigV0dufTar0sJwTgHoIiXA5Qr-GejP2rwdA1nAMEGd8J0YszYjXTSxL-my/s1600/Fondements+judai%CC%88sme.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEge0wmP-QptwHfWtt73iDJ6YQLCc_CBRAv4lQmLkcQQ7EHM2nnvPGrtBLy5iuoN_2C8IhXmzTwx-0-Q2z9TRuigV0dufTar0sJwTgHoIiXA5Qr-GejP2rwdA1nAMEGd8J0YszYjXTSxL-my/s200/Fondements+judai%CC%88sme.jpg" width="121" /></a>On peut poursuivre la découverte de ses interprétations judaïques dans deux livres sortis aux éditions Cerf, l'un sur les fêtes juives (et intitulé sobrement <b>"les fêtes juives"</b>) l'autre sur les Pirkei Avot (Traité des Pères) qui regroupent les commentaires de Leibowitz sur ce traité célèbre et intitulé moins sobrement <b>"les fondements du judaïsme"</b>.<br />
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Cependant, le livre qui a la densité la plus importante, parce qu'il couvre des domaines aussi différents que le Sionisme, l'Etat d'Israël, le Peuple Juif, le judaïsme, le christianisme, l'antisémitisme, la Shoah, la philosophie, la prière, la psychanalyse, la démocratie, le socialisme, les sciences du cerveau, le déterminisme, etc... c'est <b>Israël et Judaïsme</b>, aux éditions Desclée de Brouwer.<br />
Il s'agit d'un livre d'entretien paru en 1987 en hébreu (et en 1993 en français) qui nous fait bien toucher du doigt le caractère très provocant de Leibowitz, mais aussi le côté ultra-logique voire implacable de ses raisonnements.<br />
C'est également plein d'anecdotes historiques très croustillantes pour ceux qui s'intéressent aux grandes figures du judaïsme et du sionisme au XXème siècle (Ben Gourion, Berl Katznelson, Guershom Sholem, Martin Buber, le Rav Kook, etc...), aux grands événements du XXème siècle pour le peuple juif: la Shoah, la création de l'Etat d'Israël, le procès Eichmann, la guerre des 6 jours, etc... et aux grandes questions qui se posent au judaïsme contemporain: "Qui est Juif ?", les rapports avec le christianisme, l'humanisme (Leibowitz n'est pas un humaniste), le lien entre religion et Etat, etc, etc... <br />
C'est toujours clair, précis, tranchant et même parfois drôle. Par exemple cet échange entre Leibowitz et le célèbre historien de la Cabbale Guershom Scholem: <i>"Scholem
me dit un jour: "Tu crois en la Thora, mais tu ne crois pas en Dieu".
Je lui ai répondu: "Toi, tu ne crois ni en la Thora ni en Dieu. Mais, on
ne sait pourquoi, tu crois à la singularité du peuple juif".</i> <br />
Nous français, sommes satisfaits de noter que Leibowitz désigne Emmanuel Lévinas dès 1986 comme le plus grand philosophe Juif de l'époque, alors qu'il était très peu introduit en Israël, même dans les milieux académiques, preuve de son extrême attention à toutes les évolutions du monde de la pensée. <br />
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<i></i><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhG-9vBqnpGRquFkcJMp7UiXfnykr4pZ6jJhbgdSDt5QDDLaerbwZO3sq_z9UhHd8nTtpnyXlcOaeuEoHmaSe6XWvrtR89Umi-niekPzsw7kPhgfhkfCmq3lguJ2upZlva3Wee09WQbNfVg/s1600/Israe%CC%88l+et+judai%CC%88sme.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhG-9vBqnpGRquFkcJMp7UiXfnykr4pZ6jJhbgdSDt5QDDLaerbwZO3sq_z9UhHd8nTtpnyXlcOaeuEoHmaSe6XWvrtR89Umi-niekPzsw7kPhgfhkfCmq3lguJ2upZlva3Wee09WQbNfVg/s320/Israe%CC%88l+et+judai%CC%88sme.jpg" width="193" /></a>J'ai dû lire ce livre entièrement plus de 15 fois et j'y ai à chaque lecture trouvé de nouveaux éclairages, qui venaient compléter ou rentrer en conflit avec ce que je lisais par ailleurs. C'est d'ailleurs ce qu'a dû ressentir Michael Shashar, l'auteur qui l'interviewe dans ce livre puisqu'il va jusqu'à affirmer dans son introduction la chose suivante: <i>"J'ai eu la chance, au cours de mes années de travail, de passer de nombreuses heures parmi des personnalités et des érudits, et de m'entretenir avec eux. Comptaient parmi eux David Ben Gourion, Moshe Sharett, Nahum Goldman, Moshe Dayan, Zalman Shazar, Gershom Scholem, le Rabbi de Loubavitch et le Rav Y.D Soloveïtchik. Aucun ne m'a autant saisi par ses paroles si érudites, si logiques, et à la forme simple, claire et vive, comme Y.Leibowitz. Chaque conversation avec lui fut une grande expérience. Je ressentais à chaque fois, après coup, que j'avais, à cause de ses dures paroles accru aussi bien mon savoir que ma douleur. (...) Sa simplicité, son humilité, sa relation simple et chaleureuse envers tout homme, lui sont aussi très particulières, et je ne connais aucune autre grande personnalité se comportant envers tout homme avec une telle véritable modestie."</i><br />
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Une fois que vous en êtes arrivés là, vous devriez avoir une très bonne compréhension de ce que Leibowitz apporte en termes de formulation des problèmes du judaïsme contemporain, comme pour les réponses qu'il y apporte.<br />
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Il est possible d'approfondir certains points, comme son interprétation de celui qu'il considère comme le plus grand Maître de la Tradition juive, Maïmonide, dans son Emounato shel Harambam, traduit aux éditions du Cerf <b>"La foi de Maïmonide"</b>.<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmVre90BhwK3Q_wkxZyhR_9WVNw1eVcN0yame_E-eVMOi7sUdtktDI5ZlWipwe5NApaFO-fKDKZ6l84IJMrl7BMcs2CCiuTwsal0beWb2EzYtuWbTpobPmJwxfEJlwyTfLApvwIss9wUFw/s1600/Corps+et+Esprit.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmVre90BhwK3Q_wkxZyhR_9WVNw1eVcN0yame_E-eVMOi7sUdtktDI5ZlWipwe5NApaFO-fKDKZ6l84IJMrl7BMcs2CCiuTwsal0beWb2EzYtuWbTpobPmJwxfEJlwyTfLApvwIss9wUFw/s320/Corps+et+Esprit.jpg" width="320" /></a>Vous pouvez également aller voir du côté d'ouvrages moins juifs, mais tout aussi passionnants qui montrent la grande maîtrise de Leibowitz en philosophie des sciences (c'était un grand adepte de Karl Popper) mais aussi des sciences du cerveau (Leibowitz était Professeur de Neurologie et de Chimie organique à l'Université Hébraïque de Jerusalem): <b>Science et Valeurs</b> aux éditions Desclée de Brouwer qui analyse de façon radicale le lien entre les Sciences et les Valeurs morales et éthiques de l'homme. <b>Corps et Esprit</b> aux éditions Cerf qui démontre de façon définitive et magistrale que penser que les progrès de la neurobiologie pourront un jour comprendre parfaitement la vie psychique de l'homme est une illusion philosophique et epistémologique.<br />
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Mais il est aussi possible que vous commenciez à vous poser des questions: oui, Leibowitz c'est très fort, c'est très puissant, c'est très logique, c'est fascinant. Mais n'y a-t-il pas une faille ? N'est-ce pas trop "théorique" ? Le style de Leibowitz, parfois péremptoire même s'il donne à penser, ne cache-t-il pas quelque chose ?<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijERn0MNAKHtTPKIHCIqLj4bcgDyDHCFIz08dwAJx81e6q4CiSY6QuJFONwZsl5_DxryovybKX9AOpv8X-y2A_AofLn0rV5jx9MuXbR_eZKijUd1SKLjwzLvW-GhmJvNNDYh8r67G-oujF/s1600/Pense%CC%81e+de+la+religion.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEijERn0MNAKHtTPKIHCIqLj4bcgDyDHCFIz08dwAJx81e6q4CiSY6QuJFONwZsl5_DxryovybKX9AOpv8X-y2A_AofLn0rV5jx9MuXbR_eZKijUd1SKLjwzLvW-GhmJvNNDYh8r67G-oujF/s200/Pense%CC%81e+de+la+religion.jpg" width="128" /></a>Si vous en arrivez là, ce qui est une très bonne chose, vous êtes bon pour la lecture, un peu plus ardue et véritablement philosophique de la seule analyse pertinente en langue française de la pensée de Leibowitz, réalisée par Jean-Marc Joubert: <b>"Leibowitz, une pensée de la religion" </b>aux éditions du CNRS. Et là, vous comprenez que, même si, comme toute pensée, celle de Leibowitz est critiquable, son caractère novateur et cohérent tient une place importante dans le champ philosophique et de la pensée en général. Et vous fait admirer encore plus le personnage quand vous comprenez qu'il a anticipé de plusieurs années les évolutions du judaïsme dans ce nouveau monde dans lequel le déterminisme et la technique semblent réussir à englober toute l'activité pensante de l'homme.<br />
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Bon, vous l'aurez compris, je suis fan. Un autre billet à venir sera destiné à répondre aux principales critiques qui sont en général faites à Leibowitz, que je tiens en général comme assez faibles.<br />
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Mais ça sera pour une prochaine fois ! A très bientôt !</div>
Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com11tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-13177662889181888922012-12-30T13:15:00.000+01:002012-12-30T13:15:00.274+01:00Mondialisation et judaïsme: cas pratique<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyzpAX1mrtcD8PDvK9yFKLpfnCfs5qHsYxH5kco8p7hLc0mcuE7GQyU1PKberr-gCA65lNnOuExUU30RLFgSadn3sZKUCkolv0ZizJ_dCr3guByKrB_p6LssgMHuv4_VAD6yFsTT4l5t71/s1600/La+terre+est+plate+Friedman.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjyzpAX1mrtcD8PDvK9yFKLpfnCfs5qHsYxH5kco8p7hLc0mcuE7GQyU1PKberr-gCA65lNnOuExUU30RLFgSadn3sZKUCkolv0ZizJ_dCr3guByKrB_p6LssgMHuv4_VAD6yFsTT4l5t71/s320/La+terre+est+plate+Friedman.jpg" width="320" /></a></div>
La mondialisation a envahi nos sociétés. C'est non seulement dans tous les journaux, mais c'est une réalité que chacun peut percevoir dans sa vie quotidienne, qu'elle soit personnelle ou professionnelle. Depuis "Le Terre est plate" de <b>Thomas Friedman</b>, on sait que le développement des technologies de l'information, associé à une plus large ouverture des frontières et des échanges, a considérablement transformé notre monde.<br />
Le judaïsme et le monde juif ne pouvaient évidemment pas y échapper (Philosophie Magazine rappelait récemment que les juifs étaient les membres d'une religion les plus mobiles et nomades, loin devant les chrétiens ou les musulmans). <br />Les conséquences me paraissent nombreuses, mais loin de moi l'idée de produire un essai systématique sur le sujet, j'ose espérer que certains chercheurs sont déjà sur le coup.<br />
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Non, ce que je voulais faire, c'est partir d'un petit cas pratique pour illustrer ce sujet. Regardez cette vidéo:<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/mo6WMef3SP0?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div>
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Il s'agit d'une chanson extraite du magnifique concert que <b>Yaakov Shwekey</b> a donné à Césarée en 2008. Yaakov Shwekey est un chanteur américain et une des plus grandes stars de ce qu'on pourrait appeler la "Pop Hassidique": des chanteurs s'inspirant de la tradition Hassidique qui valorise le chant et la musique, qui s'appuient sur des textes issus de la tradition, mais avec des musiques originales aux accents Pop, souvent accompagnées des dernières techniques musicales et autres arrangements. Un des plus connus étant <b>Avraham Fried</b> (vous savez, Baroukh Haba Melekh Hamachiah), mais Yaakov Shwekey a aujourd'hui brillamment pris la relève et enchaîne succès sur succès agrémentés de concerts aux salles toujours pleines.<br />
La chanson s'appelle "Vehi Cheamda", est inspiré d'un texte de la Haggada de Pessah, mais dont la musique a été composée par Yonathan Razel, qui vient chanter avec Shwekey lors du concert pour un incroyable duo.<br />
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Quel rapport avec la mondialisation ?<br />
Déjà, la simple existence du concept de "Pop Hassidique" est une innovation des ces quelques dernières dizaines d'années et doit beaucoup à l'impact de la pop music sur les cercles juifs traditionnels, qui n'ont jamais considéré la musique comme étant un danger pour le bien-être de leurs ouailles (contrairement à la télévision par exemple). Cela s'appuie notamment sur certaines sources halakhiques dans lesquelles je ne vais pas rentrer ici (la musique n'est pas "Mekabel Touma"), ce qui donne parfois des Hazanim dans les synagogues mettre des paroles saintes sur la musique de Titanic sans que cela ne choque personne (ou presque, certains vieux Meknassi ont un peu de mal...).<br />
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Mais allons un peu plus loin. Si l'on tend un peu l'oreille, l'accent des deux chanteurs du duo n'est pas exactement le même. Un seul exemple, leur façon de prononcer le mot<b> "Lekhalotenou"</b>. Razel le prononce tel que je viens de l'écrire, alors que Shwekey le prononce<b> "Lekhalossenou"</b>, à l'ashkénaze, en prononçant la dernière lettre de l'alphabet hébraïque comme le son "s".<br />
Rien de spécial me direz-vous ? Juste un Ashkénaze et un Séfarade qui chantent ensemble ? Déjà rien que ça, c'est un produit de la mondialisation: avant la Seconde guerre mondiale, ce n'était pas si fréquent.<br />
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Mais là où c'est plus piquant, c'est que l'Ashkénaze et le Séfarade ne sont pas ceux qu'on croit. D'abord, qu'est-ce que c'est que ce nom Shwekey ?? Pas très courant aux Etats-Unis, en tous cas moins que les Berkowits, Lewin ou Silverstein. Pas étonnant en fait, puisque le père de Yaakov Shwekey s'appelait.....<b>Choueka !</b> Donc un quidam d'origine syrienne et égyptienne qui, lorsque la famille émigra aux Etats-Unis fit probablement la rencontre d'un officier d'état civil un peu bêta (qui a dit pléonasme ?) et qui transforma Choueka en Shwekey. Yaakov Shwekey reçut donc une pure éducation juive américaine et récupéra cet accent si caractéristique de ce mélange anglo-yiddisho-hébraïque.<br />
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Et Razel ? Eh bien, issu d'une famille ashkénaze new-yorkaise, il émigra en Israël qui, comme chacun sait désormais, et au grand désespoir de l'intelligentsia juive allemande qui émigra dans les années 30, est un pays oriental. Contrée du levant donc, qui eut rapidement raison de la prononciation ashkénaze de l'hébreu. Et donc Razel, Juif ashkénaze, prononce Lekhalotenou en prononçant le Tav comme un Séfarade et comme la quasi-totalité des israéliens (je vois d'ici les grands yeux de ceux qui me reprocheront de ne pas parler des Yéménites, qui posséderaient paraît-il la prononciation originale de l'hébreu, mais ça sera pour un autre post les gars).<br />
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Les pointilleux y verront une énième illustration du rôle de grande lessiveuse de la mondialisation, qui gomme les distinctions et spécificités culturelles pour en faire un grand village global uniforme. De fait, il y a fort à parier que la prononciation de l'hébreu est effectivement en train de s'harmoniser dans tous les pays du globe où il est parlé et prié. Est-ce grave docteur ?<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAcx6V1lHz-pHVfsQqI1sf7VtjU8Xsg_HUZIPPTSgkyMlB2Yek0HWFdk5p2Froo2BHpkoLjlci7PA_ujV6iPEdFWdDu9O_W7jNnm_F8nkguNVFcllXkoeRiNArJ_kyGyqoRyyCRUlQlo_-/s1600/Mimouna.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgAcx6V1lHz-pHVfsQqI1sf7VtjU8Xsg_HUZIPPTSgkyMlB2Yek0HWFdk5p2Froo2BHpkoLjlci7PA_ujV6iPEdFWdDu9O_W7jNnm_F8nkguNVFcllXkoeRiNArJ_kyGyqoRyyCRUlQlo_-/s1600/Mimouna.jpg" /></a>Car dans l'autre sens, certaines caractéristiques minoritaires ne disparaissent pas mais se diffusent globalement dans toute la société et prennent de nouvelles formes: c'est le cas par exemple de la Mimouna, grande fête de clôture de la fête de Pessah, originellement importée en Israël par la communauté marocaine et qui fait aujourd'hui partie du paysage culturel israélien. Il n'est plus envisageable qu'un Premier Ministre israélien reste tranquillement chez lui le soir de la Mimouna: il doit faire le tour de ses hôtes marocains pour manger la Moufleta !<br />
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Mais comme je le disais, le sujet est plus complexe et mériterait que des chercheurs s'y penchent de façon plus sérieuse qu'un billet de blog débonnaire et amateur :-)<br />
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<br />Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-42820242463832245092012-05-04T00:45:00.002+02:002012-05-04T00:45:53.259+02:00Le judaïsme au travailPratiquer le judaïsme n'a pas toujours été facile. Evidemment, au XXIème siècle, il n'est plus question de pogroms et de persécutions depuis quelques dizaines d'années, mais il reste encore quelques petites difficultés, notamment dans la vie professionnelle.<br />
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Un Juif pratiquant ne travaille pas le samedi. Doit s'arrêter le vendredi lors du coucher du soleil (ce qui équivaut à 4h de l'après-midi en hiver). Doit s'arranger avec des périodes de fête qui obligent parfois à poser mardi et mercredi pendant 3 semaines sur 4 en octobre. Et expliquer que son régime alimentaire l'oblige à des contorsions telles, qu'alors que toute la tablée déguste fois gras et champagne, il est obligé de se taper une salade de fruits avec un coca.<br />
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Mais tout ça se vivait jadis de façon souvent discrète, en essayant de s'arranger du mieux possible avec ses patrons et en tentant de déranger le moins possible l'environnement professionnel. Jusqu'à....ce que l'islam prenne la place qu'il a aujourd'hui dans la société française et que le fait religieux fasse son irruption dans les problèmes de société à résoudre, ce qui nous a valu un piteux développement sur les viandes Hallal et Casher lors de cette élection présidentielle.<br />
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Et les entreprises, souvent en avance sur la pratique politique, commencent désormais à se saisir du sujet.<br />
La société dans laquelle je travaille, un leader mondial du Consulting, a mis en place un groupe de travail sur le fait religieux en entreprise, auquel je participe.<br />
Le sujet m'intéresse évidemment, mais je dois dire que c'est absolument passionnant. Aidés par Dounia Bouzar, anthropologue spécialisée sur le fait religieux en général et sur l'Islam en particulier, qui a créé un cabinet de conseil avec sa fille, nous abordons les différentes facettes du fait religieux en entreprise afin de créer un référentiel permettant d'aider les managers dans leur appréhension de différentes situations.<br />
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On en apprend énormément:<br />
- D'abord, le fait que la France est un cas particulier en Europe. Alors que dans la plupart des pays européens, ça ne dérange personne de porter un foulard ou même de prier au travail, c'est quelque chose qui provoque en France un raidissement, voire un effroi. La manifestation de la religion dans l'espace public est encore très peu acceptée.<br />
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- Mais ce qui est extraordinaire, c'est que la Loi, tant française qu'européenne est très claire: la liberté de conscience est absolue et la manifestation de ses convictions religieuses est très compliquée à réprimer. En bref, pour réduire la liberté de culte, il faut qu'un Etat publie une Loi spécifique et que celle-ci, pour être légale, doit prouver que le comportement réprimé va à l'encontre de l'ordre public et porte atteinte au droit d'autrui. En d'autres termes: une entreprise qui souhaiterait virer une personne qui porte un foulard au travail se fera condamner 9,9 fois sur 10 par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, même si les tribunaux français peuvent être beaucoup plus ambivalents, surtout depuis le 11 septembre.<br />
<br />
- Pour ce qui est des Juifs, les études menées par Dounia Bouzar en entreprise montrent des choses intéressantes: il n'y a quasiment pas de Juifs pratiquants non-cadres dans les entreprises françaises. C'est un constat étonnant, mais qui s'explique. Un Juif pratiquant doit avoir une maîtrise de son temps très importante: entre le Chabbat, les Fêtes, les jeûnes, etc...le fait d'être fortement contraint par un emploi du temps ne permet pas d'assumer ses obligations religieuses. Dounia Bouzar est allé voir le Consistoire qui lui a confirmé que les Juifs pratiquants non cadre avaient deux choix: soit créer leur propre entreprise, soit intégrer des entreprises "communautaires" via le bureau du Chabbat par exemple. De là viendrait donc le prétendu caractère entrepreneurial des Juifs ? C'est une piste sérieuse....<br />
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- Autre élément moins reluisant: lorsqu'on demande à des salariés d'une entreprise du CAC40 ce que leur inspire la diversité, elles ont entendu ça: "La Diversité ? On adore la diversité ! La preuve, quand il s'est agi de trouver un financier, on a cherché le meilleur financier. Donc on a pris un Juif ! Et on peut vous dire qu'il est vraiment super bon !" Tout ça évidemment dit très sérieusement. Je passe sur certains de mes chers lecteurs juifs qui sont absolument convaincus qu'en effet, si on veut un bon financier on est obligé de prendre un Juif.....<br />
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Les cas pratiques devraient désormais être traités les uns après les autres, mais ce qui est certain, c'est qu'on s'oriente, même en France, vers une plus grande publicité de la manifestation religieuse dans l'espace public et ce, y compris dans le milieu professionnel. Tiré par le volume de cas important généré par l'Islam, la pratique juive devrait bien entendu en profiter, même si le caractère très particulier du contexte français peut susciter d'ici là quelques tensions importantes.... A suivre !<br />
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<br />Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-40031725983477823012012-01-02T00:39:00.001+01:002012-01-02T00:41:31.555+01:00(Petit) Voyage au sein du judaïsme américain Episode 2: Chicago, suite + NYC<div class="MsoNormal"><span lang="FR"><a href="http://lemondejuif.blogspot.com/2010/08/petit-voyage-au-sein-du-judaisme.html">Nous en étions donc</a> au samedi matin, dans un petit oratoire Loubavitch de West Rogers Park. J'arrive un peu plus tôt que le début de l'office (ce qui ne m'arrive en général jamais), et parcourt la petite bibliothèque, assez classique dans son contenu pour une Schule américaine et où je retrouve donc toutes les principales productions d'Artscroll.<br />
Qu'est-ce qu'Artscoll ? Pourquoi une maison d'édition a-t-elle pris autant d'importance au point qu'on parle aux Etats-Unis de révolution Artscroll et qu'un livre vient de sortir pour revenir sur le phénomène (<b>Orthodox by Design, the Artscroll Revolution de Jeremy Stolow</b>) ?<o:p></o:p></span><br />
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</span></div><div class="MsoNormal"><v:shapetype coordsize="21600,21600" filled="f" id="_x0000_t75" o:preferrelative="t" o:spt="75" path="m@4@5l@4@11@9@11@9@5xe" stroked="f"> <v:stroke joinstyle="miter"> <v:formulas> <v:f eqn="if lineDrawn pixelLineWidth 0"> <v:f eqn="sum @0 1 0"> <v:f eqn="sum 0 0 @1"> <v:f eqn="prod @2 1 2"> <v:f eqn="prod @3 21600 pixelWidth"> <v:f eqn="prod @3 21600 pixelHeight"> <v:f eqn="sum @0 0 1"> <v:f eqn="prod @6 1 2"> <v:f eqn="prod @7 21600 pixelWidth"> <v:f eqn="sum @8 21600 0"> <v:f eqn="prod @7 21600 pixelHeight"> <v:f eqn="sum @10 21600 0"> </v:f></v:f></v:f></v:f></v:f></v:f></v:f></v:f></v:f></v:f></v:f></v:f></v:formulas> <v:path gradientshapeok="t" o:connecttype="rect" o:extrusionok="f"> <o:lock aspectratio="t" v:ext="edit"> </o:lock></v:path></v:stroke></v:shapetype><v:shape alt="Orthodox by design.jpg" id="Picture_x0020_1" o:spid="_x0000_s1028" style="height: 168.75pt; margin-left: 0; margin-top: 0; mso-position-horizontal-relative: margin; mso-position-horizontal: left; mso-position-vertical-relative: margin; mso-position-vertical: center; mso-wrap-distance-bottom: 0; mso-wrap-distance-left: 9pt; mso-wrap-distance-right: 9pt; mso-wrap-distance-top: 0; mso-wrap-style: square; position: absolute; visibility: visible; width: 168.75pt; z-index: 1;" type="#_x0000_t75"> <v:imagedata o:title="Orthodox by design" src="file:///C:\Users\JEREMI~1.HAD\AppData\Local\Temp\msohtmlclip1\01\clip_image001.jpg"> <w:wrap anchorx="margin" anchory="margin" type="square"> </w:wrap></v:imagedata></v:shape><span lang="FR"><o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia6MOxXnAQBmc2xfbqBps9MEqnKooBQJCpUFcfqW_9T2cX28g6WGVUy1zwviYC6la66kcZSg9HPQxociKSbiaRpQqN7QIpA8xP9kCtkkLbUjp0IlxTvbazkmde8BEJ9d-XIpvy6ec2g4k6/s1600/Orthodox+by+design.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEia6MOxXnAQBmc2xfbqBps9MEqnKooBQJCpUFcfqW_9T2cX28g6WGVUy1zwviYC6la66kcZSg9HPQxociKSbiaRpQqN7QIpA8xP9kCtkkLbUjp0IlxTvbazkmde8BEJ9d-XIpvy6ec2g4k6/s1600/Orthodox+by+design.jpg" /></a><span lang="FR">Au début, l’idée est simple : faire des livres traitant de thèmes religieux, avec une partie anglaise (traduction ou commentaire) mais en soignant leur aspect extérieur, leur typographie et leur fabrication. C’est simple, mais en parfait décalage avec ce qui se faisait jusqu’alors. Rappelez-vous en France, il y a une vingtaine d’années lorsqu’on voulait se plonger dans des commentaires de la Thora en langue française, vers quoi se tournait-on ? Vers <b>La Voix de la Thora</b> d’Elie Munk qui est un fantastique travail et un agencement très intelligent des nombreuses interprétations autour du pentateuque. Mais franchement : qui fait encore des mises en page aussi pourries ? Les commentaires sont séparés du texte original, en police Courier caractères 8 et pas superbement imprimé. On aura beau dire que ça a un certain charme, le lecteur de 2010 est habitué à profiter des innovations d’édition apportées notamment par le passage au numérique. </span><br />
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</span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR">Aujourd’hui, de nombreuses maisons d’éditions ont copié Artscroll, mais c’est cette maison qui la première a révolutionné le genre en éditant des commentaires de la Thora, un Siddur, des éditions de la Meguilat Esther, du Cantique des Cantiques, etc… </span></div><div class="MsoNormal">Une des plus importantes réalisations d’Artscroll étant leur édition du Talmud Babli traduite en anglais, en hébreu et même en français avec des commentaires assez pointus et toujours le même souci de la mise en page et de l’édition. En matière de Talmud traduit, je ne comprends personnellement pas pourquoi s’obstiner à aller voir du côté de l’édition Steinsaltz qui possède plusieurs inconvénients par rapport à l’édition Artscroll : pas accès à la page originale du Talmud, traduction qui prend quasi-systématiquement l’interprétation de Rachi et qui ne permet pas de percevoir les différents niveaux de compréhension, commentaires beaucoup moins élaborés, etc…</div><div class="MsoNormal"></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR">En cette fin d'année 2011, leur fameux Houmach traduit et commenté (Pentateuque) vient d'ailleurs de sortir en français et il bénéficie déjà d'un incroyable succès dans toutes les bonnes librairies. C'est mérité: l'édition est d'une qualité remarquable.</span></div><br />
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<div class="MsoNormal"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9Nam0FI3nNtKe5UivP36f4n7JJFtWtBJsVhTU7gKVzUxPxhZrORMY5P_wd1j3QCZBqwNGv7oquNX-TZXxqSJycARPtZMOMySTDLlMFzOxskRZDzyyrVAw7oZsFMawGjcAJRuf0wGLtx2t/s1600/Kol+Menachem.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9Nam0FI3nNtKe5UivP36f4n7JJFtWtBJsVhTU7gKVzUxPxhZrORMY5P_wd1j3QCZBqwNGv7oquNX-TZXxqSJycARPtZMOMySTDLlMFzOxskRZDzyyrVAw7oZsFMawGjcAJRuf0wGLtx2t/s320/Kol+Menachem.jpg" width="230" /></a><span lang="FR">Bref, tout ça pour dire que je regardais la bibliothèque de cette petite Schule Habad (si je fais autant de digressions sur chaque heure passée aux US, on n’est pas arrivé…) et que je tombe sur une édition du Houmach, que je crois justement être d’Artscroll : couverture en relief simili-cuir, papier parchemin, mise en page impeccable, etc.…<o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><v:shape alt="http://www.alljewishlinks.com/wp-content/uploads/images/all/8837-2.jpg" id="Picture_x0020_4" o:spid="_x0000_s1027" style="height: 195pt; margin-left: 0; margin-top: 0; mso-position-horizontal-relative: margin; mso-position-horizontal: left; mso-position-vertical-relative: margin; mso-position-vertical: center; mso-wrap-distance-bottom: 0; mso-wrap-distance-left: 9pt; mso-wrap-distance-right: 9pt; mso-wrap-distance-top: 0; mso-wrap-style: square; position: absolute; visibility: visible; width: 140.4pt; z-index: 2;" type="#_x0000_t75"> <v:imagedata o:title="8837-2" src="file:///C:\Users\JEREMI~1.HAD\AppData\Local\Temp\msohtmlclip1\01\clip_image002.jpg"> <w:wrap anchorx="margin" anchory="margin" type="square"> </w:wrap></v:imagedata></v:shape><span lang="FR">Mais à ma grande surprise, il s’agit en fait d’une édition Loubavitch (Kol Menahem). A ma grande surprise parce que contrairement à d’autres publications du mouvement Habad, ils n’ont pas oublié qu’il y avait un monde avant <b>Chnéour Zalman de Lyadi (</b>le fondateur de la dynastie Habad). Pour chaque Paracha, certains passages sont approfondis : d’abord en posant les questions classiques (« Classic Questions ») que ce morceau de bible a suscité puis en apportant les réponses de commentateurs extrêmement variés et de toutes les époques. Certains sont connus et classiques<b>: Rachi, Nahmanide, Ibn Ezra, Sforno, Maïmonide</b>, d’autres plus confidentiels : Paneah <b>Raza, Nahalat Yaakov, Minha Beloula, Mikdach Melekh, Tsror Hamor</b> (magnifique commentaire de R.Avraham Saba, issu de la génération des expulsés d’Espagne au 15<sup>ème</sup> siècle). Plus intéressant encore, l’ouvrage n’hésite pas à convoquer parfois des passages talmudiques ainsi qu’un corpus halakhique pour expliquer certains passages bibliques. Encore une fois, la variété des sources convoquées surprend pour un ouvrage édité par Habad, mais c’est une excellente surprise.<o:p></o:p></span><br />
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</span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR">Puis un approfondissement rédigé à partir de développements du Rabbi de Loubavitch mais qui s’appuient toujours sur des raisonnements logiques ou des recours à des sources talmudiques ou midrachiques. Après chaque approfondissement, des encadrés prenant appui sur ce qui précède pour en tirer une conclusion morale à partir d’histoires ou d’enseignements hassidiques (« Sparks of Hassidus »). L’édition est superbe, les commentaires sont structurés, parfaits pour une étude hebdomadaire surtout que le texte est magnifiquement imprimé, qu’une traduction en anglais est disponible ainsi que les classiques commentaires d’Ounkelos et de Rachi.<o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR"><br />
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<span lang="FR">Je n’ai pas hésité malgré mon excédent de bagages : j’ai acheté cette édition à New-York et l’ai emporté en France, en espérant bientôt une édition similaire en français !<o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR">Retour à l’office : bon, je vous la fait courte, un petit kiddouch a suivi, j’ai même à plusieurs milliers de km de chez moi rencontré la fille d’un fidèle de ma communauté d’origine, mangé un petit tchoulent, avant de prendre le repas de Shabbat chez un couple Loubavitch qui avait invité mes amis et qui a très gentiment accepté de m’accueillir également.<o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR"><br />
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<span lang="FR">Ce couple d’une quarantaine d’années est formé de Juifs américains pur sucre, américain depuis plus d’un siècle voire plus pour une partie de la famille du mari. Tous les deux avocats, notre couple est revenu à la Tradition depuis un peu moins d’une dizaine d’années, à travers notamment le mouvement Loubavitch. Le repas de Shabbat fut très sympathique, ponctué de discussions autour des différences entre judaïsme français et américain. Une des plus criantes est l’attitude des Juifs français (séfarades) par rapport à la Halakha : on travaille shabbat, on mange pas 100% casher, mais on le sait et on assume. Pas question de commencer à se raconter des histoires et de vouloir chercher une cohérence artificielle qui réduirait la pratique juive au standard des modes de vie occidentaux avec un petit bout de spiritualité «à part », comme Sally demandait sa sauce à part dans le légendaire film contant sa rencontre avec Harry et un peu comme une partie de la communauté juive américaine.<o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR"><br />
</span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR">La surprise de ce Chabbat vint du petit commentaire de thora délivré par notre hôte. Non pas que l’histoire hassidique impliquant certains pouvoirs surnaturels du Rabbi me surprît, mais le récit faisait intervenir deux autres personnalités rabbiniques. L’un étant <b>l’Admour de Bobov</b>. Jusque là rien d’anormal, on reste dans le Hassidique. Mais l’autre : <b>Rabbi David Pinto</b> ! En plein Chicago, dans une famille purement américaine Loubavitch, ils connaissaient Rabbi David Pinto ? J’avoue, les marocains parfois sont vraiment très forts. <o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR">Le Shabbat se termina comme souvent par de la lecture et une petite sieste bien méritée avant de passer une dernière courte nuit à Chicago. Je dis courte nuit parce que l’avion pour New-York m’attendait de bon matin ! <o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR">3 jours à New-York, tout seul, que demande le peuple ? Je vous passe évidemment les détails touristiques pour me concentrer sur ce qui peut attirer l’attention du point de vue du monde juif. Déjà… la bonne chère ! Manque de pot, j’avais prévu mon voyage en plein pendant les 9 jours de Av pendant lesquels la consommation de viande est interdite. Désolé cher lecteur, tu ne trouveras pas ici de critique gastronomique des restaurants bassari de New-York. La seule chose que je puis mentionner est que de l’avis unanime des locaux, les deux meilleurs restaurants viande de New-York sont <b>Le Marais</b> et <b>Prime Grill</b>. <o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR"><br />
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<span lang="FR">Maintenant pour ce qui est du Halavi. Globalement une remarque : un Juif français, ou plutôt parisien, n’a pas grand-chose à envier à l’offre gastronomique casher de New-York. Je trouve l’offre parisienne plus variée et de meilleure qualité. J’ai par exemple mangé un soir dans un restaurant gastronomique italien <b>« Gustavo va Mare »</b> sur la 53<sup>ème</sup> (entre 2<sup>nd</sup> et 3rd). C’est très cher, même avec un dollar faible et beaucoup moins satisfaisant qu’un Inte Caffe ou qu’un Il Conte. Le service est correct sans plus. Bref, un tantinet déçu.<o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVKeudgIcgU_HuhcGPIUwrGHlS_t7m3EGEs20uLlj_4cRp_P8iiL-oGlZz1pSJ33uEbke07-zmZmikc9igAmtuFdQ29pi8r7614txL7fyF_ItLKKz6qTB170SiUzLC7E2aR2G2L_rtfETk/s1600/rosas-kosher-pizza.PNG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="212" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiVKeudgIcgU_HuhcGPIUwrGHlS_t7m3EGEs20uLlj_4cRp_P8iiL-oGlZz1pSJ33uEbke07-zmZmikc9igAmtuFdQ29pi8r7614txL7fyF_ItLKKz6qTB170SiUzLC7E2aR2G2L_rtfETk/s320/rosas-kosher-pizza.PNG" width="320" /></a></div><br />
<v:shape alt="http://www.thanksaglatt.com/media/rosas-kosher-pizza.PNG" id="Picture_x0020_7" o:spid="_x0000_s1026" style="height: 150.75pt; margin-left: 0; margin-top: 0; mso-position-horizontal-relative: margin; mso-position-horizontal: left; mso-position-vertical-relative: margin; mso-position-vertical: top; mso-wrap-distance-bottom: 0; mso-wrap-distance-left: 9pt; mso-wrap-distance-right: 9pt; mso-wrap-distance-top: 0; mso-wrap-style: square; position: absolute; visibility: visible; width: 227.25pt; z-index: 3;" type="#_x0000_t75"> <v:imagedata o:title="rosas-kosher-pizza" src="file:///C:\Users\JEREMI~1.HAD\AppData\Local\Temp\msohtmlclip1\01\clip_image003.png"> <w:wrap anchorx="margin" anchory="margin" type="square"> </w:wrap></v:imagedata></v:shape><span lang="FR">Pour le midi, il y a bien sûr nombre de restaurants de type Deli, où il est possible de manger un peu en mode self service, soit des parts de pizza, soit des pâtes, soit des salades, etc… C’est très pratique, surtout qu’ils sont en général très bien situés. Ce qui m’a d’ailleurs valu une forte incompréhension lorsque je voulus déjeuner dans un Deli appelé <b>Rosa Pizza</b> au 350th 5th Avenue, juste à côté de mon hôtel. Je déambule tranquillement jusqu’à l’adresse indiquée et me retrouve nez à nez avec….l’Empire State Building. Je tourne, retourne, pianote sur mon iPhone pour vérifier l’adresse, mais non pas d’erreur : le restaurant a la même adresse que l’Empire State Building. Je crois alors à un petit coup de mégalomanie d’un restaurateur Juif new-yorkais, jusqu’à ce que je comprenne qu’en effet, en entrant dans l’Empire State Building et en empruntant la galerie située au fond à gauche, on tombe en effet vers une très sympathique petite échoppe ou on peut avaler pizzas, pâtes, gratins, salades, etc….<o:p></o:p></span><br />
<div class="MsoNormal"><span lang="FR"><br />
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<span lang="FR">Je pourrais encore vous parler des heures des librairies juives de Manhattan, pas très différentes des librairies parisiennes à la notable exception de la place prépondérante que prennent les ouvrages relatifs à la Shoa, de la transformation progressive des stands ambulants de vente de hot-dog Casher qui sont de plus en plus Hallal ou du hasard invraisemblable qui m’a fait rencontré en pleine 5<sup>ème</sup> avenue un ami que je n’avais pas vu depuis des années. <o:p></o:p></span></div><div class="MsoNormal"><span lang="FR"><br />
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<span lang="FR">Mais ça n’ajoutera pas grand-chose au fait que New-York (en fait Manhattan pour ce séjour) est une ville hors du commun, larger than life comme disent les Américains et que ce cela se ressent évidemment aussi au niveau de la vie juive. Et que j’attends avec impatience d’y retourner !<o:p></o:p></span></div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-19857020063060355512011-11-25T15:20:00.000+01:002011-11-25T15:22:23.485+01:00Toldot - Rachi et le Jéopardy<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMYsHheIsxXg3Sgteq5cvr3wfs00Xk3OfhR-J9JyVcUYPSe52bWlQNK1ElGDAZQWqyScVqazL0hv3AdQX_90bzg-JwTMmfm_niK8V064uqqGohtJmkbGbPjoAoJ4JBZQGzVkv2ChQIFoYM/s1600-h/jeopardy.jpg"><img alt="" border="0" height="193" id="BLOGGER_PHOTO_ID_5130242951589930658" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgMYsHheIsxXg3Sgteq5cvr3wfs00Xk3OfhR-J9JyVcUYPSe52bWlQNK1ElGDAZQWqyScVqazL0hv3AdQX_90bzg-JwTMmfm_niK8V064uqqGohtJmkbGbPjoAoJ4JBZQGzVkv2ChQIFoYM/s320/jeopardy.jpg" style="cursor: hand; float: left; margin: 0px 10px 10px 0px;" width="256" /></a>Vous connaissez le Jéopardy, ce jeu dans lequel on vous donne la réponse et où vous devez deviner la question ?<br />
<div></div><br />
<div>Eh bien <strong>Rachi,</strong> c'est pareil ! </div><br />
<div>Et la Paracha de cette semaine va nous donner de beaux exemples pour le prouver. D'abord, un petit rappel de l'histoire: Isaac et Rébecca ont 2 fils, jumeaux, Jacob et Esav, qui ne sont pas les "meilleurs amis du monde". </div><br />
<div>Après Caïn et Abel, Ismael et Isaac, encore une opposition entre frères ! Et cette opposition trouve son apogée lorsque Jacob va chercher la bénédiction d'aînesse chez son père avec une tunique mise par sa mère pour faire croire qu'il s'agit en fait d'Esav, qui était nettement plus velu...</div><br />
<div>Bref, bien avant Robert Redford et Paul Newman, c'est la première arnaque de l'histoire. </div><br />
<div>Mais approchons nous plus près du texte. Lorsque Jacob s'approche de son père pour recevoir la bénédiction, son père lui dit <em>"Qui es-tu mon fils ?"</em></div><br />
<div>Et Jacob répond 3 mots: <em>"Anokhi Esav Bekhorekha"</em>. </div><br />
<div>Littéralement, <em>"C'est moi Esav ton aîné"</em>.</div><br />
<div>En résumé, un gros mytho. Et c'est là qu'intervient Rachi (de Troyes dans l'Aube 1040 - 1105). </div><br />
<div></div><br />
<div>Rachi, je rappelle, c'est "The" commentateur, que ce soit de la Bible ou du Talmud. </div><br />
<div>Etudier le Talmud sans Rachi, c'est littéralement impossible, c'est comme essayer de conduire dans Paris en fermant les yeux et en entendant le bruit des voitures...collision assurée !</div><br />
<div>Rachi, c'est le spécialiste de l'explication littérale: pas de grands développements philosophiques de 20 pages, c'est clair, net et concis. </div><br />
<div>Mais attention, ça ne veut pas dire que c'est simplet ! On peut bien sûr lire Rachi au 1er degré pour mieux comprendre le texte. Mais ses commentaires appellent des réflexions beaucoup plus profondes, comme par exemple celles développées lors des cours réguliers que donnait <strong>Lévinas</strong> le Shabbat dans son école (l'ENIO), ou ceux du <strong>Rabbi de Loubavitch</strong> d'une étonnante profondeur. Ou bien encore, <strong>Gour Aryé</strong>, le commentaire immense du <strong>Maharal de Prague</strong>, rien que sur les commentaires de Rachi !</div><br />
<div>Et pourquoi tout cela ? Parce que Rachi ne pose jamais de question. Lorsque Rachi fait un commentaire, il donne une réponse, à vous de trouver la question, c'est Jéopardy ! </div><br />
<div>Et parfois, le commentaire semble tellement répeter le texte que la question qui revient le plus souvent aux lèvres d'un étudiant de Yéchiva est: <em>"Mais qu'est ce qui embête Rachi pour qu'il nous mette ce commentaire sur ce mot précis ?"</em></div><br />
<div></div><br />
<div>Essayons d'appliquer cela à notre Paracha. Jacob dit donc à son père:<em>"C'est moi Esav ton aîné"</em>. Que dit Rachi ? <em>"C'est moi qui t'apporte à manger et Esav est ton aîné"</em>.</div><br />
<div>?????</div><br />
<div>C'est un truand, ce Rachi, il déforme complètement le texte ! </div><br />
<div>Et pourquoi fait-il cela ? C'est d'ailleurs ce que demande le Maharal dans son commentaire de Rachi. Et le Maharal explique la chose suivante: En fait, Rachi semble nous dire que Jacob n'a pas vraiment trompé son père puisque la phrase peut effectivement être compris comme cela, notamment grâce au mot <strong>"Anokhi"</strong>. <strong>"Anokhi"</strong> veut dire "je", au même titre qu'un autre mot hébreu: "Ani".</div><br />
<div>Mais alors qu'"Ani" peut être employé dans une phrase telle "Je bois un café" (sous-entendu, pas du coca), "Anokhi" sera utilisé pour dire "C'est moi qui boit du café" (sous-entendu pas quelqu'un d'autre).</div><br />
<div>Donc, dit le Maharal, on comprend l'interprétation de la phrase par Rachi:<em> </em></div><br />
<div><em>"Anokhi"</em>: C'est moi ! </div><br />
<div><em>"Esav Bekhorekha"</em>: Esav est ton aîné.</div><br />
<div>Tout ça pour nous dire qu'en fait Jacob est resté droit et qu'il n'a en fait pas commis de mensonge, il a juste utilisé une tournure de phrase un peu ambigue.</div><div></div><br />
<div>OK.</div><div></div><br />
<div>Sauf que...Isaac n'a pas lu Rachi !! Pour Isaac, c'est toujours Esav qui est en face de lui ! Il est à des kilomètres de se douter que Jacob essaie de se faire passer pour Esav ! </div><br />
<div>Donc, du moment qu'Isaac a été floué, Jacob a quand même une part de responsabilité !</div><br />
<div>Il faut donc aller plus loin. Rachi veut nous dire quelque chose de plus profond: évidemment que Jacob a truandé son père. Evidemment que Jacob va le payer puisque par la suite, c'est lui qui va se faire arnaquer (on va lui refiler Josiane Balasko au lieu de Laetitia Casta...). </div><br />
<div>Evidemment que la Thora le juge sévèrement.Mais ce que nous dit Rachi, c'est que Jacob est dans une situation intenable: il doit obéir à sa mère qui lui dit de prendre la place de son frère pour accomplir la descendance d'Avraham et en même temps mentir à son père. </div><br />
<div>La situation est conflictuelle, mais malgré cela, Jacob essaie tout de même de garder un minimum de droiture et de ne pas complètement mentir à son père en utilisant une phrase subtile et ambivalente.</div><br />
<div>Le message de Rachi est finalement le suivant: <em>"ne jugez pas trop vite Jacob, il est dans une situation conflictuelle tellement humaine, et pourtant il essaie de concilier des intérêts contradictoires"</em>.</div><div></div><br />
<div>Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que c'est Jacob (et non pas Avraham ou Isaac) qui sera renommé "Israël". C'est lui qui nous paraît le plus humain: il se bat pour le droit d'aînesse, conquiert ses femmes, a des problèmes conjugaux, lutte avec son frère, doit affronter une opposition entre ses fils, a même conquis par la guerre une partie de la terre de Canaan, bref a une vie ponctué d'échecs et de réussites, une vie qui emploie les voies les plus "tordues", qui rencontre des vissicitudes à n'en plus finir....comme le peuple d'Israël par la suite, jusqu'à aujourd'hui. </div><br />
<div>Mais malgré ces obstacles, nous dit Rachi, il tient à garder une voie qui se veut la plus juste possible.</div><br />
<div><strong>Leçon n°1 de Rachi:</strong> nos patriarches n'étaient pas des "saints". Ils étaient humains, avec des problèmes humains, et pourtant ils luttaient pour essayer de garder une droiture irréprochable.</div><br />
<div></div><br />
<div>Mais je ne résiste pas à l'envie de vous parler d'un autre Rachi dans cette Paracha. A la fin, on parle de "Laban, fils de Bethouel l'Araméen, frère de Rébecca, la mère de Jacob et d'Esav".</div><br />
<div>Rachi, sur les mots "la mère de Jacob et d'Esav" nous dit: <em>"je ne sais pas ce que ça vient nous apprendre"</em>.</div><br />
<div>????</div><br />
<div><strong>Leçon N°2:</strong> Rachi nous donne encore une grande leçon à appliquer pour tous les enseignants et éducateurs: quand on ne sait pas, on le dit, on n'invente pas !!!</div><br />
<div>OK.</div><br />
<div>Mais à ce moment là, tais-toi Rachi, finalement on ne t'a rien demandé ! Et puis, Rachi ne commente pas systématiquement TOUS les mots de la Thora. Pourquoi ici insiste-t-il ?</div><br />
<div>Encore une leçon de Rachi.</div><br />
<div><strong>Leçon n°3:</strong> <em>"Attention, moi je ne sais pas. Mais ne faites pas comme si vous n'aviez rien vu ! Il y a un problème dans cette phrase: pourquoi à la fin de la paracha, dans un verset insignifiant, rappelle-t-on que Rébecca est la mère de Jacob ET d'Esav. C'est une forme bizarre: il y a donc un enseignement à en tirer !"</em></div><br />
<div>Quand il y a un problème, même quand on n'a pas de solution toute faite, il est interdit de se défiler ! Il faut voir le problème en face !</div><br />
<div>Décidément ce Rachi, on chanterait presque la Marseillaise pour lui...<br />
<br />
Nota: ce commentaire est librement inspiré d'une oeuvre magnifique du Dr Avigdor Bonchek appelé "What's Bothering Rashi ?". C'est une analyse très serrée du commentaire de Rashi et qui ouvre souvent vers des perspectives assez inattendues.<br />
La bonne nouvelle, c'est que depuis l'automne 2011, les livres ont commencé à être traduits en français ! Le premier sur Berechit est dans toutes les bonnes librairies juives. Ca s'appelle "Ce qui dérange Rachi" et c'est aux éditions Gallia.</div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-37256825758828640252011-09-28T02:05:00.000+02:002011-09-28T02:05:42.148+02:00En quoi un Juif doit-il croire ? The limits of orthodox theology de Marc ShapiroTout le petit billet qui va suivre part d'une réflexion sur la façon dont les juifs et les chrétiens se positionnent par rapport à leur degré de proximité avec leur religion. Pour l'évaluer, les chrétiens se posent souvent la question "crois-tu en Dieu" ? C'est ce qui semble départager ceux qui sont engagés dans une démarche spirituelle et les autres.<br />
J'ai rarement vu les juifs poser cette même question. En général, ils préfèrent:<i> "tu fais Shabbat ?"</i> ou <i>"tu manges casher"</i> ? Une question liée à leur mode de vie et à leur soumission à une règle de pratique religieuse. C'est évidemment lié au caractère beaucoup plus contraignant et centré sur les actions pratiques du judaïsme, mais cela pose une question collatérale fort intéressante (enfin je crois): si ce que doit "faire" un juif est assez clair et normé, qu'en est-il de <b>ce qu'il doit croire ?</b><br />
<br />
L'un des ouvrages de référence pour répondre à cette question est un livre d'un universitaire américain, dont l'oeuvre et l'érudition sont véritablement impressionnantes. J'en ai déjà parlé, il s'agit du <b>Pr Marc Shapiro</b>, qu'on peut qualifier de spécialiste de l'histoire intellectuelle du judaïsme (et plus particulièrement de judaïsme orthodoxe).<br />
<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwh_TyEkdJykGt5gGPemZwzIgFFHhqZmmDmwLWZe_kUHFRyTSprB4ZUFDHo87E1hnemvGMM46YAzgiI6DIIgGYpd6vPwoPZU1S1F7Zz_1oqYb_ykIs74VS79MC14FVCQG8dYx7rvb37nKK/s1600/Shapiro_Maimonide.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhwh_TyEkdJykGt5gGPemZwzIgFFHhqZmmDmwLWZe_kUHFRyTSprB4ZUFDHo87E1hnemvGMM46YAzgiI6DIIgGYpd6vPwoPZU1S1F7Zz_1oqYb_ykIs74VS79MC14FVCQG8dYx7rvb37nKK/s200/Shapiro_Maimonide.jpg" width="200" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">The Limits of Orthodox Theology de Marc Shapiro</td></tr>
</tbody></table><b>Marc Shapiro</b> a publié en 2004 un livre qui a fait grand bruit, y compris dans les Yéchivot israéliennes et américaines, mais évidemment comme souvent, la France y a été imperméable. Si je puis me permettre une aimable suggestion au groupe qui travaille actuellement sur l'avenir de l'Arche, remplacer un énième dossier sur l'antisémitisme sur Internet par une revue de la production intellectuelle universitaire américaine sur le judaïsme ne serait pas une si mauvaise idée.<br />
<br />
Son livre s'intitule <u><a href="http://www.amazon.com/Limits-Orthodox-Theology-Reappraised-Civilization/dp/1874774900">"The limits of orthodox theology - Maimonides' thirteen principles reappraised"</a></u>. Son ambition n'est pas de réfuter une quelconque "théologie orthodoxe" mais de montrer que celle-ci est mouvante, qu'elle ne connaît pas de consensus clair sur la question des croyances et surtout que les 13 principes de foi de <b>Maïmonide</b> ne peuvent pas, du point de vue du judaïsme orthodoxe, constituer l'alpha et l'omega de ce qu'un Juif doit croire pour se voir décerner un certificat de "non-hérésie".<br />
<br />
Nous vivons une époque où les positions des uns et des autres sur le judaïsme (ainsi que sur d'autres sujets, le judaïsme n'a pas le monopole à cet égard) ont tendance à se figer, voire à se braquer. Eh bien attention aux yeux, parce que ce bouquin, loin d'être un pamphlet, remet en question beaucoup de préjugés appris tout jeune. Je vous rassure, le <b>Pr Marc Shapiro</b> n'a pas l'outrecuidance d'essayer de prouver que <a href="http://www.harissa.com/D_Religion/rabbihaitaieblometparrubencorcos.htm">Rabbi Haï Taïeb lo Met</a> est vraiment mort, mais on en n'est pas très loin (suivre le lien pour les incultes du judaïsme tunisien).<br />
<br />
Tout commença pour le Pr Shapiro lorsqu'il lut un article de la revue de la Yeshiva University dans lequel l'auteur, <b>R. Yehuda Parnes</b>, tenait que la définition de l'hérésie dans le judaïsme consistait en une remise en question des 13 principes de foi de Maïmonide. D'où la conclusion qu'il était formellement interdit d'étudier toute oeuvre remettant en question Maïmonide sur ce sujet, puisqu'en effet, il est largement admis qu'il est interdit d'étudier un livre hérétique.<br />
Shapiro fut très surpris de cette affirmation, sans précédent historique d'après lui. Il commença donc à travailler à un article réfutant R.Parnes, puis, le matériau prenant de l'ampleur, décida carrément d'en faire un livre.<br />
<br />
Dans son introduction, Shapiro réfute notamment une certaine idée moderniste selon laquelle le judaïsme n'aurait pas de dogmes, c'est-à-dire de croyances autour desquelles s'articule une certaine forme de pensée et de vision du monde. Le tenant le plus célèbre de cette vision (parmi les acteurs traditionalistes de ce problème) est évidemment le <b>Pr Yeshayahou Leibowitz</b>. Pour lui, l'orthopraxie suffit, la vision du monde pouvant être très personnel. J'avoue avoir quelque attirance pour cette position, mais Shapiro montre bien qu'elle est assez unique dans le paysage idéologique et théologique du judaïsme.<br />
Cependant, en refermant le livre de Shapiro, on est convaincu que s'il y a des dogmes dans le judaïsme, personne n'est en fait capable de se mettre d'accord une fois pour toute sur leur contenu.<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJFuTx5F08jvfhAPkn3Rjd249GHGHBWJhE7X4AllOw7PEX9ton3bQxvitG9wSihxuhbf4iKX9sIJQntZmhhGknzyw1R3pqFltlU2LebCBCIZqjnZOm2P5BJfmZT4DOXk9tHRjub7wMzHZN/s1600/maimonides-21.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJFuTx5F08jvfhAPkn3Rjd249GHGHBWJhE7X4AllOw7PEX9ton3bQxvitG9wSihxuhbf4iKX9sIJQntZmhhGknzyw1R3pqFltlU2LebCBCIZqjnZOm2P5BJfmZT4DOXk9tHRjub7wMzHZN/s320/maimonides-21.jpg" width="230" /></a>Avant de passer aux preuves, une petite marque d'ironie est la bienvenue. Pour certains donc, le pilier central du dogme juif provient d'un maître....qui s'est fait traiter d'hérétique de son vivant et encore plusieurs années après sa mort du fait de son <u>Guide des Egarés</u> ! Comme le dit Shapiro:<i> "Where else, in Judaism or any other religion, do we have a parallel example in which an authority's doctrinal formulations, dependent in large measure on his religious standing, are regarded as binding but the authority himself is condemned for insufficient orthodoxy ?"</i><br />
<br />
Maintenant, rentrons dans le vif du sujet: ma modeste ambition ici n'est pas de faire une synthèse exhaustive du très riche ouvrage de Marc Shapiro, mais plutôt de prendre quelques exemples stimulants pour le Juif lambda.<br />
<br />
<b>L'incorporéité de Dieu</b><br />
Sur l'existence et l'unicité de Dieu (les 2 premiers principes), tout le monde est à peu près d'accord même si quelques subtilités (notamment sur l'absence de limites divines) peuvent faire réfléchir les spécialistes de théologie médiévale.<br />
<br />
En revanche, ça commence à se corser sur l'incorporéité de Dieu. C'est aujourd'hui pour nous esprits modernes, une évidence. Dieu n'a pas de corps et les mentions anthropomorphiques de la Bible (le doigt de Dieu, sa Face, etc...) sont d'ordre métaphorique, contrairement à la Main de Dieu de Maradona qui elle était bien réelle comme chacun sait. <b>Maïmonide</b> a d'ailleurs été un des plus grands pourfendeurs de la corporéité de Dieu: <i>"ils sont pires que des idolâtres. Au moins ceux-ci pensent que les idoles sont des intermédiaires avec un Dieu sans corps, ce qui est mieux que de penser que Dieu peut avoir un corps".</i><br />
Or, aux temps médiévaux, et même avant, il était admis dans certains milieux tout à fait "dignes de foi" que Dieu avait un corps et que les mentions anthropomorphiques pouvaient être prises au sens littéral. La preuve la plus connue de cet état de fait est la défense que fait le<a href="http://lemondejuif.blogspot.com/2008/03/la-preuve-irrfutable-de-lexistence-de.html"> <b>Ravad (Rabbi Avraham ben David de Posquières</b></a>, célèbre critique de Maïmonide) des "corporéistes":<br />
<i>"Pourquoi </i><i>(Maïmonide) dit-il qu'une personne pareille est un hérétique ? Il y a de nombreuses personnes plus grandes et supérieures à lui qui adhèrent à une telle croyance sur la base de ce qu'ils ont vu dans les Versets de la Thora et plus encore, dans les mots de ces Aggadot qui corrompent l'opinion juste en matière de sujets religieux"</i><br />
Le Ravad ne pense pas que cette croyance soit juste (cf. sa dernière phrase), mais il refuse de parler d'hérétiques: c'est juste une erreur intellectuelle.<br />
Mais il y a évidemment des textes de commentateurs qui prennent activement position en faveur de la thèse "corporelle". Par exemple un des <b>Tossfot</b> (pour faire bref, les Tossfot des commentateurs du Talmud venant après Rachi), <b>Rabbi Moché Hasdai Taku</b>, auteur du <u>Ktav Tamim</u>. Il se positionne clairement contre la position de Maïmonide et va même jusqu'à trouver blasphématoire (rien que ça....) ceux qui nient que Dieu est littéralement assis sur son trône céleste.<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq6GcKu_DR4QBuFbEeILy0ZFz43fBgJt3UYMWuWxbDyy02M67YDxF4x5I9mdAuml6DlQy439MVsuTR4bifk1SaYeGpElcXoLz-grVJfNAKpYWo8tM2cOW7E8vZ1OwOAQnqTkMz-qhFWVoJ/s1600/220px-Schneur_Zalman_of_Liadi.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><br />
</a>Je passe sur les nombreuses sources érudites fournies par Marc Shapiro, montrant que même au 17ème siècle, on trouve des auteurs remettant en cause l'espèce d'excommunication prononcée par Maïmonide sur ce sujet. Mais je ne résiste pas au plaisir de vous conter une histoire assez fascinante livrée par <b>Rabbi Moché Hagiz</b> (1671 - 1751).<br />
Un homme simple, un ancien marrane portugais, vivait à Safed et apportait tous les vendredis un pain qu'il déposait à la synagogue. Ce pain était destiné à Dieu. Ce Juif était convaincu que Dieu prenait son pain toutes les semaines, alors qu'il s'agissait bien évidemment du bedeau de la synagogue qui se faisait un plaisir de le déguster pendant Chabbat. Lorsque le Rabbin local entendit parler de cette "coutume", il réprimanda durement l'homme pour sa folie et surtout pour la grave faute qu'il commettait en faisant sienne une conception de Dieu aussi anthropomorphique (on dirait aujourd'hui aussi infantile).<br />
Lorsque le <b>Ari Zal, Rabbi Itzhak Louria</b> (un des plus grands Kabbalistes de la Tradition juive, fondateur de ce que l'on appelle encore aujourd'hui dans les milieux universitaires la Kabbale Lourianique) apprit cela, il informa le rabbin local que depuis la destruction du Temple, le plus grand plaisir de Dieu était de goûter toutes les semaines à l'offrande de ce simple Juif. Puisque le Rabbin local y avait mis un terme, il fut décrété que celui-ci devait mourir. Ce qui, malheureusement, arriva.<br />
<br />
L'histoire ne finit certes pas de la meilleure façon possible, mais elle illustre bien que certaines croyances, loin d'être dangereuses, sont parfois sources d'élan de générosité et de dévotion qui ne sont pas contraires à la Tradition, loin de là.<br />
<br />
Bon, je vois bien que l'histoire de la corporéité de Dieu vous a un peu amusé, mais que vous vous dites, vous ô homme occidental éclairé du XXIème siècle, qu'aujourd'hui, on sait quand même à quoi s'en tenir. Dieu c'est pas corporel, point, on n'est quand même pas débile. OK.<br />
Passons alors également sur la question de la création ex-nihilo, que je trouve pourtant absolument passionnante. En bref: Dieu préexiste-t-il à toutes choses et vint créer toute la matière que nous connaissons ? Ou existe-t-il une matière de toute éternité que Dieu aurait ensuite façonnée (ce qui est par ailleurs, la position de Platon) ?<br />
Cette dernière position, rejetée donc par Maïmonide est quand même tenue par <b>Ibn Ezra</b>, <b>R. Yossef ben Eliezer Bonfils</b> (Tzafnat Paneah), <b>R. Isaac Abravanel</b>, <b>R.David Arama</b> ou encore <b>R. Joseph Salomon Delmedigo</b>. Autant d'auteurs qu'on ne pourrait pas qualifier autrement aujourd'hui que comme "orthodoxes" et qui paradoxalement seraient des hérétiques pour notre grand maître Maïmonide.<br />
<br />
<b>L'unicité de Moïse</b><br />
Un des 13 principes de foi (peut-être un des moins connus) consiste à croire que Moïse était le plus grand prophète qui ait jamais existé (juste avant Steve Jobs ?). Maïmonide tient même que le Messie ne surpassera pas Moïse. Y a-t-il unanimité sur ce point ?<br />
Vous vous en doutez, pas du tout. <b>Nahmanide</b> et <b>Gersonide</b> sont clairement en opposition à ce principe puisqu'ils reconnaissent un niveau spécial au Messie, en accord notamment avec un <u>Midrach Tanhouma</u> (70a). Mais ce qui est encore plus intéressant, c'est de découvrir la position du fondateur du mouvement Loubavitch, <b>Rabbi Shneour Zalman de Liady</b>. C'est d'autant plus piquant que les Loubavitch aujourd'hui ont une relation particulière avec Maïmonide. Je me souviens encore de ces jeunes étudiants à la Yéchiva de Brunoy qui m'ouvraient le Michné Torah de Maïmonide pour me prouver noir sur blanc que le Rabbi de Loubavitch était le Messie. J'ai honteusement dû leur dire que j'étais convaincu pour pouvoir aller dormir, mais il est bien clair que pour le mouvement Loubavitch, suivant en cela les enseignements du Rabbi, l'étude de l'oeuvre de Maimonide est clairement central dans tout cursus scolaire qui se respecte.<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq6GcKu_DR4QBuFbEeILy0ZFz43fBgJt3UYMWuWxbDyy02M67YDxF4x5I9mdAuml6DlQy439MVsuTR4bifk1SaYeGpElcXoLz-grVJfNAKpYWo8tM2cOW7E8vZ1OwOAQnqTkMz-qhFWVoJ/s1600/220px-Schneur_Zalman_of_Liadi.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjq6GcKu_DR4QBuFbEeILy0ZFz43fBgJt3UYMWuWxbDyy02M67YDxF4x5I9mdAuml6DlQy439MVsuTR4bifk1SaYeGpElcXoLz-grVJfNAKpYWo8tM2cOW7E8vZ1OwOAQnqTkMz-qhFWVoJ/s1600/220px-Schneur_Zalman_of_Liadi.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Rabbi Shnéour Zalman de Liady</td></tr>
</tbody></table>Eh bien, le fondateur du mouvement Loubavitch disais-je, a osé affirmé dans les <u>Likoutei Amarim (Igeret Hakodesh n°19)</u> que <b>Rabbi Shimon Bar Yohai,</b> le <b>Ari Zal</b> et d'autres Kabbalistes avaient atteint une compréhension et une appréhension de Dieu supérieure à celle de Moïse. La raison ? Moïse n'utilisait que la prophétie, alors que les pré-cités faisaient appel à la sagesse et à l'intelligence. Sympa pour Moïse les mecs. Mais surtout en contradiction flagrante avec le principe de foi édicté par Maïmonide, qui pose que Moïse a atteint un niveau de compréhension de Dieu plus important que n'importe qui.<br />
Le premier Rabbi de Loubavitch un hérétique car il aurait une position divergente (et même opposée) à un des 13 principes de foi de Maïmonide ?<br />
<br />
Reprenons. Jusqu'à présent, on (enfin Marc Shapiro) a déjà montré que les maîtres les plus éminents de notre tradition pouvaient être en opposition frontale avec certains principes de foi définis par Maïmonide. Sauf que jusqu'à présent, il s'agissait de principes de foi qui peuvent nous paraître un peu théorique et sans véritable impact sur notre vision théologique du judaïsme. Et quand je dis "notre", je parle globalement de celle qui se trouve, consciemment ou pas, dans la tête de Juifs occidentaux, un minimum éduqués et sachant ce qu'est Paris Plage et le bouclier fiscal.<br />
<br />
Sauf que si on poursuit, et qu'on se plonge dans le 8ème principe, on va trouver du très très lourd. Attention, âmes sensibles, s'abstenir. (Quel suspens).<br />
Le 8ème principe indique <b>que la Thora que nous avons actuellement entre nos mains est la même que celle que Dieu a donné à Moïse</b>. Et donc, que tout celui qui professe le contraire est un hérétique. A part ça, il est impossible de dire le contraire, parce que sinon vous imaginez bien que tous les businessmen proliférant autour des fameux "codes de la Thora" perdraient quand même pas mal de part de marché. Si le texte actuel de la Thora n'est pas celui que Dieu a donné à Moïse, fût-il différent d'une seule lettre, les fameuses trouvailles mathématiques de <b>Michael Drosnin</b> ou des séminaires de Kirouv (de rapprochement au judaïsme) seraient à jeter aux orties.<br />
Qu'en est-il vraiment ?<br />
<table cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzv4VM4FLYBMxvGbNegnxWtV2h-Rq_1F0Apy2IjxBlKp2qcb21V9Mya935RqENTfZXbs6vKoXOVssb3-IOCBfW4wNpZf7GB1Lu2YJcGbT9ifPmoU9zZCXMBYIUrYK1P39NQ7OBMrfeI2dF/s1600/493px-Aleppo_Codex_%2528Deut%2529.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; margin-bottom: 1em; margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjzv4VM4FLYBMxvGbNegnxWtV2h-Rq_1F0Apy2IjxBlKp2qcb21V9Mya935RqENTfZXbs6vKoXOVssb3-IOCBfW4wNpZf7GB1Lu2YJcGbT9ifPmoU9zZCXMBYIUrYK1P39NQ7OBMrfeI2dF/s320/493px-Aleppo_Codex_%2528Deut%2529.jpg" width="263" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Le Codex d'Alep</td></tr>
</tbody></table>Bien évidemment pour répondre à cette question, Marc Shapiro ne fait pas appel à une quelconque notion issue de la critique biblique ou de la science archéologique. L'idée est de rester au coeur des sources reconnues de la tradition juive orthodoxe.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br />
</div>Il faut quand même rappeler que le texte actuel de la Thora est le résultat du travail des Massorètes et que le texte le plus fidèle auquel les Juifs d'aujourd'hui se réfèrent est le <b>Codex d'Alep </b>(voir illustration) datant du 10ème siècle. Auparavant, il est douteux que tous les Juifs se soient réunis autour d'un seul texte uniforme. Qui le dit ?<br />
Eh bien commençons déjà par le <b>Talmud Kidouchin 30a</b>. Où l'on apprend que déjà à l'époque, les Amoraïm, les rédacteurs du Talmud de Babylone avaient perdu l'expertise leur permettant de savoir si des mots étaient écrits de façon pleines ou "défectives". Pour le dire plus simplement, si elles doivent s'écrire avec un Vav ou sans Vav sur certaines vocalisations.<br />
Le résultat ? C'est qu'il existe des centaines d'incertitudes dans le texte de la Thora sur l'orthographe exacte d'un mot, ce qui rend évidemment caduc toute initiative visant à prendre le texte actuel de la Thora et en faire une matrice référentielle pour je ne sais quel calcul mathématique. Cela peut aussi expliquer le fait (et c'est d'ailleurs une interprétation possible du passage du Talmud cité plus haut) que les lettres identifiées comme étant celles se trouvant à la moitié du texte de la Thora (il y a souvent une indication dans les Pentateuques que vous trouvez dans toutes les bonnes synagogues) ne sont en fait absolument pas au milieu lorsqu'on prend la peine de faire le compte des lettres actuelles !<br />
<br />
Vous pensez que ce passage de Guemara n'est qu'un passage obscur parmi d'autres et qu'il est impossible d'en tirer une conclusion aussi radicale ? Raté ! La preuve ? Pour le <b>Shlah Hakadoch</b>, le <b>Hakham Tzvi</b> ou encore <b>Rav Moshe Feinstein</b> (si vous ne connaissez pas, je vous demande de croire sur parole que dans n'importe quelle Yéchiva du monde, ces noms inspirent un respect infini), c'est à cause (ou grâce ?) à ce passage que <b>le Rama </b>(<b>Rabbi Moche Isserles</b>, grand commentateur ashkénaze du Shoulkhan Aroukh) tranche qu'en cas d'erreur sur l'aspect plein/défectif d'un mot, on n'a pas besoin de changer de Sefer Thora car nul n'est aujourd'hui capable de définir la version adéquate du texte quant à ce problème là !<br />
<br />
Encore mieux: il est bien connu des étudiants du Talmud que certaines références à la Thora dans le Talmud diffèrent de la version "autorisée" de la Thora actuelle. Un exemple frappant ? Allez, dans les 10 commandements, rien que ça ! La première parole que vous connaissez tous par coeur dit: <i>"Je suis l'Eternel ton qui t'a fait sortir d'Egypte"</i>. "Qui t'a fait sortir", <b>"Hotzetikha"</b> s'écrit dans nos Sifrei Thora actuels avec un Youd après le Tav. Eh bien, le <b>Talmud de Jerusalem (Souka, 4b)</b> a une version sans le Youd !<br />
Un des plus grands juristes de notre tradition, le <b>Rashba, Rabbi Shlomo Ben Aderet</b> tranche que lorsque le Talmud prend appui sur certains mots de la Thora pour en tirer une Halakha pratique, il est nécessaire d'écrire le Sefer Thora selon la version acceptée par le Talmud. En pratique, ce n'est pas le cas aujourd'hui, mais cela montre bien que les plus grands maîtres du judaïsme étaient tout à fait conscients que la version textuelle aujourd'hui acceptée par l'ensemble du monde juif n'était pas celle qui avait cours plusieurs centaines d'années plus tôt.<br />
<br />
Même aujourd'hui, tout le monde juif n'a pas exactement la même version du texte. Les Yéménites ont notamment des Sifrei Thora avec 9 différences par rapport aux Sifrei Thora Ashkénazes et Séfarades.7 font référence à des différences de lettres pleines/défectives, les deux autres étant un "Vayhiyou" à la place d'un "Vayehi" et le fameux "Daka" qui s'écrit avec un Aleph chez les Yéménites et avec un Hé chez les Autres (y compris chez les Ashkénazes malgré une légende tenace).<br />
Il est aujourd'hui admis que la version de la Thora de Maïmonide était conforme à la version Yéménite actuelle. Ce qui veut dire que tous les Ashkénazes et Séfarades du monde juif (je vous assure, ça fait un paquet de monde) seraient en fait des hérétiques !<br />
<br />
Bon très bien. Mais peut-on quand même affirmer que toute la Thora, quelle que soit sa version, est l'oeuvre d'une transmission de Dieu à Moïse ? Y a-t-il une partie du texte de la Thora qui n'aurait pas été l'oeuvre de Moïse ?<br />
Il semble bien que la Tradition elle-même le pense. Je vous laisse lire <a href="http://modernorthodox.over-blog.com/article-le-secret-des-douze-ibn-ezra-et-la-critique-biblique-80855399.html">cet article du blog Modern-Orthodox à propos de la position d'Ibn Ezra </a> qui pense que les 12 derniers versets de la Thora, mais aussi de nombreux autres versets de la Thora n'ont pas été écrits par Moïse mais ont été ajouté après cette période. Cette position n'est pas isolée et elle est défendue par des commentateurs variés. C'est notamment le cas de <b>R. Yehouda Hehassid</b> et de <b>R.Avigdor Katz</b> (le maître du <b>Maharam de Rottenbourg</b>) qui valident le fait qu'il existe bien des ajouts à la Thora provenant de Josué et des membres de la Grande Assemblée (Knesset Haguedola).<br />
<br />
A ce stade, et suite aux nombreux autres exemples soulevés par Shapiro, celui-ci reconnaît qu'il est impossible de penser que Maïmonide n'avait pas connaissance de ces contre-arguments. Celui-ci avait une véritable connaissance encyclopédique du Talmud et il devait forcément savoir que son 8ème principe se heurtait à de nombreuses incohérences vis-à-vis de la Tradition elle-même. Shapiro se propose de résoudre cette contradiction en faisant appel à une sorte de variante de la lecture "à double niveau" de l'oeuvre de Maïmonide: celle pour les masses et celle pour l'élite. Shapiro prend appui sur le chapitre 3 du <u>Guide des Egarés</u> où Maïmonide fait la distinction entre les croyances "vraies" et les croyances "nécessaires". Il ne me semble pas nécessaire de développer plus avant cette distinction, mais elle apparaît assez convaincante même si elle pose avec une brutale lucidité la question des positions "politiques" de nos maîtres y compris à l'époque actuelle.<br />
<br />
<b>L'éternité de la Thora</b><br />
Les lois de la Thora sont-elles éternelles ? Rien ne sera donc abrogé dans le futur, même aux temps messianiques ? On s'en doute, la réponse c'est que la Tradition juive est très loin de partager unanimement cette position.<br />
On sait déjà que des Midrachim (<b>le Yalkout Shimoni</b> notamment) pointent le fait que toutes les fêtes seront abrogées à l'exception de Pourim. Le Talmud (<b>Kidouchin 72b</b>) indique que les Mamzerim (enfants issus d'une union interdite) seront "purifiés" lors des temps messianiques.<br />
Plus près de nous et peut-être plus inattendu, le <b>Rav Avraham Itzhak Kook</b>, premier Grand-Rabbin Ashkénaze d'Israël, dans son ouvrage Olat Reiya, pense qu'il n'y aura lors des temps messianiques que des sacrifices sous forme végétale (et plus du tout de sacrifices impliquant des animaux)<br />
<br />
Je ne vais pas poursuivre ce billet en traitant les autres principes, même s'il y aurait des pages et des pages à écrire notamment à propos du Messie (vous savez le fameux <i>"Ani Maamin beemouna Chelema beviot Hamashiah"</i>) ou de la Résurrection des morts (Y aura-t-il une vraie résurrection ?). Pour ceux qui sont intéressés, procurez-vous ce bouquin, ce que j'ai recensé dans ce billet n'est certainement pas le 10 000ème des sources et des sujets abordés dans cet ouvrage (et je vous assure que je n'exagère pas: j'ai pensé mettre 1000ème au début, mais ça faisait vraiment trop prétentieux pour ce billet).<br />
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En revanche, sa conclusion est intéressante et vaut le coup d'être mise en lumière.<br />
A l'origine, ce livre est parti d'un article plus concis visant à prouver que les 13 principes de foi de Maïmonide ne constituaient certainement pas le dernier mot en matière de théologie juive. Cet article, dit Marc Shapiro, a fait l'effet d'une bombe dans les milieux orthodoxes et dans les milieux Yechivistes (pas en France, je vous rassure, dormez tranquilles). <br />
En effet, pour nombre d'entre ceux qui fréquentent ces milieux, les 13 principes de foi de Maïmonide sont perçus comme une sorte de dogme théologique sans faille et certaines sources traditionnelles qui vont à l'encontre de la prose de Maïmonide et que relève Marc Shapiro sont finalement extrêmement mal connues. Cela en dit beaucoup sur l'ignorance dont sont victimes les travaux "théologiques" de nos maîtres dans les milieux "orthodoxes".<br />
Mais la dernière phrase de conclusion de Shapiro est inspirante: <i>"The fact that Maimonide placed the stamp of apostasy on anyone who disagreed with his Principles did not frighten away numerous great sages from their search for truth. The lesson for moderns is clear".</i><br />
<br />
En bref, <b>un Juif digne de ce nom ne peut absolument pas se laisser impressionner par un argument d'autorité</b> (qui a dit Daat Thora dans la salle ?), fût-il prononcé par un Géant tel que Maïmonide. A une époque où les positions théologiques et dogmatiques tendent à se rigidifier, la leçon est rafraîchissante.<br />
Je retiens également une chose supplémentaire du travail de Shapiro: un Juif peut avancer à peu près n'importe quelle hypothèse théologique. Mais s'il veut que celle-ci soit prise au sérieux par l'ensemble de ses pairs de la tradition juive orthodoxe, il y a une condition: qu'il prenne sur lui le joug de la Halakha et des Mitzvots. C'est ce seul point qui distinguera les véritables "chercheurs de vérité au nom du ciel" des "jongleurs d'intellect".Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com18tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-38025024567486402392011-08-19T17:15:00.000+02:002011-08-19T17:15:06.922+02:00Deux blogs fort intéressants: Modern-Orthodox et SeforimUne des règles d'or d'un blog, c'est de soigner la fréquence de publication de ses billets. Autant dire que je suis donc un bien piètre blogger. Devrais-je dire que dès la rentrée, de bonnes résolutions m’assailliront, qui feront que plusieurs billets par jour seront mis en ligne ? Non, ça je dois à l'honnêteté de reconnaître que tant que je ne serai pas au chômage ou la retraite, ça ne risque pas de produire. En revanche, on pourra certainement faire un effort pour que plusieurs mois ne ne passent pas entre deux posts consécutifs. J'ai d'ailleurs pas mal d'articles en préparation...(oui, oui je sais, il faut le voir pour le croire).<br />
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En attendant, voici de la pub pour deux excellents blogs pour tous ceux qui s'intéressent au monde juif:<br />
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- <a href="http://modernorthodox.over-blog.com/">Le blog Modern-Orthodox</a><br />
C'est un blog, comme son nom l'indique, qui vise à populariser ce courant du judaïsme dont on pourrait dater l'origine à <b>Rav Shimshon Rephael Hirsch</b> (1808-1888) et qui s'est poursuivi aux Etats-Unis avec notamment les actions du <b>Rav J.D Soloveïtchik</b> et toute la structure associée (Yeshiva University notamment). On pourrait aussi raisonnablement catégoriser de modern-orthodox la position d'une grande partie du monde sioniste religieux actuel. Ce qui les rassemble ? Un attachement inconditionnel à la tradition juive, notamment dans le cadre de la Halakha la plus authentique, mais également un vraie volonté de s'ouvrir à la pensée produite par le monde profane, que ce soit au niveau des sciences humaines (histoire, sociologie, psyvhologien antrophologie,...), des structures sociales (éducation innovante, engagement politique,...) ou des modes de vie (valorisation de la mixité travail/étude de la Thora). D'une certaine façon, même si les différents courants du judaïsme (orthodoxes, libéraux, conservative, modern-orthodox,...) sont des catégories nées et faisant sens dans le monde ashkénaze, on pourrait trouver également de nombreuses similitudes entre l'approche halakhique traditionnelle du monde séfarade avec certaines positions des modern-orthodox. En témoigne par exemple ce <a href="http://modernorthodox.over-blog.com/article-rabbi-yossef-messas-hommage-au-judaisme-nord-africain-43866201-comments.html#anchorComment">post</a> visant à faire mieux connaître une personnalité très significative du point de vue de l'approche halakhique des Juifs d'Afrique du Nord: le Rav Yossef Messas.<br />
Vous y trouverez de façon générale d'excellents articles, souvent engagés, en provenance d'un jeune auteur qui vit le monde juif depuis Israël et notamment depuis Tsahal.<br />
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- <a href="http://seforim.blogspot.com/">The Seforim Blog</a><br />
Bon, alors là c'est pour les plus motivés: le blog est en anglais et il est parfois très pointu. A l'origine, le blog se préoccupe de livres juifs (Livres = Sefarim en hébreu et avec l'accent vouzvouz ça fait Seforim), anciens ou nouveaux avec des analyses plus que fouillées.<br />
Mais au détour d'un chemin, vous y trouverez des posts plus "généralistes" qui recèlent d'excellentes surprises, d'autant que les auteurs sont justement des pointures dans leur domaine.<br />
<a href="http://www.col.fr/kook/rkook-s.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.col.fr/kook/rkook-s.jpg" /></a>Le dernier post publié est le 5ème post d'une série publié par le <b>Pr. Marc Shapiro</b>, dont j'ai déjà parlé sur ce blog et sur lequel vous devez vous attendre ici à un prochain post sur son ouvrage<u> "The limits of orthodox theology"</u> qui est un livre absolument extraordinaire.<br />
Shapiro part de l'analyse de la publication de nouveaux écrits du <b>Rav Avraham Itzhak Hakohen Kook</b>, connu pour être, entre autres, le premier rabbin Ashkénaze d'Israël mais aussi le théoricien du mouvement sioniste religieux. Il est surtout, et c'est ce sur quoi Shapiro insiste, un parfait connaisseur de l'ensemble des aspects de la tradition juive (Talmud, Halakha, Kabbale, Théologie,...) tout en ayant une approche tout à fait nouvelle et innovante. Shapiro le compare d'ailleurs d'une certaine façon au Maharal de Prague (dont le Rav Kook était un fin connaisseur), voire à Nahmanide, ce qui est d'une audace assez extraordinaire, mais quand on y réfléchit, c'est assez juste.<br />
En revanche, comme il s'agit d'un blog, Shapiro s'autorise à se laisser porter par des digressions assez loin du Rav Kook, mais qui sont toujours absolument passionnantes.<br />
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Je vous encourage bien sûr à aller voir ce blog et cette série de billets mais juste pour vous donner un peu plus envie d'aller voir, voici quelques perles glanées dans le 5ème billet publié il y a quelques jours:<br />
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- Le Rav Kook tient qu'un des dangers qui guette l'état spirituel de grands sages de la Thora est de se perdre dans les détails très terre à terre des problématiques halakhiques. On peut comprendre le propos, mais n'est-il pas dangereusement proche de certains princeps chrétiens ?<br />
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- Il tient également que parfois, le peuple (ou les masses) ont une sorte d'intuition naturelle plus proche de la vérité que les approches parfois tarabiscotées de certains grands sages, dont la profondeur analytiques risque d'arriver à justifier certains comportements inacceptables. Marc Shapiro, pour illustrer cette thèse, parle de certaines affaires sexuelles dans lesquelles des chefs religieux étaient impliqués et dans lesquelles les masses ont été beaucoup plus promptes à condamner ces personnes alors qu'ils étaient par ailleurs plutôt protégés par leurs pairs. J'avoue ne pas avoir été convaincu par cet exemple, beaucoup plus lié à des considérations politiques et de "castes" que d'une analyse intellectuelle poussée. En revanche, même si Marc Shapiro n'en parle pas, on pourrait appliquer ce raisonnement plus sûrement au sionisme: les masses juives n'ont-elles pas compris plus vite l'intérêt de l'existence de l'Etat d'Israël que les grands chefs spirituels d'avant-guerre ?<br />
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- Ce point mène Marc Shapiro à aborder la contradiction possible (et très tangible aujourd'hui) entre la Halakha telle qu'elle est définie dans les livres et études halakhiques et le comportement naturel des Juifs respectueux de la Halakha. C'est un sujet majeur aujourd'hui qui est peut-être une des lignes de partage les plus sensibles entre le monde Haredi et le monde modern-orthodox et en particulier Séfarade. Franchement, avez-vous déjà vu des Séfarades pieux peser sur une balance le poids de leur Matza Chemoura le soir du 1er seder de Pessah ? Comme le dit le Rav Amital, en Hongrie dans sa jeunesse, il n'entendait pas parler de Halakha par çi, Halakha par là: le mode de vie était complètement intériorisé et seuls ceux qui ont perdu le contact avec la tradition se sentent obligés de se plonger dans des méandres détaillées de chaque halakha pratique. Les Hassidim et le monde séfarade d'Afrique du Nord sont-ils les derniers survivants d'un monde encore connecté à une vraie tradition ? Personnellement, je trouve que c'est une question intéressante.<br />
<br />
- Faut-il croire aux Aggadot (les récits historiques ou moraux) du Talmud de façon littérale ? De nombreux sages de la tradition répondent négativement, y compris certains d'entre eux qui traînent une réputation pas très favorable. Un exemple parmi d'autres: le Hatam Sofer, dont on répète souvent son aphorisme "Hadach Assour min Hatora" ("le Nouveau est interdit par la Thora, qui est en fait un jeu de mots sur une règle halakhique agricole transposé au contexte de réforme d'Europe centrale du 19ème siècle). En réalité, Marc Shapiro montre que celui-ci était loin d'être un extrémiste (réputation en fait formée par les mouvements réformés de l'époque), mais qu'il avait en plus un important sens critique. Il admettait par exemple, comme le suggère Ibn Ezra (<a href="http://modernorthodox.over-blog.com/article-le-secret-des-douze-ibn-ezra-et-la-critique-biblique-80855399.html">cf. ce superbe article sur le sujet dans le blog modern-orthodox</a>) qu'une partie du livre du Deutéronome n'avait pas été écrite par Moïse.<br />
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- Pour ceux qui suivent les guerres picrocholines (mais en disant ça je suis méchant car il y a je pense un enjeu essentiel pour le mouvement sioniste-religieux) ayant opposé deux figures de la Yéchiva Merkaz Harav, pilier du mouvement suivant les enseignements du Rav Kook, Marc Shapiro revient sur la personnalité du Roch Yéchiva de Merkaz Harav, le Rav Shapira (Shapiro en anglais).<br />
<br />
- Un sujet qui m'a beaucoup marqué, eu égard à l'intérêt philosophique croissant que revêtent les récents travaux sur le monde animal. Comment les considérer d'un point de vue philosophique ? Que ce soit les travaux d'Elisabeth de Fontenay (qui a la caractéristique d'avoir deux sujets d'études principaux: les Juifs et les animaux) ou Jonathan Safran Foer dans son dernier livre "Faut-il manger les animaux ?", il semblerait qu'un déplacement conceptuel soit en cours. Eh bien, il est d'autant plus notable que le Rav Kook, il y a maintenant plus de 70 ans, avait déjà indiqué que les sacrifices animaux ne seraient jamais restaurés et que sacrifices végétaux seraient plutôt la norme. Ceci est plutôt connu et a d'ailleurs fait l'objet d'une analyse par Shapiro dans son livre cité plus haut. Ce qui est nouveau, c'est que la publication des textes originaux montrent que le fils du Rav Kook (Rav Tzvi Yehouda, dont Leibowitz disait le plus grand mal malgré l'estime qu'il portait à son père) a clairement censuré une partie des écrits de son père où celui-ci affirmait que non seulement les sacrifices animaux ne seraient plus, mais qu'il serait carrément <u>interdit</u> de les restaurer. Incroyable non ?<br />
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PS: allez-voir aussi les notes de bas de page, on y trouve aussi des choses succulentes:<br />
- notamment sur le rav Moshe Feinstein dont un livre récent expose plusieurs psakim suprenants: un masseur homme peut masser une femme s'il s'agit d'une prestation occasionnelle, un homme peut exercer la profession de "Goûteur de vin" même non-casher s'il n'avale pas le vin ou encore le fait qu'il est interdit de renoncer à célébrer un mariage sous prétexte que les invités sont attablés de façon mixte.Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com11tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-82169923447022994582011-02-09T00:38:00.000+01:002011-02-09T00:38:30.932+01:00Le dîner du CRIF en direct sur TwitterIl y a 2 ans, j'avais inauguré la description du <a href="http://lemondejuif.blogspot.com/2009/03/le-diner-du-crifvu-de-linterieur.html">Dîner du CRIF vu de l'intérieur</a> sur un blog.<br />
La technologie n'ayant plus de limites, nous essaierons de faire moderne et de décrire ce qui se passe dans ce toujours insolite dîner en direct sur Twitter.<br />
<br />
Il suffira de suivre @Frisonsubtil sur <a href="http://fr.twitter.com/#%21/Frisonsubtil">Twitter</a> pour les petites anecdotes sérieuses ou non qui ne manqueront pas de ponctuer ce moment. Certes, je comprendrais que vous préfèreriez suivre France-Brésil au Stade de France, mais un petit coup d'oeil à son Twitter de temps en temps ne fera pas de mal, surtout pour un match sans Nasri, Ribéry ni Ronaldinho...Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-49316022258497144802011-01-04T20:18:00.000+01:002011-01-04T20:18:42.817+01:00Les enfants, la femme, la famille: hiatus entre judaïsme et philosophie ?<span xmlns=""></span><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiN7BqkxUNUlj2auzEUCKIT-dByk9UvMczZ6f-7-MiuDWHsg7AySrFhPsYqtgEM9qsKUo0vshAyAlr3IUiMAFojZ-eMx67l8rYFd77YOgL2pJXhBt_J4bYHahzm-cOA0rwmPumNZgey7n5/s1600/la-carte-et-le-territoire.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; height: 219px; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; width: 133px;"><img border="0" height="200" n4="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiiN7BqkxUNUlj2auzEUCKIT-dByk9UvMczZ6f-7-MiuDWHsg7AySrFhPsYqtgEM9qsKUo0vshAyAlr3IUiMAFojZ-eMx67l8rYFd77YOgL2pJXhBt_J4bYHahzm-cOA0rwmPumNZgey7n5/s200/la-carte-et-le-territoire.jpg" width="120" /></a>C'est un passage du dernier <strong>Houellebecq</strong>, <span style="text-decoration: underline;">la Carte et le Territoire</span>, qui m'a mis la puce à l'oreille. Un passage absolument passé sous silence par les pléthoriques critiques de ce dernier opus de l'enfin Prix Goncourt. Et pour cause, il ne prend que quelques lignes du roman et ne recèle pas beaucoup d'intérêt dans la construction de l'histoire (ainsi que la 3<sup>ème</sup> partie du livre, mais ceci est un autre débat). Jed, le héros, se trouve dans un aéroport et voici que… <em>« Devant lui, un blondinet d'environ quatre ans geignait, réclamant on ne savait trop quoi, puis d'un seul coup il se jeta à terre en hurlant, tremblant de rage ; sa mère échangea un regard épuisé avec son mari, qui tenta de relever la vicieuse petite charogne. Il est impossible d'écrire un roman, lui avait dit Houellebecq la veille, pour la même raison qu'il est impossible de vivre : en raison des pesanteurs qui s'accumulent. Et toutes les théories de la liberté, de Gide à Sartre, ne sont que des immoralismes conçus par des célibataires irresponsables. Comme moi, avait-il ajouté en attaquant sa troisième bouteille de vin chilien. »</em></div>Tiens, voilà un point de vue intéressant : pour bien philosopher, pour être un héraut de la littérature, faut-il demeurer célibataire et sans enfants ? Auquel cas, on se trouverait confronté ici à un irréconciliable fossé entre philosophie et judaïsme, puisque le premier commandement biblique exprimé par la Thora est le fameux <em>« Perou Ourbou »</em> : croissez et multipliez. <br />
<br />
Commençons l'enquête par expliciter ce que dit Houellebecq : pour créer une œuvre intellectuelle digne de ce nom, il faut pouvoir être maître de son emploi du temps. Il faut pouvoir se dégager un maximum des contraintes matérielles pour faire évoluer son esprit dans un monde d'intellect, pouvoir être ouvert aux rencontres impromptues et se laisser guider par elles et ne pas laisser perturber la construction laborieuse d'un système conceptuel par un recours trivial aux objections émises par le quotidien <em>: « Msieur le Philosophe, comment peut-on parler d'engagement et de liberté quand on doit s'occuper des gosses toute la journée et qu'on est ravi de pouvoir s'affaler sur un canapé devant un bon film avant d'aller dormir ? »</em><br />
<br />
Pour approfondir, et comme nous sommes au XXIème siècle, siècle de la performance et du traitement optimum de l'information, il nous faut des statistiques pour étayer notre thèse. D'abord, rejeter l'objection selon laquelle notre objet d'enquête serait un partage entre la philosophie et la religion de manière générale. L'attitude du catholicisme romain par exemple tient plus de l'attitude philosophique que du judaïsme : pour pouvoir correctement évoluer dans les sphères spirituelles et s'attacher au Seigneur, mieux vaut lui vouer un culte exclusif sans s'encombrer ni de femmes ni d'enfants (officiels bien sûr). Il ne s'agit pas d'un dogme théologique (puisque les Eglises d'Orient ordonnent des prêtres mariés) mais d'un principe bien constitué et sur lequel le Vatican ne semble pas pouvoir renoncer, d'autant que le programme est déjà annoncé par l'Evangile de Luc : «<em> Si quelqu'un vient à moi sans haïr son père, sa mère, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et jusqu'à sa propre vie, il ne peut être mon disciple ».</em>(la différence avec l'Islam est plus subtile mais mériterait un développement séparé).<br />
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<div class="separator" style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none; clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7ssG905BSXNTGzoglESsPk0_fWeoPbfRp49M6wFJQD02MvPGG9fb7flv67GOc8nhjpNgAoY8IYx0SyFOAUqPi9S_fNDo-TfTxz12Bkciekwm94XwjN7-ZwCRaUuPmb-4hLpEBJHC_L4_V/s1600/Philosophie+Magazine.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" n4="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh7ssG905BSXNTGzoglESsPk0_fWeoPbfRp49M6wFJQD02MvPGG9fb7flv67GOc8nhjpNgAoY8IYx0SyFOAUqPi9S_fNDo-TfTxz12Bkciekwm94XwjN7-ZwCRaUuPmb-4hLpEBJHC_L4_V/s200/Philosophie+Magazine.jpg" width="153" /></a></div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Ensuite, aller voir la presse philosophique people pour vérifier si les philosophes en général sont bien comme le pense Houellebecq des « célibataires irresponsables ». Ca tombe bien, une des dernières moutures de Philosophie Magazine est consacrée plus ou moins à ce thème : « La famille est-elle insupportable ?». Et entre autres contributions brillantes, le magazine a fait l'exercice pour nous. Le résultat est édifiant : 75% des plus grands philosophes du patrimoine de l'humanité étaient célibataires ! Et pour ceux qui se sont finalement mariés, la plupart (comme Hegel) l'ont été tardivement. Certains philosophes ont défendu l'institution du mariage et de la famille, comme Voltaire ou Kant, mais se sont bien gardés de s'encombrer avec de telles futilités. </div><br />
Il semble donc s'agir d'un invariant, comme le pose <strong>Mathilde Lequin</strong> dans son article sur les liens entre philosophes et famille : <em>« Des Grecs à l'après-68 en passant par la chrétienté, le constat semble quasi unanime parmi les philosophes : la famille est ce qui empêche la vie authentique ».</em><br />
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<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifPvDiwxms85EoCVHdVG7P5EuWKFiFv80CwmMTgrdVLXhASUXrPv9m0jmFVV8c9LKV5SZTr87-XTHicC3ZqTFdkWSnORZ0VDaS5HHLz3_iDTTtLOKgEcB_KrrfFvdKei6h22dZn4YbCa5d/s1600/La-tentation-de-Penelope_fiche_livre.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" n4="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifPvDiwxms85EoCVHdVG7P5EuWKFiFv80CwmMTgrdVLXhASUXrPv9m0jmFVV8c9LKV5SZTr87-XTHicC3ZqTFdkWSnORZ0VDaS5HHLz3_iDTTtLOKgEcB_KrrfFvdKei6h22dZn4YbCa5d/s320/La-tentation-de-Penelope_fiche_livre.jpg" width="189" /></a>Il n'est pas anodin qu'on retrouve cette pensée dans les développements les plus contemporains. Je viens de finir un essai à la fois brillant et presque terrifiant de <strong>Belinda Cannone</strong>, qui a fait grand bruit chez les universitaires et les spécialistes des « Gender Studies », vous savez cette nouvelle discipline importée des Etats-Unis par <strong>Judith Butler</strong> (je vous laisse deviner ses origines….) consistant à séparer la notion de sexe (qui est une distinction biologique) et la notion de genre (masculin/féminin, qui est une notion sociale et construite). Jusque là pourquoi pas, sauf qu'évidemment, à partir du moment où on fait cette distinction, la tentation prométhéenne de détruire la notion de genre ou de les fusionner est trop forte. C'est en partie donc ces sujets qu'aborde <strong>Belinda Cannone</strong> dans <span style="text-decoration: underline;">La tentation de Pénélope</span>. En résumé (très bref, parce que le livre est dense et franchement intelligent), elle veut contrer les hommes mais aussi les femmes qui considèrent encore, y compris dans certains milieux féministes, qu'il existe des différences irréductibles entre l'homme et la femme qui doivent se traduire dans la vie sociale. Ce qui m'a personnellement horrifié dans ce bouquin, c'est l'angle mort. Nulle part on n'y trouve l'idée de responsabilité envers la société. Nulle part, Belinda Cannone n'envisage qu'une modification radicale de la perception des genres puisse entraîner des conséquences extrêmement dangereuses pour l'évolution de l'humanité. C'est d'autant plus frappant que l'auteur(e ?) parle longuement de sa situation intime personnelle. Et qu'apprend-on ? Que depuis très tôt, elle a fait le choix de ne pas avoir d'enfants. Pour quelle raison ? Parce que cela allait l'empêcher d'écrire. Parce que les pesanteurs du quotidien allaient forcément réduire à presque néant la nécessaire quantité de concentration indispensable pour l'œuvre future. Exactement ce qu'explique Houellebecq. Peut-on prendre au sérieux une pensée voulant se projeter dans le futur de l'humanité tout en ne voulant pas participer intimement de cet avenir ? C'est peut-être une des questions cruciales que le judaïsme peut objecter à la philosophie, ou plutôt, aux philosophes. </div><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRinRpuoABZZMVEZLfEadhFUfD_8RTQIRDupk4Iz3TjQ8ww_ebs9mGLQEuCaL0hTlJ1yJZ4ffGcHY4DQyQl_TFkPcZRALiIepx5tCH3In8wkgREhXJ9FgGN9xJefDCaN54eVwkryk6EWsb/s1600/Lanzmann_LeLievredepatagonie.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" n4="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRinRpuoABZZMVEZLfEadhFUfD_8RTQIRDupk4Iz3TjQ8ww_ebs9mGLQEuCaL0hTlJ1yJZ4ffGcHY4DQyQl_TFkPcZRALiIepx5tCH3In8wkgREhXJ9FgGN9xJefDCaN54eVwkryk6EWsb/s320/Lanzmann_LeLievredepatagonie.jpg" width="217" /></a>Dans un autre style et pour se rapprocher progressivement du judaïsme, il est aussi notable de constater que <strong>Claude Lanzmann</strong>, dans ses magnifiques Mémoires (<span style="text-decoration: underline;">Le lièvre de Patagonie)</span>, s'il avoue avoir eu de nombreuses femmes dans sa vie, s'il admet également s'être marié, n'a finalement jamais eu d'enfants. Il ne s'en explique pas vraiment. Mais la question est légitime : aurait-il réalisé l'œuvre de sa vie s'il avait eu à s'occuper d'enfants ? Shoah aurait-il vu le jour si l'inquiétude de mourir qu'amplifie forcément la parentalité avait happé Lanzmann au quotidien ?</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Même si la réponse à cette dernière question est négative, il semble que la tradition juive pose l'exact inverse de ce que prônent les philosophes : un homme n'est complet que s'il a trouvé une femme. Parce que l'union avec une femme est la condition indispensable à l'atteinte d'une forme de plénitude spirituelle. C'est un thème qui traverse tout la littérature rabbinique, qu'elle soit midrachique, halakhique ou même (ou plutôt surtout) kabbalistique. Et bien entendu, même si la relation homme-femme n'est pas limitée par la procréation, elle contient absolument cet impératif. Avoir des enfants est donc le premier commandement biblique et d'autres commandements « collatéraux » s'y rattachent : la circoncision (Brit-Mila), l'étude, enseigner un métier, voire la natation (si, si).</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">A première vue, on pourrait se féliciter de la position juive : plus proche des contingences matérielles, c'est une spiritualité qui ne fait jamais l'impasse sur les contraintes de la vie mais au contraire qui cherche à les sublimer. L'ascétisme, s'il existe dans le judaïsme, n'a pas bonne presse. La Thora s'en méfie, comme elle se méfie de ces volontés d'atteindre une forme de pureté absolue dans le service divin. Elle préfère ne pas se laisser duper par l'hypocrisie consistant à se croire au-dessus des problèmes de factures, de business ou d'entente familiale. De nombreuses blagues juives sont en fait des variations sur ce thème central. Encore une fois, on pourrait arrêter là et se féliciter d'appartenir à une tradition qui nous permet (pardon, qui nous oblige !) à manger du couscous boulettes tous les vendredi soirs plutôt que de se flageller tous les matins avec un martinet en acier traité.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Mais si l'on se veut cohérent et prendre au sérieux la position philosophique, il faut reconnaître que le mode de vie juif n'est pas propice à la création d'une grande œuvre. C'est d'ailleurs une remarque que j'ai souvent entendue : les Juifs ont certainement fait avancer la science, ils ont plein de prix Nobel, mais la plupart sont en fait des Juifs assimilés ou s'étant sensiblement éloignés de la tradition juive. Einstein, Freud, Spinoza, Marx, sans parler de Jésus n'habitaient ni Méa Shéarim, Bné Brak ou même Meknès.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Sans vouloir répondre définitivement à cette vaste question (d'abord j'en serais incapable et ensuite il faut que je m'occupe de 3 gosses tous excités en cette période de vacances scolaires, sans compter ma femme qui veut obstinément que je fasse la vaisselle, bref j'ai aucune chance d'être philosophe), je proposerais bien une piste : <strong>le judaïsme ne cherche pas à ce que l'homme produise une œuvre</strong>. Qui dit œuvre, dit un ensemble finalisé, un aboutissement, un système. Parfois ce système est tellement brillant qu'on le dit inadapté à la vie prosaïque de l'homme (c'est la fameuse formule de Péguy : le kantisme a les mains purs, mais il n'a pas de main). Or, la Thora ne cherche pas à systématiser (le Talmud en est un exemple évident) et préfère mettre l'accent sur la <strong>dynamique de l'Etude</strong>. <strong>Sur ce que celle-ci provoque de façon existentielle chez l'homme</strong>, de ce qu'elle éveille de façon spécifique chez chacun de ses acteurs, surtout lorsque ceux-ci sont au moins deux à « réveiller » un texte, chacun avec son histoire et sa subjectivité. Que parfois, une étude soit stérile du point de vue utilitaire (question rituelle : « pourquoi étudier un passage bizarre comparant les 4 types de mises à mort possibles ? »), c'est une évidence. Et pourtant, ce qui a perduré pendant des siècles chez les Juifs, c'est cette Etude pharisienne. Dont on peut légitimement penser que d'un strict point de vue matérialiste, elle n'est pas étrangère à la destinée du peuple Juif, ni à ce qu'ont produit ses fruits les plus éloignés rappelés plus haut. Mais le cœur du peuple juif n'avait pas vocation à créer une œuvre. Il devait vivre selon des modalités définies par une transcendance qui ne se soucie ni d'Histoire, ni de Progrès, ni de Science, uniquement pour qu'un homme, sa famille et son peuple puisse accomplir une forme de projet divin qui passe par une sensibilité particulière à l'intériorité de chacun, révélée par l'Etude et une forme d'orthopraxie.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Je ne pourrais cependant pas finir ce post sans mentionner que la Thora est pleinement consciente de ce paradoxe : la famille permet de vivre mais elle est parfois inhibitrice quant à la grandeur d'une œuvre. </div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Deux exemples :</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">1) La Michna raconte que <strong>Ben Azzaï</strong>, un temps marié avec la fille de Rabbi Akiva, n'a pu assumer cette charge. Il préférait en effet se consacrer corps et âme à l'étude de la Thora. Ce qui n'était pas compatible avec une charge de famille. Complètement contraire au message divin ? Certes, mais le reproche fait à Ben Azzaï n'est finalement pas catégorique. Rabbi Akiva lui-même a délaissé sa femme pendant plusieurs années pour aller étudier la Thora alors même que c'est elle qui l'a poussé à l'étude et à devenir le Maître qu'il est ensuite devenu.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">2) L'épisode de Bamidbar (Les Nombres) où Myriam attrape la maladie appelée Tzaraat. Le texte littéral nous dit que cette punition est due à certains mots malheureux qu'elle aurait prononcés à propos de la femme éthiopienne de Moïse, Tzipora. Le grand commentateur devant l'Unesco qu'est <strong>Marek Halter</strong> y a trouvé la première trace de racisme anti-black et a fait comme si Dieu avait accroché un badge Touche pas à mon pote pour défendre Tzipora (par pitié, arrêtez de lire Marek Halter, vous ferez une grande Mitzva). Les Sages de la Tradition orale nous enseignent autre chose. Myriam aurait en fait médit sur son frère Moïse. Celui-ci, monopolisé par sa fonction de leader du peuple juif, aurait délaissé son épouse, ce qui provoqua les reproches de Myriam. Ce qui est étonnant, c'est que non seulement Dieu ne reproche rien de tel à Moïse, mais en plus il punit Myriam pour ce geste. Moïse, le plus grand prophète du peuple juif, qui délaisse son épouse et dont le midrach nous rapporte que ses enfants n'ont pas très bien tourné…</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Certains destins peuvent-ils se passer d'une femme et d'enfants ? Faut-il systématiser et trouver une réponse ou laisser la question ouverte ?</div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-51572169511040588522010-09-06T02:00:00.000+02:002010-09-06T02:00:34.041+02:00Roch Hachana: le jour du jugement. Vraiment ?S'il y a bien une chose que l'Etude juive (avec un grand E) nous apprend, c'est de ne pas tout prendre pour argent comptant. Pour certains, l'Etude est même synonyme de <i>"je ne prends rien pour argent comptant"</i><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br />
</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkNdh4rMofJxMCFcj-egpcj6IkVcsDluL5eZrVzCfIuADj9ksmreLS2XW6v2jcmb7NFEqhPEW3zq_WlqxhY8c4x81p_X5HUtUXI8XM9kj52_tL2Jcsv9vg4TSloVfS3OepHbzCv8doT5TU/s1600/rosh_hashana_2006.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkNdh4rMofJxMCFcj-egpcj6IkVcsDluL5eZrVzCfIuADj9ksmreLS2XW6v2jcmb7NFEqhPEW3zq_WlqxhY8c4x81p_X5HUtUXI8XM9kj52_tL2Jcsv9vg4TSloVfS3OepHbzCv8doT5TU/s320/rosh_hashana_2006.gif" /></a></div>J'ai assisté à un cours restreint il y a quelques mois de cela, donné par un Rav hors-pair, peut-être un des plus grands talmudistes français. A un moment donné, le Rav nous expose que le Eved Kenaani (un statut juridique particulier associé à un serviteur non-juif) est soumis à l'obligation du Korban Pessah.<br />
En effet, le Eved Kenaani vit dans la maison du maître et est soumis à un certain nombre d'obligations halakhiques et donc, en particulier au Korban Pessah, sacrifice effectué le jour de Pessah qui, paradoxe suprême, représente l'expression par excellence de la liberté.<br />
Bref, personnellement, je le crois sur parole et j'attends donc la suite du cours qui vise, j'imagine, à expliquer ce paradoxe. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'un des participants demanda les références exactes de cette halakha. Imaginez un élève de Terminale S demander à Einstein s'il est certain qu'E=MC²<br />
Et quelle ne fut pas ma plus grande surprise encore lorsque le Maître sourit et dit avec son accent si caractéristique "tu as raison, tu as raison, tu veux les références, je peux faire, pas de problèmes". Et il se mit à chercher le volume précis du Choulkhan Aroukh, l'ouvrit pour ensuite le montrer à l'élève qui entra dans une discussion un peu subtile pour essayer de montrer que ce n'était pas forcément exactement le cas.<br />
C'est une règle de l'étude: ce qui prime c'est la recherche de la vérité. Toutes les obligations mondaines ou hiérarchiques, évidemment utiles à la vie en société, devraient s'effacer lorsqu'on ouvre une Guemara.<br />
<br />
Quel rapport me direz-vous avec Roch Hachana ? Eh bien c'est que cette fête se ressent parfois en mode pilotage automatique: Début de l'année, Chana Tova, Téchouva, Chofar, Jugement, Crainte, 10 jours pour se rattraper jusqu'à Kippour, etc... sont autant de mots-valises utilisés à saturation pendant cette période. Ils ont l'avantage de créer une ambiance particulière, de se rendre compte qu'il s'agit d'une étape spéciale de l'année (les fêtes de Tichri) pendant laquelle les adeptes du régime Dukhan seront au supplice et pour laquelle les trésoriers communautaires redoublent d'attention, attendant impatiemment le résultat du meilleur mois de l'année en matière de chiffre d'affaire.<br />
<br />
Mais comme souvent, lorsqu'on commence à se poser des questions, on se dit que franchement, on nous fait peut-être prendre des vessies pour des lanternes.<br />
Quelques exemples: le Talmud nous enseigne que le jour de Roch Hachana, le créateur du monde juge l'ensemble du monde et répartit les hommes en 3 catégories. Les Tzadikkim, les Justes, qui sont inscrits dans le livre de la Vie. Les Rechaim, les Impies, qui sont inscrits dans le livre de la Mort. Et les Beinonim (on dirait aujourd'hui, ceux qui doivent passer l'oral, ou mieux encore: septembre) qui ont jusqu'à Kippour pour se rattraper et éventuellement rejoindre les Tzadikkim dans le livre de la Vie.<br />
Certes, certains rabbins s'en donnent à coeur joie pour expliquer que nous sommes tous des Beinonim et qu'il faudra cravacher jusqu'à Kippour pour être certain de passer encore une année sur cette terre.<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg97OoNgePO_y_1JZO1u6eqrr4LIt1RvFtFx7xKOeaBSBkCtjd4ptyOg855mdzth6xj1dzF3R4gy8mC_E_VVmoKfscGR3r03grSmm_XMKEnfAjqtt2fA1EmBm9xAWz_-UbLsxbwO9asTeVX/s1600/khamsa_chanatova.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg97OoNgePO_y_1JZO1u6eqrr4LIt1RvFtFx7xKOeaBSBkCtjd4ptyOg855mdzth6xj1dzF3R4gy8mC_E_VVmoKfscGR3r03grSmm_XMKEnfAjqtt2fA1EmBm9xAWz_-UbLsxbwO9asTeVX/s200/khamsa_chanatova.gif" width="147" /></a></div>D'autres se contentent de balayer cette métaphore d'un revers de la main juste avant d'aller jouer au golf au Country Club: <i>"billevesées que tout cela, il s'agit encore d'une de ces légendes aliénantes que les producteurs d'opium religieux s'acharnent à diffuser en vue d'exercer un contrôle totalitaire sur les âmes et les coeurs des masses naïves et non éclairées"</i>. Bon, ça permettra sûrement au monsieur d'améliorer son handicap et de rattraper Tiger Woods, mais qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec ça ?<br />
<br />
N'y a-t-il pas moyen d'exercer son sens critique sur certains textes de la Tradition, tout en les prenant hautement au sérieux car convaincus qu'ils sont porteurs d'un sens fécond ?<br />
Eh bien, il se trouve que des gars vivant dans mon beau pays il y a 800 ans ont évidemment osé poser une question de pur bon sens sans se laisser impressionner par l'establishment (bon OK, j'en rajoute un peu sur le côté Besancenot du Talmud).<br />
Reste que les Tossafistes, puisque c'est d'eux dont il s'agit, s'interrogent (Roch Hachana 16b): <i>"Il se trouve que dans la vraie vie, on voit plein de Tzadikim mourir dans l'année et plein de Rechaim vivre encore de longues années, ce qui est peu contradictoire avec ce qu'on raconte sur le livre de la Vie"</i>. Question évidente, qu'il faut poser, qui commence à nous faire douter que le sens littéral soit le plus pertinent, mais qui en contrepartie nous ouvre vers des interprétations bien plus savoureuses et enrichissantes (que nous ne développerons pas ici, mais pour ceux qui sont intéressés, tous les commentateurs classiques reprennent cette question: le <b>Ramban</b>, le <b>Ran</b>, <b>Rabbénou Yona</b>, etc... et sont bien synthétisés dans un article du Siftei Haim, l'ouvrage de compilation des cours du <b>Rav Friedlander</b>).<br />
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De la même façon, est-il vraiment pertinent de penser que le jour de Roch Hachana est véritablement un jour de jugement, avec Dieu à sa table entouré de ses assesseurs qui passe en revue au fur et à mesure chacun des prévenus ?<br />
J'ai un ami qui a poussé la logique littérale jusqu'au bout. Il est en effet d'usage de ne pas dormir le jour de Roch Hachana afin que <i>"son Mazal, sa chance, ne dorme pas pendant l'année"</i>. Certains disent qu'il est également inconvenant de dormir alors qu'on va bientôt passer en jugement devant le Roi des Rois. Mon ami pense qu'il peut s'autoriser à dormir pendant Roch Hachana. La raison ? <i>"Ayache, c'est au début de l'alphabet, à midi pour moi c'est plié, je peux dormir tranquille pendant tout le reste de la fête !"</i><br />
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Au-delà de la boutade, est-il encore valide de garder cette image en tête ?<br />
Plusieurs indices nous poussent plutôt à nous en défaire. D'abord, le fait que les principaux noms de Roch Hachana ne véhiculent pas cette idée:<br />
- <b>Roch Hachana</b>, qui est le nom courant de la fête ainsi que le titre du traité du Talmud abordant ses différents aspects légaux, signifie la Tête de l'Année. Rappel de la création de l'homme et du repentir inaugural après la faute du jardin d'Eden<br />
- <b>Yom Teroua</b>, le jour de la sonnerie, est le nom donné par la Thora, évidemment en rapport avec la Mitzva principale de Roch Hachana, la sonnerie du Chofar, indispensable outil pour le réveil des âmes<br />
- <b>Yom Hazikaron</b>, le jour du souvenir, nom donné par les Sages à la fête lorsqu'ils codifièrent le format de la prière de Roch Hachana<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJ-K7zQX3f6ZOvFIGZMBwPtApuAjNYR4d63AwS-5i4lB5LeDh8hjSloavHSFP83VcDga9gjfixONIfKd8TEYAPcFgpYngCeEk5T45IF_Bg58PT1u-WznOYi8lmbPieoVXk0DLgFAiccyMo/s1600/431px-ShlomoYosefZevin.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJ-K7zQX3f6ZOvFIGZMBwPtApuAjNYR4d63AwS-5i4lB5LeDh8hjSloavHSFP83VcDga9gjfixONIfKd8TEYAPcFgpYngCeEk5T45IF_Bg58PT1u-WznOYi8lmbPieoVXk0DLgFAiccyMo/s200/431px-ShlomoYosefZevin.jpg" width="143" /></a>Bref, lorsqu'on parle couramment de la fête, on l'appelle <b>Roch Hachana</b>, lorsque la Thora en parle, c'est <b>Yom Teroua</b> et lorsqu'on prie le jour de Roch Hachana, c'est <b>Yom Hazikaron</b>.<br />
Certes, la fête est parfois appelée <b>Yom Hadin</b>, le jour du jugement. Mais l'honnêteté nous pousse à reconnaître que cette appellation semble presque "non-indispensable", jamais utilisée par la Thora et même parfois ambiguë, en témoignent les hésitations des Sages sur les impacts halakhiques à prendre en compte lorsqu'il s'agit de valoriser le concept de "jour de jugement". Sans trop s'étendre sur ce sujet un peu technique, très bien abordé par le <b>Rav C-Y.Zevin</b> dans Moadim BeHalakha (nota: tous les bouquins de C-Y Zevin sont de purs merveilles), on peut citer les exemples suivants:<br />
- on récuse l'utilisation d'un Chofar à cornes de vache pour ne pas rappeler la faute du veau d'or en plein jour du jugement<br />
- on ne dit pas le Hallel à Roch Hachana: comment le peuple juif pourrait se mettre à chanter joyeusement alors que le Roi des Rois juge ?<br />
- Mais en revanche, si certains Sages ont voulu imposer un jeûne à Roch Hachana du fait du jour du jugement, la majorité des décisionnaires l'ont interdit formellement.<br />
<br />
Que penser de tout cela ? La dimension du jour du jugement est clairement une dimension de Roch Hachana et elle existe dans notre tradition. Mais son caractère presque "magique" ou "folklorique" nous interpelle. Comment résoudre ce paradoxe.<br />
C'est chez le <b>Pr Yeshayhou Leibowitz</b> que j'ai trouvé une réponse des plus éclairantes:<br />
<br />
<i>"Il y a pour la foi une profonde signification dans la distinction entre repentir et jugement à Roch Hachana, disons entre une conception du repentir comme moyen d'obtenir un jugement favorable et l'annulation d'un mauvais verdict, et celle qui considère le repentir comme une fin en soi. La Torah a porté l'accent sur le souvenir, comme étant ce qui est fondamental, "jour du souvenir", c'est-à-dire du repentir, tandis que la tradition a ajouté cette conception de Roch Hachana où le jugement est fondamental. (...)</i><br />
<i>Pour le croyant qui recherche la plénitude de la foi, la signification de Roch Hachana est celle du rappel de sa position devant Dieu, et la question d'être en jugement se pose chaque jour et à chaque moment. Par contre, pour l'homme inaccompli, c'est-à-dire la majorité des gens, il est clair qu'on ne peut pratiquement pas attendre de lui qu'il se livre à un examen de conscience et au repentir, choses dont il est bien éloigné, tous les jours de l'année. Il ne s'éveille à ces questions qu'à l'approche des "jours austères", pendant lesquels, selon lui, il est en jugement. Cependant, bien qu'il ne s'agisse pas là de la forme parfaite de la foi, cette approche folklorique a sa place dans le monde religieux."</i><br />
<br />
On reconnaît là la célèbre distinction que fait Leibowitz entre service de Dieu intéressé et service de Dieu désintéressé. Pour ce dernier, Roch Hachana est un moment de rappel (de souvenir) de la place qu'occupe l'homme en ce monde: devant Dieu. Sa vie n'est pas rythmé par ce que Dieu peut lui offrir, mais par <b>la capacité et la volonté qu'a l'homme de servir Dieu indépendamment de notions telles que les bienfaits ou les risques de punition divine.</b> Dans cette optique, les notions de Teroua, de souvenir, de tressaillement existentiel prennent tout leur sens.<br />
Mais les hommes n'ont pas tous la capacité d'atteindre un niveau spirituel totalement désintéressé. D'où l'introduction de la notion de jugement qui, si elle n'est pas parfaite, a malgré tout sa place car elle peut être le germe d'une démarche plus solide dans le futur.<br />
<br />
Comme à son habitude, Leibowitz provoque, en dénigrant totalement la prière d'<b>Ounetané Tokef</b> qu'il considère comme le prototype de la prière pour les masses, complètement mythologique et faisant appel aux peurs les plus animales de l'homme. Je vous en livre un extrait:<br />
<span class="Apple-style-span" style="color: #333333; font-family: 'Lucida Grande', Verdana, Geneva, Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: 12px;"></span><br />
<i>"Un murmure paisible est entendu. Les figures célestes se lèvent, frémissent et annoncent avec angoisse : « Voici le jour du jugement ! » Même les armées célestes sont appelées devant Ton tribunal. Toutes les créatures de l’univers défilent devant Toi comme devant le berger qui examine son troupeau.</i><br />
<i>(...) Pour chaque créature qui défile devant Toi, Tu fixes la durée de son existence et les circonstances de sa destinée qui ne dépendent pas de sa volonté. Au jour de </i><a class="cs_glossaire" href="http://www.massorti.com/+-Roch-Rosh-+" name="mot150_6" style="color: black; text-decoration: none; z-index: 998;"><span class="gl_mot" style="border-bottom-color: gray; border-bottom-style: dotted; border-bottom-width: 1px; font-size: inherit;"><i>Roch</i></span></a><i> Hachana, notre sort est écrit. Au jour du jeûne de Kippour, notre sort est scellé.</i><br />
<i><b>Il est alors décidé:</b></i><br />
<i><b>qui disparaîtra pendant l’année et qui viendra au monde,</b></i><br />
<i><b>ceux qui pourront vivre et ceux qui devront mourir,</b></i><br />
<i><b>ceux qui seront au terme de leur existence et ceux à qui il reste encore du temps à vivre.</b></i><br />
<i><b>Tu détermines si les uns mourront par le feu, les autres par les eaux,</b></i><br />
<i><b>ceux qui seront frappés par la guerre ou emportés par des plaies : la famine, le tremblement de terre ou la maladie.</b></i><br />
<i><b>Tu établis qui jouira d’une existence paisible, heureuse et digne, sera honoré et prospère et qui connaîtra les affres de l’errance, des épreuves, de l’humiliation et de la misère.</b></i><br />
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Honnêtement pour un Séfarade, la provocation tombe un peu à plat puisque cette prière n'est pas récitée systématiquement et qu'elle ne représente rien de spécial du point de vue affectif.<br />
En revanche ma femme, Ashkénaze pure et dure, a été profondément outrée. Pour elle, et pour beaucoup de ses coreligionnaires, il s'agit du summum de la Téfila de Roch Hachana: là où le Hazan pleure le plus, où tout le monde est terrorisé, où les gens se font tout petit en imaginant, comme les Gaulois d'Astérix, que le Ciel va leur tomber sur la tête.<br />
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Leibowitz est très sévère sur cette prière car elle éloigne l'homme de la véritable signification de Roch Hachana: (re)prendre conscience que le retour vers Dieu est une fin en soi, qu'il passe par le rappel vaillant d'une existence vouée à Dieu et non à des idoles (le golf, la vie professionnelle, les mondanités, la peur de la mort, etc...) et que les notions de récompenses ou de punitions sont accessoires.<br />
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Vaste programme pour cette année, que je vous souhaite douce et heureuse !Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-13012760460134249762010-08-04T00:29:00.000+02:002010-08-04T00:29:59.998+02:00(Petit) Voyage au sein du judaïsme américain. Episode 1: ChicagoUne dizaine de jours aux Etats-Unis, à Chicago (pour raisons professionnelles) puis à New-York (pour le kif), m’ont permis de revenir avec quelques bribes de compréhension plus fines du judaïsme américain. De faire quelques découvertes surprenantes, de confirmer certains a priori, tout en battant en brèche d’autres convictions. Evidemment, tout ce qui va suivre est souvent subjectif et ouvert au débat.<br />
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<strong>Chicago</strong><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLlkuoldvwwOUyKQ_5L_acZOh_eUxhHp-6A1o9gXaW6duZvDlHY12KzBe2cMkci5rgAZwfR4K_o77QsQ0PDaMqz-AH0cdq8cEyT7tvcGFpIUG1bRe2dvHuQEmpMzIPquQSBY0aMRMv2BWT/s1600/a_serious_man_image.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" bx="true" height="188" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLlkuoldvwwOUyKQ_5L_acZOh_eUxhHp-6A1o9gXaW6duZvDlHY12KzBe2cMkci5rgAZwfR4K_o77QsQ0PDaMqz-AH0cdq8cEyT7tvcGFpIUG1bRe2dvHuQEmpMzIPquQSBY0aMRMv2BWT/s320/a_serious_man_image.jpg" width="320" /></a>Avant que mon avion ne se pose sur les pistes d'O'Hare à Chicago, j'ai eu droit à un rattrapge de films en bonne et due forme grâce au système VOD de l'avion. Et pour me mettre en jambe sur le judaïsme américain, j'ai choisi de me faire accompagner par les frères Coen et leur dernier film: <strong>"A serious man"</strong>. J'essaierai d'en faire une recension ultérieure, mais une chose est sûre, il fait beaucoup réflechir à la question suivante: le judaïsme a-t-il été transformé par la transplantation massive de Juifs d'Europe de l'Est sur les terres du Nouveau Monde ? Evidemment, la réponse ne manquera pas d'être positive, mais pour essayer de mieux le comprendre, il faut plonger.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Passons sur la semaine de boulot pour aller directement à la nécessité de passer Chabbat à Chicago.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Surtout, ne pas reproduire l’erreur déjà commise en 2003: passer un Chabbat dans un grand hôtel du Loop, le centre historique et touristique de Chicago. Ca, j’ai déjà donné il y a quelques années : en passant par Priceline (si vous ne connaissez pas, je vous conseille ce site pour trouver un super hôtel à prix défiant toute concurrence à quelques jours de votre voyage), le Palmer House Hilton de Chicago pour moins de 70$ la nuit. Manger casher ? Il suffit de demander à la réception qu’elle vous commande des plateaux casher (bien sûr dument facturés), qui vous permettront de tenir si vous ne connaissez personne dans les environs ou si vous n’arrivez pas jusqu’au Beth Habad le plus proche.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjF1iBBmr__av4C7MWNA5JOT-3LD3SdyxbL-uBKsfZLKrE8_MEQP7QOymrtXvwYpk3GqHdFh1-CcvVw9VPJt2q4c4icNwXNJKWrZy_efw1IgBQktRZs_nOENo_6A_bDCA0h5laacjrC2cDH/s1600/pews.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" bx="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjF1iBBmr__av4C7MWNA5JOT-3LD3SdyxbL-uBKsfZLKrE8_MEQP7QOymrtXvwYpk3GqHdFh1-CcvVw9VPJt2q4c4icNwXNJKWrZy_efw1IgBQktRZs_nOENo_6A_bDCA0h5laacjrC2cDH/s1600/pews.jpg" /></a>Ensuite, ça se corse. Imaginons que le samedi matin, vous souhaitiez vous rendre à la synagogue la plus proche. Vous vous dites avec beaucoup de candeur : <em>« je suis en plein dans le centre, les synagogues c’est pas ce qui va manquer, surtout dans la 3ème ville juive américaine avec près de 300 000 juifs ! »</em>. Eh bien ce n’est pas si simple. D’abord, vous devez vous faire à la fragmentation bien connue du judaïsme américain. Si vous ne voulez pas vous retrouver chez l’Assemblée Hébraïque Reconstructionniste Gays et Lesbien, ou pire (parce qu’au moins ces derniers assument une identité particulière) chez des hippies en guitare mélangeant, Gospel, proclamations d’amour dignes d'Eddie Murphy et conviction profonde de représenter l’avenir du judaïsme, il va falloir mobiliser vos talents de détectives pour trouver une Schule conforme à l’idée que vous vous faites de la Halakha. Après un étonnement initial de ne pas me retrouver avec une flopée d’oratoires dans le Loop, je trouve finalement, à côté de l’hôtel, la « <a href="http://www.chicagoloopsynagogue.org/">Chicago Loop Synagogue</a> » sur South Clark Street. Très belle d’un point de vue architecturale, sur plusieurs niveaux, avec les noms des principaux donateurs bien mis en évidence, on sent l’Amérique avec son rapport décontracté vis-à-vis de l’argent ainsi que son judaïsme bien intégré et de longue date au sein de la société américaine.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Après c’est plus surprenant : dans cette salle de plusieurs centaines de places, on ne se retrouve qu’à 30 ou 40 personnes pour faire l’office ! La raison (que je subodorais depuis maintenant quelque temps) ? Les Juifs travaillent dans le Loop mais n’y habitent pas. La synagogue est donc très active en semaine mais très peu fréquentée le Chabbat. Un kiddouch uniquement sucré après l’office qui ne m’aura pas rassasié et me voilà de retour à l’hôtel en début d’après-midi…heureusement que la ville est belle et qu’on peut profiter de belles balades, surtout en été !</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Back to 2010 : cette fois-ci, pas d’erreur. Appel d’un ami que je n’avais pas revu depuis plus de 10 ans mais qui habite Chicago et qui me confirme : <em>« les Juifs habitent dans 2 quartiers principaux : West Rogers Park qui est encore dans Chicago et Skokie qui est une ville à l’extérieur de Chicago ».</em> La raison est évidente : lorsqu’on commence à fonder une famille, on va chercher des écoles, des superficies plus conséquentes et une infrastructure particulière qui n’est pas offerte par le centre ville, plutôt dédié au business et au tourisme. Va donc pour West Rogers Park. La physionomie de la ville est complètement différente : on est plus dans Desperate Housewives avec ses maisons résidentielles ne faisant pas plus de 2 étages tout le long de rues quadrillées, que dans Mad Men avec ses gratte-ciel et son activité débordante.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Problème : il n’y a pas d’hôtels. Mon ami me donne alors un truc : la maison de retraite juive de West Rogers Park fournit des chambres pour les voyageurs de passage. Pour 75$ la nuit, ça vaut le coup. D’autant qu’on a alors la possibilité d’admirer la qualité de cette maison de retraite : grande, propre, animée, dans une ambiance juive (repas casher, offices, cours, etc…) et accueillante pour les touristes…</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Vendredi soir arrive, à la recherche d’un office ! On est plus dans le Loop c’est une évidence : des dizaines de schule de toute obédience se succèdent sur Internet : Reformed, Conservative, Orthodox, Loubavitch, Séfarade (avec même une communauté marocaine !) à quelques blocs les unes des autres. Je choisis <a href="http://www.congkins.org/index.asp?id=48">KINS</a> qui a l’air d’être une des principales communautés orthodoxes du quartier, à mi-chemin entre mon « hôtel » et mon ami chez qui je vais dîner. Pas grand-chose à dire si ce n’est que le bâtiment est imposant et bien intégré au quartier. Le rabbin est décontracté, avec un Panama blanc sur la tête et un costume clair. On sort et là surprise : les gens portent ! Il y a en effet un <a href="http://chicagoeruv.tripod.com/">Erouv à West Rogers Park</a> (le Erouv est une modalité permettant de contourner l’interdiction de porter dans un domaine public le jour du Chabbat. Il permet notamment de sortir en poussette, chose interdite sans Erouv). Halakhiquement, le sujet est polémique, j’ai d’ailleurs acheté à New-York une petite monographie sur le sujet très bien faite dont j’essaierai de faire une petite recension. Toujours est-il que la question se pose : peut-on réellement compter sur un Erouv sur un périmètre aussi vaste que West Rogers Park et avec un degré de fiabilité suffisant ? D’un autre côté, comment ne pas voir qu’un Erouv change radicalement la perception que les Juifs (et les familles en particulier) ont du Chabbat, lorsqu’enfin il est possible de sortir et d’effectuer des visites amicales ou familiales même avec de jeunes enfants ?</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div class="separator" style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none; clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9ph2YUbXrTwTZBz41dKuYd4lKRayyk1la2zdnsquBnNnYTiNTLk9gN_BIh-t_GgAPWoZPd0B3QIJ9fsUIJypFEbgVKaUtLpyXPtfEQA-FiHPrCL1peLPQcwZKmLxU_W5EwZdlmN16ODWK/s1600/jewish1948.gif" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" bx="true" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9ph2YUbXrTwTZBz41dKuYd4lKRayyk1la2zdnsquBnNnYTiNTLk9gN_BIh-t_GgAPWoZPd0B3QIJ9fsUIJypFEbgVKaUtLpyXPtfEQA-FiHPrCL1peLPQcwZKmLxU_W5EwZdlmN16ODWK/s320/jewish1948.gif" width="320" /></a></div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Repas du vendredi soir chez mes amis (que je remercie encore chaleureusement de m’avoir accueilli et guidé dans ce périple) et échanges très intéressants sur la vie de jeunes français transplantés en plein Chicago. Regrets d’abord sur la pauvreté de l’offre « intellectuelle » en matière de judaïsme en France. Difficultés à trouver des lieux et des maîtres à même de transmettre un judaïsme authentique mais aussi exigeant intellectuellement que celui en vigueur au niveau des études supérieures profanes. Il est vrai que de ce point de vue là, les Etats-Unis ont plusieurs longueurs d’avance et que la France, si elle a été pionnière dans les années 70 avec Lévinas, Neher ou Manitou est désormais un peu à la traîne. La plupart des disciples de Manitou (qui avait su adresser la problématique d’articulation entre une pensée juive authentique et les impératifs matériels et surtout métaphysiques du monde moderne) se trouvent désormais en Israël et Lévinas a laissé peu d’élèves capables de mobiliser à la fois des ressources philosophiques de haut niveau et un attachement fervent aux textes de la tradition juive (Benny Lévy en est un mais a également diffusé son enseignement en Israël). Constat malgré tout qu’il subsiste quelques pépites bien cachées comme <a href="http://www.yechiva.com/">la Yéchiva des Etudiants du Rav Zyzek</a> à Paris ou celle du Rav Eliahou Abitbol à Strasbourg ou plus médiatisées, dans un tout autre style, comme les initiatives prises par le Rav Elie Lemmel dans le cadre de son <a href="http://www.associationlev.com/home/">association Lev</a>.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Une adéquation plus simple aux Etats-Unis entre la vie professionnelle et les exigences halakhiques d’un Juif pratiquant. Lors de ma formation d’une semaine à Chicago, aucun problème pour bénéficier de repas casher fournis gracieusement par le Centre de formation, voire conserver sa kippa y compris dans le cadre professionnel (je ne l’ai personnellement pas fait, culture française oblige, mais j’ai vu un américain la garder sans problème, comme d’ailleurs les Sikhs avec leur impressionnant turban). Mais attention, tout n’est pas rose non plus : il subsiste évidemment des difficultés, liées essentiellement au respect du Chabbat en hiver. Et ne nous leurrons pas, il est plus facile de négocier quelques arrangements discrets dans des jobs de haut niveau que dans des postes plus standardisés. De fait, s’il faut donner une raison rationnelle au fait que les Juifs choisissent plus fréquemment que le reste de la population une carrière dans l’entrepeneurship ou les professions libérales, c’est certainement pour la flexibilité dans l’emploi du temps que ces métiers procurent, indispensable à une conciliation harmonieuse entre vie professionnelle et convictions religieuses.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Le lendemain, mon ami était invité par un couple Habad qui a très gentiment accepté de me recevoir également. Direction donc un office Loubavitch, commençant comme de bien entendu après 9h30 (ça ça ne change pas) et très agréable. Une découverte précieuse : le Houmach édité par la maison d’édition Kol Menahem. Je ne peux pas vous raconter cela sans faire une digression sur « la Révolution Artscroll », comme ils disent là-bas et comme le post commence à se faire long, on fera ça dans l’Episode 2 (promis dans pas trop longtemps).</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Bonnes vacances à tous !</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">A suivre...</div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com19tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-91997114305738776402010-03-28T22:55:00.000+02:002010-03-28T22:55:16.558+02:00La sortie d'Egypte: devenir Will Hunting<div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrTav7LoVz19wPyM_eV6fCrnVRX9DBGF92hoya0nfOtBuasOkPUl7Fq6XjcmZwzEWmCbJmv_-gpG4t3CPLMq4LTfkjhWrYHslgA4MQ_yVFsMSfaIl8lcJuCmAVzbyhi5RniPHEO2iWG-2w/s1600/Siftei+Haim.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" nt="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgrTav7LoVz19wPyM_eV6fCrnVRX9DBGF92hoya0nfOtBuasOkPUl7Fq6XjcmZwzEWmCbJmv_-gpG4t3CPLMq4LTfkjhWrYHslgA4MQ_yVFsMSfaIl8lcJuCmAVzbyhi5RniPHEO2iWG-2w/s320/Siftei+Haim.jpg" width="206" /></a></div>En relisant avant la fête quelques commentaires sur la fête de Pessah, je suis tombé sur une question intéressante soulevée par le <strong>Siftei Haïm</strong>. Le Siftei Haïm est un livre qui recueille les interventions du <strong>Rav Haïm Friedlander</strong>, ancien Mashguiah (directeur spirituel) de la prestigieuse Yéchiva de Poniowicz.</div><br />
<div>Elève du Rav Dessler, dont les travaux de moraliste sont connus, il reprend cette spécificité mais en y intégrant les acquis rigoureux et rationnalistes de la grande tradition d'étude lituanienne.</div><br />
<div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">La question, la voici: dans la Haggada de Pessah, on lit <em>"Et même si nous étions tous des Sages, des intelligences subtiles ou des Anciens, nous aurions encore la Mitzva de raconter la Sortie d'Egypte"</em>. Pourquoi cette phrase ? Y aurait-il quelque chose qui eût pu nous faire penser que cela aurait pu être le cas ? Qu'un Sage n'aurait plus le devoir de raconter l'épisode de la sortie d'Egypte durant le soir du Séder ?</div></div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">En effet. Si la Mitzva de se souvenir de la Sortie d'Egytpte (Zakhor) s'applique à tout le monde et en tous lieux, la Mitzva de raconter (Lesaper) ne vaut que pour la nuit du Seder. Et on pourrait croire, à la vue du verset qui impose cette Mitzva, qu'elle ne s'applique qu'à celui qui n'a pas connaissance de l'événement extraordinaire qu'a constitué le passage à la liberté: <em>"Et tu raconteras à ton fils (...) ce que D.ieu a fait ce jour-là..."</em>.</div></div><br />
<div>Cette Mitzva semble impliquer un échange, une transmission impliquant des faits et la découverte d'un événement historique. Quiconque connaîtrait déjà cet événement en serait donc naturellement dispensé. Un Sage pourrait donc ne pas être astreint au Seder de Pessah.<br />
Voilà ce que veut récuser la Hagada. Car ce qui est notable dans le <em>"Serions-nous tous des Sages,...",</em> c'est le <strong>"Tous"</strong>. Qu'il y ait des Sages à la table du Seder, cela peut arriver. Mais l'obligation qui leur serait faite d'initier l'échange et de prendre langue avec les moins sages subsisterait, on peut le comprendre aisément.</div><br />
<div>Or, ce que dit la Hagada, c'est que même s'il n'y avait à table personne d'ignorant, il faudrait malgré tout raconter l'histoire de la sortie d'Egypte. Interprétation directement confirmée par l'histoire des 5 Sages participant au Seder et discutant de la Sortie d'Egypte durant toute la nuit (Tous disposaient bien sûr d'une parfaite connaissance du sujet et n'avaient personne à qui transmettre puisqu'il est bien notifié dans ce récit que leurs élèves n'arrivèrent qu'au petit matin).</div><br />
<div>Confirmée également par la Halakha qui indique qu'une personne seule pour le Seder doit encore impérativement lire la Hagada et travailler sur l'événement de la Sortie d'Egypte.</div><br />
<div>La question est alors évidente: si cette mitzva n'est pas un travail de transmission, qu'est-ce que c'est au juste ? Un travail sur soi ? Quelque chose de plus personnel ? La réponse apportée par le Rav Friedlander repose sur une formule bien connue: <em>"Comme s'il était lui-même sorti d'Egypte"</em>. La Mitzva n'est pas de raconter une histoire desincarné qui aurait eu lieu (ou pas) il y a plus de 3000 ans, mais d'actualiser cet événement et de trouver un moyen de le rendre vivant, c'est-à-dire nourricier pour son existence.</div><div></div><br />
Ce commentaire m'a aussitôt fait penser à un magnifique film de Gus Van Sant: <strong>Will Hunting</strong>. C'est l'histoire d'un jeune travaillant comme homme de ménage au MIT, ce temple de la science aux Etats-Unis et qui, l'espace d'un travail de nuit, résout de façon incroyablement simple un problème de mathématiques en dehors de portée des meilleurs cerveaux de la planète. De fil en aiguille, son génie académique, dans toutes les matières se découvre, mais doublé d'une incapacité chronique à se projeter dans un avenir et à nouer une relation forte et équilibrée avec ses congénères et en particulier avec une femme.<br />
Pourtant Will Hunting sait en parler. Il sait disserter sur tout. Mais il ne vit pas. Il n'engage pas son intériorité. C'est ce que perçoit Robin Williams qui joue son psychologue dans le film:<br />
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<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8GHH10_jAFo8C3Gthzu4_QH40Z8Q2X7oZYLS1nZHXyrK0iO5Fr9TDI-jVnsH-BWgusMPGyO5nchuEDrJT-fQJJ4rwbFaxmaKKhF8fVkodkmbS7So8mmDz4jsDuLJUxmxpmiiKb0y8Cs_T/s1600/good_will_hunting_ver2.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" nt="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8GHH10_jAFo8C3Gthzu4_QH40Z8Q2X7oZYLS1nZHXyrK0iO5Fr9TDI-jVnsH-BWgusMPGyO5nchuEDrJT-fQJJ4rwbFaxmaKKhF8fVkodkmbS7So8mmDz4jsDuLJUxmxpmiiKb0y8Cs_T/s320/good_will_hunting_ver2.jpg" /></a><em>"Donc, si je te parle d'art, tu vas me balancer un condensé de chaque livre d'art jamais écrit sur le sujet. Michel-Ange, tu sais plein de trucs sur lui. L'oeuvre de sa vie, ses aspirations politiques, lui et le pape, ses orientations sexuelles, tout le tralala ... mais je parie que ce qu'on respire dans la Chapelle Sixtine, son odeur, tu connais pas. Tu ne peux pas savoir ce ça fait de lever les yeux vers le magnifique plafond. Tu sais pas.</em></div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><em></em></div><em><br />
</em><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><em>Si je te dis de me parler des femmes, tu vas m'offrir un topo sur les femmes que tu as le plus aimées. Il t'est peut-être même arrivé de baiser quelque fois. Mais tu ne sauras pas me décrire ce que ça fait de se réveiller près d'une femme et de sentir vraiment heureux.</em></div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><em>Si je te faisais parler de la guerre, c'est probablement tout Shakespeare que tu me citerais: "une fois de plus sur la brèche mes amis !" Mais tu n'as pas vécu la guerre. Tu n'as jamais tenu contre toi ton meilleur ami. Tu ne l'as pas vu haleter jusqu'au dernier souffle avec un regard qui implore. </em></div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><em><br />
</em></div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><em>Si je te fais parler d'amour, tu vas probablement me réciter un sonnet. Mais tu n'as pas connu de femme devant qui tu t'es senti vulnérable. Une femme qui t'ait étalé d'un simple regard. Comme si Dieu avait envoyé un ange sur terre pour toi...pour t'arracher aux profondeurs de l'enfer. Et tu ne sais pas ce que c'est d'être son ange à elle. Et de savoir que l'amour que tu as pour elle est éternel."</em></div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">C'est le paradoxe maintes fois observé: connaître un concept, une notion ne suffit pas en faire une expérience. Exemple classique: Heidegger dont le statut de plus grand philosophe du XXème siècle ne l'a pas empêché de fricoter avec le parti Nazi. De façon plus triviale, savoir qu'une chose est bonne à réaliser ne nous empêche pas de procrastiner, de trouver toutes sortes d'excuses rationnelles pour ne pas la faire.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Dans un autre registre, savoir que la Shoa a existé, participer à des commémorations n'empêche pas a priori une reproduction du phénomène. Perdre quelqu'un est une chose finalement banale dans notre existence et statistiquement inévitable pour chaque homme sur terre. Mais le vivre est une expérience totalement, radicalement différente en ce qu'elle engage notre vie au plus profond de nous même.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">C'est là presque tout l'enjeu du judaïsme: la Thora, le Talmud ne se lisent pas, ce ne sont pas des objets de connaissance qui doivent un jour faire l'objet d'une appréhension exhaustive. Il s'agit des supports principaux pour une expérience qui s'appelle l'Etude. S'obliger à se choisir un maître, s'imposer d'étudier en face de quelqu'un d'autre qui n'a forcément pas la même vision que nous d'un sujet de fond, c'est ça l'expérience fondatrice de la vie juive. Chacun d'entre nous peut se dire libre: après tout, nous vivons en démocratie, loin des dictatures d'antan, pour certains au sein même de la Terre d'Israël dans une structure nationale juive, bref, qui oserait dire que nous aurions encore à causer de Liberté à part pour le folklore ?</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Ce n'est qu'en se confrontant à autrui, en vivant cette expérience avec ses tripes, qu'il est possible de déceler les nouvelles formes de servitude dont nous avons un devoir impératif de nous libérer.</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Hag Sameah à tous et osons devenir des Will Hunting (à la fin du film bien sûr....</div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-83373685627884338952010-01-22T13:55:00.001+01:002010-01-22T14:03:47.985+01:00La Cacherout, ça cache la route !Petit clin d'oeil à Manitou dans ce titre, qui utilisait cette formule pour exprimer que la volonté d'atteindre parfois un niveau de cacherout excessif dans certains milieux, pouvait nous détourner de certains impératifs bien plus cruciaux.<br />
A ce propos, j'ai entendu une petite blague récemment exprimant parfaitement ce point de vue:<br />
<br />
<em>"Un Hared (craignant Dieu) célèbre décéda. Il fut, comme il se doit, accueilli avec respect par l'Assemblée d'en-haut, qui lui expliqua les modalités de son séjour dans son nouveau monde:</em><br />
<em>- Ici, bien que cela soit très différent d'en-bas, nous conservons malgré tout certaines habitudes. Par exemple, nous étudions la Thora quotidiennement. Evidemment, l'avantage c'est que nous disposons des plus grands maîtres nous permettant d'éclairer les passages les plus ardus et obscurs de notre Thora.</em><br />
<em>- Mais c'est formidable ! Je me suis d'ailleurs toujours posé 3 questions que je pensais insolubles sur l'oeuvre du Rambam (Maïmonide). Est-il disponible ?</em><br />
<em>- Mais bien entendu, nous allons le chercher.</em><br />
<em>Après quelques minutes, un homme vêtu d'un turban ainsi que d'un vêtement oriental du XIIème siècle apparut et, avec un accent certain demanda:</em><br />
<em>- Qu'est-ce que je peux bien faire pour vous ?</em><br />
<em>Le Hared dévisagea l'homme avec stupéfaction et s'adressa à son hôte:</em><br />
<em>- Vous plaisantez j'espère ? Vous ne pensez tout de même pas qu'un Séfarade soit capable de comprendre quoique ce soit aux subtilités du Rambam ?!</em><br />
<em>Le Serviteur, un peu décontenancé, tenta de passer à autre chose:</em><br />
<em>- Donc, entre autre choses, nous avons également conservé l'habitude de nous nourrir. Nous mangeons donc et nous buvons chaque jour, avec un faste spécial pour Chabbat et les fêtes.</em><br />
<em>Le Hared montra de plus en plus de scepticisme. Il demanda donc, comme le veut la coutume ici-bas, à parler au responsable. Et pas n'importe lequel, s'il vous plaît: le patron !</em><br />
<em>C'est donc avec toute la solennité et le tremblement requis qu'apparut le Maître du Monde, le Saint-Béni Soit-il.</em><br />
<em>- Heu, bonjour, vous êtes donc.....</em><br />
<em>- Le Maître du monde. Bienvenue.</em><br />
<em>- Je voulais juste savoir: on vient de me dire qu'ici on continuait à manger et à boire. Très bien mais, qui assure la cacherout ?</em><br />
<em>- C'est moi, en personne.</em><br />
<em>- Ah.... Alors, je prendrai un verre d'eau s'il vous plaît"</em><br />
<br />
Je ne sais pas si tout le monde a compris, ce qui est sûr c'est que quasiment personne ne l'aurait comprise il y a 50 ans. Le verre d'eau représente en effet le risque minimum que prend quelqu'un en matière de cacherout lorsqu'il mange en dehors de chez lui. Demander un verre d'eau revient à afficher de façon explicite un doute sur le niveau de cacherout de son hôte.<br />
On a tous entendu des histoires fameuses d'enfants ne mangeant plus chez leurs parents. Cette situation, finalement assez nouvelle dans l'histoire du peuple juif est due à deux choses:<br />
- Le fait que des enfants soient désormais plus pratiquants que leurs parents (depuis la Haskala, c'était plutôt l'inverse qui s'est produit jusqu'aux années 60, cf. le dernier film des frères Coen "A Serious Man" )<br />
- Le fait que la pratique orthodoxe devienne, en tous cas chez certains Baal-Techouva (les personnes qui renouent avec le joug des Mitzvot), assez peu nuancée alors que la Halakha sait faire preuve de beaucoup de subtilité.<br />
<br />
Bien entendu, il n'est pas question d'aller manger de la viande non-cacher, quel que soit le respect dû aux parents. Mais entre la viande interdite et le verre d'eau, n'y a-t-il pas un juste milieu qui permette de respecter la cacherout autant que le respect que l'on doit à son prochain et d'autant plus si ce sont ses parents ?<br />
<br />
Je n'ai pas de réponse définitive à cette question compliquée qui implique d'être confiant dans sa pratique des Mitzvot, au clair avec la pression sociale qui parfois nous oblige à être plus royaliste que le roi et sérieux quant aux fondements halakhiques de certaines attitudes.<br />
<br />
Mais j'ai vu un jour un rabbin orthodoxe manger un dimanche lors d'un brunch chez des personnes qui avaient tout acheté Cacher mais dont les ustensiles pouvaient parfois être utilisés avec des aliments non-cacher (du fromage non surveillé par exemple).<br />
Je lui ai posé la question et sa démarche est la suivante: <em>"nous sommes dimanche. Je sais que c'est un couple qui ne cuisine pas Chabbat. Je suis donc certain que ses ustensiles n'ont pas été utilisés pendant plus de 24h. A partir de là s'applique la règle de "Noten Taam Lifgam" qui induit que la nourriture cuisinée avec ces ustensiles est permise "a posteriori". Dans certains cas où des notions de respect des efforts de la personne sont en jeu, où il serait pire pour leur judaïsme que je ne mange pas, il me semble qu'on peut y manger."</em><br />
<br />
--> Plus d'infos sur <a href="http://lemondejuif.blogspot.com/2008/02/halakha-un-petit-exemple-de-mthode.html">"Noten Taam Lifgam" dans cet ancien post</a><br />
<br />
Tout le monde ne sera évidemment pas en accord avec ce comportement, mais il illustre malgré tout qu'il y a des subtilités (mais est-ce vraiment une surprise ?) dans la Halakha qui nous imposent de l'étudier réellement afin de pouvoir envisager auprès d'autorités reconnues les situations complexes.<br />
<br />
Peut-être que Dieu n'est pas un garant suffisant de la cacherout du ciel et qu'il n'est pas suffisament susceptible pour se vexer. Encore faut-il le démontrer du point de vue la Halakha.Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-31337743913122922542009-12-06T03:19:00.001+01:002009-12-06T03:21:10.413+01:00Hanoukka: l'anti-révolte du Ghetto de Varsovie<span style="font-family: inherit;">Comme j'aime à le dire de temps en temps, le judaïsme est subversif. Il percute nos idées assimilées de longue date, y compris les plus évidentes et y compris celles se propageant à grande vitesse au sein de la communauté juive. </span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv-P9Ei9fiLR5rEpIl7nRoMDYh-BWsrkzUjD2UclgJ3lW1kL_LGEJX_Qx1RaSLxKJ4YOLxbZNTWNux7rZNku-7cja8kubOLdXUF1vH0yVfWD9P9NMJvLoBWOJ9uasKDGjssNNjlj8VZQXa/s1600-h/celebtourmente.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLkSN9b4kaE7gzSCGiz3SENUHGbYEQQYeOxmSSVDptdZYzpQdNHKskGjKU33Y11BqFOY_nwi6AnC0C1HCrrbJpPiUfXocjx_NREgej7gjwXFjeZWDrweep55P8kk_4tLLy8NuKyd4rEVgR/s1600-h/jpg_350px-Stroop_Report_-_Warsaw_Ghetto_Uprising_06b.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLkSN9b4kaE7gzSCGiz3SENUHGbYEQQYeOxmSSVDptdZYzpQdNHKskGjKU33Y11BqFOY_nwi6AnC0C1HCrrbJpPiUfXocjx_NREgej7gjwXFjeZWDrweep55P8kk_4tLLy8NuKyd4rEVgR/s200/jpg_350px-Stroop_Report_-_Warsaw_Ghetto_Uprising_06b.jpg" /></a><br />
</div><br />
<span style="font-family: inherit;">La fête de Hanoukka et ses commentaires nous donnent l'occasion de regarder d'un oeil critique un des événements les plus consensuels de ladite communauté: la révolte du Ghetto de Varsovie.</span><br />
<span style="font-family: inherit;">Les faits sont connus: début 1943, alors que les déportations nazies ont déjà envoyés vers les camps de la mort plus de 300 000</span> Juifs du Ghetto, un groupe d'insurgés choisit de prendre les armes et de résister. Le 19 avril, les SS prévoient de reprendre la main en 3 jours; ce n'est que le 16 mai que la révolte est écrasée.<br />
<br />
Du point de vue symbolique, cette révolte a été magnifiée par toutes les institutions, à commencer par l'Etat d'Israël, voulant lutter contre l'idée que les Juifs avaient été menés "à l'abattoir comme des moutons" (nous reviendrons sur cette expression). Lors de l'institution d'un jour de commémoration de la destruction des Juifs d'Europe en 1951, le nom complet défini a été Yom HaShoah veHaGuevoura, Jour de la Shoah et de l'Héroïsme, pour bien rappeler aux premiers citoyens israéliens que leur attitude ne pouvaient que s'inspirer des héros du Ghetto afin d'éviter une nouvelle Shoah et rejeter toute attitude néfaste de passivité.<br />
La révolte du Ghetto de Varsovie est également commémoré tous les ans par les institutions juives à travers le monde (notamment par le CRIF en France) avec un champ sémantique similaire: "ne pas se laisser faire, prendre les armes, résister et ne plus se résigner comme l'ont fait de trop nombreux Juifs dont le comportement a été façonné par l'exil, les persécutions et parfois l'intellectualisme".<br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjGKZRRheprY9ZebWVGJOIGHscdxIenfRvz3wsROqPoMGib8o7FyqxyBf6svmuwpehyphenhyphenYv6E7cBtTkSFJpOy1VLYbWkGkeoUR_jqXoA99veV3TPFBLD8ORDHfDd7fKlFbNg-At7P5hUgWCa/s1600-h/Leibowitz+f%C3%AAtes+juives.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjGKZRRheprY9ZebWVGJOIGHscdxIenfRvz3wsROqPoMGib8o7FyqxyBf6svmuwpehyphenhyphenYv6E7cBtTkSFJpOy1VLYbWkGkeoUR_jqXoA99veV3TPFBLD8ORDHfDd7fKlFbNg-At7P5hUgWCa/s320/Leibowitz+f%C3%AAtes+juives.jpg" /></a>Maintenant une question: que peut-on dire de la Révolte du Ghetto de Varsovie si l'on se place du point de vue du judaïsme et de la tradition juive ? Quelle place le judaïsme accorde-t-il à l'héroïsme du type de celui qui a été déployé par Anielewicz et les siens ?<br />
<br />
Appuyons-nous, une fois n'est pas coutume, sur le commentaire de <b>Yeshayaou Leibowitz</b> sur la fête de Hanoukka (<i>in. Les Fêtes Juives, éditions du Cerf</i>). D'abord, il rappelle qu'il existe différentes sortes d'héroïsme. Celle qui est valorisée par la tradition, c'est celle consistant chez un individu à <i>"faire triompher la conscience de ses obligations sur ses tendances naturelles et sur les pulsions qui agissent en lui". </i>Conception de l'héroïsme bien mise en évidence par le célèbre aphorisme de <b>Ben Zoma</b> dans les <i>Pikei Avot (4;1):</i> <i>"Ezehou Guibor ? Hakovech ete Ytzro" "Qui est le héros ? Celui qui maîtrise son instinct".</i><br />
A côté de cela, l'héroïsme guerrier, la bravoure au combat, ne recueillent pas d'estime particulière de la part de la tradition juive, même si la guerre est un phénomène auquel elle s'intéresse logiquement. Leibowitz remarque même que l'héroïsme guerrier <i>"est la forme d'héroïsme la plus triviale. C'est un fait empirique, en effet, que l'on rencontre fréquemment cette bravoure chez les hommes de toutes les civilisations, dans toutes les sociétés et à toutes les époques historiques".</i><br />
<i><br />
</i><br />
Prendre les armes, c'est bien, mais ce n'est pas vraiment ce que la Thora impose lorsqu'elle nous demande d'être des héros. Plus prosaïquement, c'est de développer <i>"les qualités qui consistent à maîtriser son appât du gain, du pouvoir, des honneurs ou de sa libido sexuelle (...) ces formes d'héroïsme, méprisées parce que difficile à atteindre, ne jouissent pas d'une grande attention dans les institutions éducatives où nous élevons et formons nos enfants."</i><br />
<i><br />
</i><br />
Il y a donc une forme de malaise à vouloir absolument présenter une révolte désespérée, mais somme toute "classique", comme le paradigme de l'essence du judaïsme et d'un peuple juif fier de lui, libéré de ses réflexes culpabilisants.<br />
<br />
Mais allons plus loin: n'y avait-il pas un devoir de mourir dignement ? N'est-ce pas scandaleux pour un peuple de se laisser "mener à l'abattoir" ? Leibowitz rappelle d'où vient cette expression. C'est le prophète Isaïe qui la prononce. Lorsqu'il décrit avec force le "serviteur de Dieu", caractérisé par des attributs qui sont considérés comme des vertus: <i>"Maltraité, injurié, il n'ouvrait pas la bouche, pareil à l'agneau que l'on mène à l'abattoir, à la brebis silencieuse, une brebis muette devant ceux qui la tondent, il n'ouvrait pas la bouche"(Is 53,7)</i><br />
Leibowitz ne méconnaît pas l'incompréhension, voire le mépris dont ses populations non combattantes ont été l'objet, face cachée de la glorification des révoltés du Ghetto. Mais il la défend. Mieux, il la place à un niveau éminent:<br />
<i>"Relevons, une fois encore, l'un des signes les plus négatifs de notre situation psychologique, spirituelle, intellectuelle et morale dans ce fait qu'il y a parmi nous des gens qui rougissent du fait que nos pères et nos frères ont été assassinés en nombre considérable comme "bétail à l'abattoir", expression qui, aux yeux de la génération qui a créé l'Etat d'Israël en 1948, passait pour insultante et outrageante, considérant cette attitude comme l'expression de la conduite juive diasporique dont nous nous serions affranchis en revenant à la conception de l'héroïsme de nos ancêtres. Il nous faut ici réfléchir et contester avec la plus grande énergie cette tentative de critiquer des millions de juifs, hommes, femmes et enfants disparus dans la Shoah, parce qu'ils seraient allés à la mort sans combattre. En vérité, il n'y a pas de plus grande erreur que celle-là (...). Nous ne pouvons pas occulter le fait décisif que ces Juifs ont offert leur âme et sacrifié leur vie à cause de leur reconnaissance de leur devoir à l'égard de Dieu et de sa Thora. Bien sûr, chacun a le droit de ne pas s'identifier à cette métaphore du prophète Isaïe, mais que la chose soit claire, tout individu qui considère avec mépris ces millions de héros juifs qui sont allés à la mort tels "du bétail à l'abattoir" au nom d'une conception de la bravoure qui appartient à un domaine totalement différent ne peut se référer à des sources juives. Il est bon que cet homme sache que, par cette façon de voir, il s'associe à une conception de l'héroïsme partagée par les pires, et les plus misérables individus de la Gentilité, Gentilité où, au demeurant, ne sont pas rares ceux qui connaissent le sens véritable de la bravoure."</i><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv-P9Ei9fiLR5rEpIl7nRoMDYh-BWsrkzUjD2UclgJ3lW1kL_LGEJX_Qx1RaSLxKJ4YOLxbZNTWNux7rZNku-7cja8kubOLdXUF1vH0yVfWD9P9NMJvLoBWOJ9uasKDGjssNNjlj8VZQXa/s1600/celebtourmente.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhv-P9Ei9fiLR5rEpIl7nRoMDYh-BWsrkzUjD2UclgJ3lW1kL_LGEJX_Qx1RaSLxKJ4YOLxbZNTWNux7rZNku-7cja8kubOLdXUF1vH0yVfWD9P9NMJvLoBWOJ9uasKDGjssNNjlj8VZQXa/s320/celebtourmente.gif" /></a><br />
Essayons d'approfondir ce que dit Leibowitz: la résistance, du point de vue juif, s'incarne autrement que par le recours aux armes. Elle s'incarne par des comportements largement occultés par l'historiographie actuelle sur la Shoah, mais néanmoins extrêmement puissants. Il s'agit d'une résistance spirituelle, telle que celle minutieusement rapportée par des livres rares, tels que <b>Responsa from the Holocaust</b> ou <b>Célébrations dans la tourmente (ed. Verdier)</b>. Résistance ardente de ces Juifs qui, au péril de leur vie, maintenaient ici le jeûne de Kippour, conservaient là contre toute explication rationnelle une volonté de respecter les prescriptions liées aux fêtes juives ou de ce Rabbi Hassidique qui le jour de Simhat Thora insista pour qu'avec ses hassidim, ils dansent au fond des fosses creusés pour eux par les nazis, en l'honneur de la Thora.<br />
<br />
Porter au pinacle une démarche héroïque de bravoure guerrière qui n'a jamais rattaché son geste à un élan faisant référence à l'héritage spirituel du peuple juif (comme le démontre l'exemple de Marek Edelman, chef de la révolte après la mort d'Anielewicz, pour qui Israël, la Thora ou le peuple juif n'ont jamais eu aucune signification) est donc une forme de trahison envers ces millions de juifs dont l'intensité existentielle plus discrète a été nettement plus décisive pour la survie du peuple juif.<br />
<br />
Difficile à entendre, compte-tenu de l'unanimité qui règne autour de la révolte du Ghetto... et pourtant, si la fête de Hanoukka nous enseigne quelque chose, c'est bien deux choses:<br />
1) d'abord si l'on regarde attentivement, ce n'est certainement pas une lutte entre Juifs et Grecs. Mais avant tout une véritable guerre entre Juifs fidèles au message de la Thora et Juifs hellénisés. La guerre commença en effet lorsque Mattitiaou tua un Juif hellénisé qui avait osé faire un sacrifice à un Dieu de l'Olympe.<br />
2) ensuite, que la lutte armée n'est valorisée que si son fondement s'identifie à une authentique volonté de faire vivre le message divin et l'héritage spirituel d'Israël. Témoin, la réticence avec laquelle les Sages de la tradition ont intégré la victoire militaire dans la célébration de la fête de Hanouka: mise en avant exclusive dans le Talmud et dans le rite du miracle de la fiole, refus d'intégrer le livre des Maccabées dans le canon biblique, etc...<br />
<br />
Si nos dirigeants et intellectuels veulent être fidèles au message de Hanoukka et de la tradition juive en général, peut-être devraient-ils reconsidérer la façon dont ils exploitent et interprètent certains pans de l'histoire de notre peuple, à commencer par la Révolte du Ghetto de Varsovie.Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-31120591738572891542009-10-28T16:20:00.002+01:002009-10-29T15:50:34.873+01:00le Rav Adin Steinsaltz, une personnalité inclassable<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOFO60PrmgntRj77bE44r9wDqMozvxGbqlVmN4VqkzInsKaxhoiaKz45TuaD3RYaVjFYop_Tmsr9O3ZTeYbo9Qowbb4qssgHO7TXCsBjEhu62AGXAA-dDxUVov63XIHzGHMHwBDMEy11UE/s1600-h/Steinsaltz.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOFO60PrmgntRj77bE44r9wDqMozvxGbqlVmN4VqkzInsKaxhoiaKz45TuaD3RYaVjFYop_Tmsr9O3ZTeYbo9Qowbb4qssgHO7TXCsBjEhu62AGXAA-dDxUVov63XIHzGHMHwBDMEy11UE/s320/Steinsaltz.jpg" vr="true" /></a>Le <strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Adin_Steinsaltz">Rav Adin Steinsaltz</a></strong> est connu à travers le monde pour son édition traduite du Talmud de Babylone. D'abord en hébreu (le Talmud étant majoritairement en araméen), puis en anglais, russe, espagnol et bien sûr français.<br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Il était à Paris cette semaine à l'occasion de la sortie d'un nouveau volume traduit en français: le traité Makot. Dimanche 25 octobre, il a participé à un débat avec <strong>Jacques Attali</strong> modéré par le rabbin <strong>Josy Eisenberg</strong>.<br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Jacques Attali qui est devenu la nouvelle cible des fascisto-bourrins de la Ligue de Défense Juive et qui reçoit aujourd'hui des menaces de mort pour des propos avec lesquels on peut être en désaccord partiel mais qui ont le mérite de montrer que certaines institutions ne savent pas traiter ce problème autrement que de manière epidermique. Et qui devraient peut-être réagir de façon plus active aux attaques un peu indignes dont il est l'objet en ce moment.<br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Mais ce n'était pas le sujet. L'idée étant de réflechir à l'avenir du peuple juif et de l'Etat d'Israël. Devant cette gigantesque question, on retrouve d'abord la touche d'humour malicieuse qu'on connaît chez Adin Steinsaltz: <em>"Finalement, il n'y a que deux endroits où le peuple juif a des problèmes à résoudre: en Israël et en Diaspora !"</em><br />
</div>Mais on reconnaît également son audace lorsqu'il ose parler de la disparition de l'Etat d'Israël: <em>"Il y eut dans l'histoire de nombreux cas d'indépendance politique juive en terre d'Israël. Les royaumes de Juda et d'Israël, qui ont tous les deux disparus. Aujourd'hui l'Etat d'Israël est une nouvelle forme d'indépendance politique juive. Personne ne souhaite sa disparition. Mais si cela arrivait, l'important c'est de préserver l'avenir du peuple juif. C'est cela qui importe et de tous temps."</em><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Je qualifierais cette sortie de Leibowitzo-Habadnik. Proche de Leibowitz qui, s'il attachait une grande importance à l'existence de l'Etat d'Israël, n'en faisait pas une valeur sacrée qu'il faudrait idolâtrer sans recul critique ni analyse à froid. Et quand on veut sauvegarder quelque chose qui nous est cher, il devient fondamental d'imaginer que ce quelque chose peut disparaître un jour si nous ne créons pas les conditions requises à sa pérennité.<br />
</div>Habadnik (du mouvement Habad, Loubavitch, duquel le Rav Steinsaltz est très proche), parce qu'il met l'accent avant tout sur l'existence du peuple juif et sur la conviction que chaque Juif compte, quel que soit son niveau de pratique religieuse ou de proximité avec la tradition.<br />
<br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3oYfBEPWUqKhBwrw3Yjzi3FMxG5GYIIPnNoSIZLSYqvMtU3DNK5wT_aRm1G53q4by1HCha1x_gDawSr9iSVmKw_Td4ziuI8kW1fiAH2u0WPcpPXHpBgXF8GTi7FmT6KMc3Qz28CnSdd5s/s1600-h/Attali.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3oYfBEPWUqKhBwrw3Yjzi3FMxG5GYIIPnNoSIZLSYqvMtU3DNK5wT_aRm1G53q4by1HCha1x_gDawSr9iSVmKw_Td4ziuI8kW1fiAH2u0WPcpPXHpBgXF8GTi7FmT6KMc3Qz28CnSdd5s/s200/Attali.jpg" vr="true" /></a>Sur les conversions, la sortie d'Attali a été moins remarquée que celle sur l'antisémitisme mais elle est peut-être plus cruciale: Attali pense que pour que le peuple juif s'en sorte, il faut atteindre une sorte de masse critique qu'il évalue à 200 millions de personnes. Une seule solution pour y arriver: la conversion massive.<br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">A cela, le Rav Steinsaltz répond de différentes façons. D'abord par une petite parabole: <em>"Lorsque vous voyez un chat, vous reconnaissez un chat. Si vous lui coupez les oreilles, vous avez quand même toujours un chat devant vous. Si vous lui coupez les pattes, c'est encore et toujours un chat. Et ainsi de suite. En revanche, quand on vous demande de dessiner un chat, vous ne le dessinez pas sans pattes, sans oreilles et sans moustache. Pour un Juif c'est pareil. Vous ne pouvez pas demander à un quelqu'un qui veut devenir Juif de s'affranchir de toutes les caractéristiques qui s'appliquent à un Juif, quand bien même de nombreux "Juifs de naissance" s'en seraient affranchis"</em><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div>Ensuite en invoquant l'histoire et répondant à Jacques Attali qui affirmait que les conditions de conversion étaient jadis beaucoup moins contraignantes qu'aujourd'hui. Auparavant dit le Rav Steinsaltz (disons jusqu'au 19ème siècle et en cela il rejoint encore Leibowitz), un Juif qui se convertissait rentrait nécessairement dans un peuple bien distinct des autres peuples et acceptait de facto de prendre sur lui l'ensemble des pratiques de vie du peuple juif et notamment les Mitzvot. Ce n'est plus le cas du tout aujourd'hui. L'époque étant différente, les conditions de conversion changent nécessairement. Ce qui n'empêche pas, est intervenu Josy Eisenberg, de considérer que le mouvement de rigidification des conversions avait peut-être poussé le balancier un peu fort et qu'il ne serait pas idiot de le reconsidérer.<br />
<br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO6Tt3NQ9DQ78x4Y5caURvy-Di42UEIyQSKfhJ_6DgaJQ6htExYloAwgYbw9LEcI98FozL6lB_MhzVXHxBUGKOQ9d4oLcc-qUx2te2CXpeTi4AGT_tt67e7iwJl6lmrGGLkDpeI3G7pRwJ/s1600-h/Makot.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgO6Tt3NQ9DQ78x4Y5caURvy-Di42UEIyQSKfhJ_6DgaJQ6htExYloAwgYbw9LEcI98FozL6lB_MhzVXHxBUGKOQ9d4oLcc-qUx2te2CXpeTi4AGT_tt67e7iwJl6lmrGGLkDpeI3G7pRwJ/s200/Makot.jpg" vr="true" /></a>Lundi 26 octobre, le lendemain donc, le Rav Steinsaltz était à la synagogue de Boulogne pour le premier dîner organisé par la toute nouvelle <strong>Association des amis du Rav Steinsaltz</strong>. Soirée très sympathique, ponctuée par plusieurs interventions, dont celle du Rav à propos du nouveau traité traduit en français, le traité Makot. <br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Il ne fallait pas se méprendre: malgré l'ouverture évidente du Rav Steinsaltz, son intérêt pour mille choses et sa propension à communiquer sur le judaïsme avec pédagogie, Adin Steinsaltz ne perd pas de vue le caractère subversif du Talmud et ça c'est une très bonne nouvelle. <br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Un petit exemple: le traité Makot parle notamment des punitions qu'un déclaré coupable est censé encaisser. Outres les amendes et compensations pécuniaires, le Talmud connaît la peine de mort (même si dans les faits, sa mise en pratique est quasiment exclue) et la flagellation.<br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">En droit pénal, le Talmud ne connaît pas la prison. Et Adin Steinsaltz de justifier cela: <em>"A quoi sert la prison ? A ce qu'une personne ne recommence pas son crime ? Mais si quelqu'un tue sa belle-mère, il n'aura aucune raison de recommencer ! A ce qu'il devienne une personne meilleure ? Pas gagné vu que les plus grands bandits ont fait leur principale formation en prison au contact d'autres détenus. Les coups de bâtons, c'est plus rapide et certainement plus efficace".</em><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8P1oerLXJCz6i46hyGxJhRQc9cNmdEYgQVCUlgaH45ORr4J8lJbh6_vG8Lep5joT3fe4CuGcFiAMAPpc6V-JHJQ-InsFTS0SjzodAUiOJDaZ5eDwSDQ_2bK0inxI4J7gND5shgtNT-QHJ/s1600-h/Surveiller+et+Punir.bmp" imageanchor="1" style="clear: right; cssfloat: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg8P1oerLXJCz6i46hyGxJhRQc9cNmdEYgQVCUlgaH45ORr4J8lJbh6_vG8Lep5joT3fe4CuGcFiAMAPpc6V-JHJQ-InsFTS0SjzodAUiOJDaZ5eDwSDQ_2bK0inxI4J7gND5shgtNT-QHJ/s200/Surveiller+et+Punir.bmp" vr="true" /></a>Evidemment, tout cela dit de façon humoristique mais montrant bien que l'étude de Talmud ne supporte aucune évidence, même pas celle consistant à refuser les châtiments judiciaires corporels au nom d'une certaine "dignité" de l'homme. Et de se rappeler que plus de 30 ans après la parution de Surveiller et Punir de Michel Foucault qui a été fondateur en la matière, les lieux d'études du Talmud sont encore des endroits où on réflechit à ce que veut dire "punir". Ainsi qu'à la façon dont la prison et plus généralement la volonté de surveillance généralisée de nos sociétés modernes ont privé de liberté non seulement les prisonniers mais également chacun d'entre nous.<br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;">Le Rav Adin Steinsaltz est inclassable mais après l'avoir écouté on se dit que deux choses le font véritablement "vivre": l'avenir du peuple juif et la capacité qu'a l'homme d'être libre.<br />
</div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-39374437317676474592009-09-21T16:24:00.002+02:002009-09-21T16:39:21.639+02:00La réaction philosémite de Ivan Segré - le début d'un vrai débat ?<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHYyrmwwNnfoGksxDTZYhVwlvUi7wD0P0WRWt63hmUXyaFIs3wb4zwP-SyZfuCiEK1TS0RdGKX6XaYXI3bZ91mQjn3Opy-Tiqfv-WWynF0peYSCi2UKeGlCR7Q-eKPrLHvPDg0Q5i8HslV/s1600-h/Ivan+Segr%C3%A9.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; cssfloat: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" iq="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHYyrmwwNnfoGksxDTZYhVwlvUi7wD0P0WRWt63hmUXyaFIs3wb4zwP-SyZfuCiEK1TS0RdGKX6XaYXI3bZ91mQjn3Opy-Tiqfv-WWynF0peYSCi2UKeGlCR7Q-eKPrLHvPDg0Q5i8HslV/s200/Ivan+Segr%C3%A9.jpg" /></a><br />
</div><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Deux ouvrages sont parus en mai 2009 aux éditions Lignes, signés de la main d'un même auteur: <strong>Ivan Segré.</strong></span><br />
<br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Ces deux ouvrages, <a href="http://www.editions-lignes.com/LA-REACTION-PHILOSEMITE.html">La réaction philosémite ou la trahison des clercs</a> et <a href="http://www.editions-lignes.com/Qu-appelle-t-on-penser-Auschwitz.html">Qu'appelle-t-on penser Auschwitz</a> sont en complet décalage avec des positions qu'on croyait bien établies dans le champ intellectuel français sur l'antisionisme, l'antisémitisme, la place de l'Etat d'Israël ou encore la place qu'occupe la Shoah dans l'histoire de l'Occident. </span><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Passons pour l'instant sur <em>Qu'appelle-t-on penser Auschwitz</em>, livre que j'ai pourtant préféré et qui est d'une portée spéculative peut-être plus essentielle pour notre société que <em>La réaction philosémite</em>. </span><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Mais ce dernier est comme un pavé dans la mare d'un débat qui s'est comme cristallisé depuis la deuxième intifada et le 11 septembre. Rappelons les forces en présence.</span><br />
</div><br />
<span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">Depuis ces deux événements, des actes antisémites ont été commis sur le territoire français et une forme d'islam radical a repris les thèmes éculés de la propagande antisémite du siècle dernier.</span><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Arial;">La réaction de certains intellectuels, Juifs pour la plupart, a été massive et diffusée par de nombreux canaux, "communautaires" et nationaux, écrits et audiovisuels, sous formes de débats et d'articles. Certains, tel <strong>Tariq Ramadan</strong>, ont voulu y voir une unité doctrinale, essentiellement marquée par la judéité de la plupart de ces auteurs. Bizarrement, certains membres de la communauté juive ont également eu ce réflexe d'amalgame: <em>"que vivent tous ceux qui prennent la défense d'Israël et des Juifs ! Ne soyons pas trop regardants sur la marchandise, l'essentiel c'est de trouver des alliés en cette période difficile !"</em></span><br />
</div><br />
<span style="font-family: Arial;">Là où <strong>Ivan Segré</strong> innove, c'est qu'il veut justement regarder dans le détail à quoi correspondent ces soutiens. Est-ce véritablement une défense d'Israël ? Ou plus subtilement une défense du mode de vie occidental (voire chrétien) à travers la défense d'Israël ? </span><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Arial;">Puisqu'ils sont appelés "communautaires", peut-on réellement tenir que ces intellectuels prônent dans leur argumentaire le retour aux valeurs de la tradition juive ? Ou celles-ci sont-elles finalement aux abonnés absents ? </span><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Arial;">N'y aurait-il aucune différence de fond entre un <strong>Raphaël Draï</strong> et un <strong>Shmouel Trigano</strong> ? Ou entre un <strong>Alain Finkielkraut</strong> et un <strong>Bernard-Henri Lévy</strong> ?</span><br />
</div><span style="font-family: Arial;">Ce débat est important car il devrait irriguer toute réflexion se voulant robuste sur la communauté juive et ses dirigeants: le CRIF prend-il en considération les accointances idéologiques avec une droite française ultra-conservatrice de certains défenseurs d'Israël ? N'y a-t-il pas un risque de long terme pour les Juifs et Israël à vouloir assimiler tradition du judaïsme et valeurs de l'Occident ?</span><br />
<br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Arial;">On peut discuter et pointer telle ou telle faiblesse de l'ouvrage d'<strong>Ivan Segré</strong>. Mais assimiler celui-ci à un nouveau <em>"Protocole des Sages de Sion"</em> ? C'est pourtant l'audace fumeuse à laquelle s'est livrée Actualité Juive sous la plume de <strong>Franklin Rausky</strong>. Comparaison qui appelait une réponse d'Ivan Segré, que vous trouverez ci-après dans ce blog, en espérant que celle-ci puisse cette </span><span style="font-family: Arial;">fois lancer un vrai débat sur ce sujet passionnant et crucial.</span><br />
</div><br />
<strong><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Réponse à un "intellectuel" français</span></strong><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Dans le numéro d'<em>Actualité Juive</em> daté du 3 septembre est paru le compte-rendu d'un livre dont je suis l'auteur, <em>La réaction philosémite ou la trahison des clercs</em> (Lignes, 2009). </span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br />
</span><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Voici ce qu'on pouvait lire sous le titre "Un inquiétant manifeste anti-intellectuel": <em>"Ce troublant plaidoyer vise à prouver que de nos jours, la pensée réactionnaire, contre-révolutionnaire, anti-progressiste a changé de visage : après avoir été le fer de lance de la « réaction antisémite », elle devient depuis quelques années l’expression d’une « réaction philosémite » associant la défense de l’occident, du capitalisme et, last but not least, du sionisme. Parmi les intellectuels accusés de participer à cette sinistre entreprise de volte face idéologique : Raphaël Draï, Shmuel Trigano, Alexandre Adler, Alain Finkielkraut, Pierre André Taguieff, Orianna Fallaci, Robert Misrahi ! L’auteur polémique avec ses adversaires, analysant quelques phrases prétendues représentatives de cette « réaction philosémite » et pro-sioniste. Bref, voici une nouvelle et inédite version du « Protocole des Sages de Sion » : un mythe conspirationniste et démonologique du début du XXe siècle !"</em>. </span><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZxf3DTsUIQjAd756c84X2D3VK9hgfEeyJkWPKn0VXzSYd-nZL4dmqjin2Sn4gVqi13NHnt7htt8VTQmuvfTNwqqPkfyjsfTNLdbuO86mLXAV0WQfDvYHTOpi-LvZ71IRTIjkA8ISF96g0/s1600-h/sous+le+signe+de+sion.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; cssfloat: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><img border="0" iq="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZxf3DTsUIQjAd756c84X2D3VK9hgfEeyJkWPKn0VXzSYd-nZL4dmqjin2Sn4gVqi13NHnt7htt8VTQmuvfTNwqqPkfyjsfTNLdbuO86mLXAV0WQfDvYHTOpi-LvZ71IRTIjkA8ISF96g0/s200/sous+le+signe+de+sion.jpg" /></span></a><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Le texte est signé Franklin Rausky. Monsieur Rausky est universitaire, il sait lire, du moins on doit le supposer, comme on doit supposer qu'il a effectivement lu l'ouvrage dont il parle. Examinons pourtant la question. Le livre <em>La réaction philosémite ou la trahison des clercs</em> est bel et bien une critique des intellectuels cités ici, à l'exception de Raphaël Draï, puisque loin de le critiquer, je rends hommage à son livre <em>Sous le signe de Sion</em> (Michalon, 2001). Pourquoi lui rends-je hommage ? Parce que Raphaël Draï, à la différence des ci-après nommés, ne confond pas la défense d'Israël avec la défense de l'Occident. <em>La trahison des clercs</em> dont il s'agit dans mon ouvrage, c'est en effet cela: le fait que des intellectuels se réclament de la "lutte contre l'antisémitisme" et de la "défense du sionisme" pour diffuser des idées qui contredisent les valeurs du judaïsme. Autrement dit, je leur reproche de ne pas se placer <em>sous le signe de Sion</em>. Et c'est pourquoi je <em>"polémique"</em> avec eux, analysant <em>"quelques phrases"</em> que je juge précisément <em>"représentatives"</em>, ou symptomatiques. </span><br />
</div><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Je critique donc Shmuel Trigano, qui écrit par exemple, au sujet du livre <em>Saint Paul</em> du philosophe Alain Badiou: <em>« Il est étonnant de constater avec quelle facilité Alain Badiou, pourtant réputé libertaire et gauchiste, va jusqu'à entériner toute la doctrine de Paul, jusques et y compris sa théorie sexiste concernant le statut de la femme. Défendant le voilement de la femme que préconise Paul, signe d'une "acceptation de la différence de sexes" (sic), il estime qu'elle a pour sens "que soit manifeste que l'universalité de cette déclaration inclut des femmes qui entérinent qu'elles sont femmes" »</em> (<em>L'é(xc)lu. Entre Juifs et Chrétiens</em>, Denoël, 2003, p. 112). Or ce n'est pas Paul qui préconise <em>"le voilement de la femme"</em>, c'est la tradition juive. Paul, lui, prend position dans le débat chrétien, notamment contre l'apôtre Jean, pour soutenir l'idée que la conversion au christianisme n'oblige pas le juif à rompre avec sa pratique religieuse. Toujours est-il que Shmuel Trigano, lui, juge que l'obligation pour une femme de recouvrir sa chevelure n'est autre qu'une <em>"théorie sexiste"</em>, et qu'un philosophe digne de ce nom devrait s'en indigner. </span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br />
</span><br />
<div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="clear: left; cssfloat: left; float: left; font-family: Georgia, "Times New Roman", serif; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" iq="true" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgG-tpHDn7r6-jjFEFBjCIi8Hi1rUb7BUdY6i6CtE5RZmNms8eqllaHd6GDCJ4tlUEPr4JBKCKkwmcAHpmFA1sRGuztt0M0-9pPYCoECpUo_DK2RFE7UAbzgXskGpefxLILBiEMFiNHIpid/s200/le+livre+et+les+livres.jpg" /></span><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Je critique Alain Finkielkraut qui, lors d'un débat avec Benny Lévy, a pris position pour l'interdiction du voile islamique et de la kippa juive dans les écoles, arguant que, selon lui, il s'agit d'abord de se distinguer des <em>"opposants à toute mesure répressive"</em> qui défendent <em>"la laïcité du "oui" aux diverses modalités de la vie effective: le voile, la kippa, la casquette retournée, le piercing, le portable, le pantalon baggy et le nombril à l'air"</em> (<em>Le Livre et les livres</em>, Verdier, 2006, p. 91). Outre que Alain Finkielkraut élude l'essentiel, à savoir que cette loi n'est peut-être pas aussi innocente qu'elle n'y paraît, d'autant moins que l'interdiction en question ne porte nullement sur <em>"le piercing, le portable, le pantalon baggy ou le nombril à l'air"</em>, mais sur le voile islamique et la kippa juive, le foulard et la casquette (retournée ou pas), seuls visés par l'interdiction républicaine en termes de <em>vêtements</em>, et outre qu'Alain Finkielkraut ne mentionne d'autres signes religieux, dans sa liste, que juif et musulman, on s'interroge: est-il pertinent de comparer la <em>"kippa"</em> au <em>"piercing"</em>, au <em>"portable"</em>, au <em>"pantalon baggy"</em> ou au <em>"nombril à l'air"</em> ? Certes, ce fut à l'origine une intervention orale, mais elle est ensuite publiée sous la forme d'un livre, <em>Le Livre et les livres</em>, précisément. L'orateur s'est donc relu. Alain Finkielkraut est aussi écrivain, il pèse ses mots. </span><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br />
</span><br />
</div><div style="border-bottom: medium none; border-left: medium none; border-right: medium none; border-top: medium none;"><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Je critique Alexandre Adler, qui écrit par exemple, dans <em>L'odyssée américaine</em> (Grasset, 2004): <em>"Tout le monde sait que la capitale du monde juif aujourd'hui n'est ni Jérusalem, qui reste une ville enserrée par le monde arabe immédiatement dans ses murs, ni même Tel Aviv qui représente presque une étape intermédiaire, mais bien New York" </em> (p. 280). Telle est la révolution copernicienne que nous propose Alexandre Adler: <em>"l'odyssée américaine"</em> est au centre <em>"du monde juif"</em>, comme le fut hier, pour les juifs hellénisés, l'odyssée athénienne. </span><br />
</div><span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br />
</span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Je critique Pierre André Taguieff qui, dans son livre <em>Les fins de l'antiracisme</em> (Michalon, 1995, p. 98), rend hommage au pape Pie XI et au Vatican pour leurs <em>"textes de combat contre le nazisme de 1937-1939"</em>, et conclut: <em>"Faut-il ajouter que la monstruosité nazie, en conduisant l'Eglise à prendre nettement position contre l'antisémitisme, a provoqué un tournant d'une extrême importance, en permettant l'instauration d'un dialogue judéo-chrétien ?"</em>. Mais en guise de <em>"textes de combat"</em> contre l'antisémitisme nazi, Pierre André Taguieff ne peut nous donner à lire qu'une simple <em>"déclaration de Pie XI du 6 septembre 1938, à un groupe de pèlerins belges"</em>, dans laquelle le pape convient que <em>"l'antisémitisme est inadmissible"</em>. En outre, Pierre André Taguieff ignore, ou feint d'ignorer que Pie XII, qui succède à Pie XI en 1939, n'a pas dit un mot sur l'extermination des Juifs, même pas <em>"à un groupe de pèlerins belges"</em>. Enfin voici ce que dit Hanna Arendt des <em>"textes de combat"</em> du Vatican pendant la guerre : <em>"Les faits eux-mêmes sont indiscutables. Personne n'a nié que le pape possédait toutes les informations utiles sur la déportation nazie et la "réinstallation" des Juifs. Personne n'a nié que le pape s'était bien gardé d'élever la voix pour protester lorsque, durant l'occupation allemande de Rome, les Juifs, y compris les Juifs catholiques (c'est-à-dire ceux qui s'étaient convertis au catholicisme) furent raflés jusque sous les fenêtres du Vatican, et dirigés vers la solution finale"</em>. Est-ce donc cela la manière dont l'Eglise a pris <em>"nettement position contre l'antisémitisme"</em>, selon Pierre André Taguieff ? </span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br />
</span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Je critique Orianna Fallaci qui écrit, dans <em>La force de la raison</em> (éditions du Rocher, 2004), que <em>« l'abattage halal est barbare »</em>, et précise : <em>"Il l'est, je suis désolée de le dire, dans la même mesure que l'abattage </em>shechitah<em>. C'est-à-dire le judaïque, qui a lieu d'une façon identique et consiste à égorger les animaux sans les étourdir au préalable, de sorte qu'ils meurent à petit feu. Très lentement, en se vidant de leur sang. Si tu n'y crois pas, va dans un abattage shechitah ou halal, et observe cette agonie qui n'en finit plus. Qui s'accompagne de regards déchirants et s'achève seulement quand l'agneau ou le veau n'a plus une goutte de sang. Ainsi, la chair est devenue "pure", bien blanche, pure... »</em> (P. 51-52). On connaît les risques qui pèsent aujourd'hui en Europe sur la liberté de pouvoir pratiquer l'abattage rituel, et même d'importer des viandes abattues rituellement. Je la critique aussi parce qu'elle écrit, à propos de la manière dont le Coran s'approprie le patriarche Abraham: <em>"Et il va de soi que si j'étais juive, je n'en pleurerais pas. D'après moi, mieux vaut perdre que s'être trouvé un patriarche prêt à égorger son propre enfant pour la gloire de Dieu"</em> (p. 162). Je la critique encore parce qu'elle écrit, au sujet du négationnisme de Faurisson et Amaudruz, que leur <em>"révisionnisme"</em> est une manière de <em>"revoir l'Histoire, c'est-à-dire la raconter d'une façon différente de la version officielle"</em> (p. 27). </span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br />
</span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Enfin je ne dis mot de Robert Misrahi, si ce n'est que je cite un texte de lui paru dans <em>Charlie Hebdo</em> en octobre 2003, dans lequel il rend hommage à la journaliste italienne en ces termes: <em>"On découvre ainsi qu'Orianna Fallaci est non seulement une authentique femme libre athée et progressiste, indépendante et courageuse, mais qu'elle est aussi un véritable écrivain"</em>. Je n'ai pas les mêmes goûts que Robert Misrahi en matière de littérature, est-ce un crime <em>"anti-intellectuel"</em> ? </span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;"><br />
</span><br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Bref, on l'aura compris, je malmène les idoles du professeur Rausky et, au-delà, d'un certain judaïsme libéral et universitaire français. On me répond que je suis l'auteur d'un <em>"mythe conspirationniste et démonologique"</em>. A ceci près, donc, que ces <em>"quelques phrases"</em>, je ne les ai pas inventées.</span><br />
<br />
<span style="font-family: Georgia, "Times New Roman", serif;">Ivan Segré</span>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-5250042790146162009-09-10T20:10:00.006+02:002009-09-11T10:16:35.769+02:00Le Rav Elie Kahn z''l, un homme EntierIl y a environ un an de cela, un peu avant les fêtes de Tichri 5769, nous avons eu la désagréable surprise d’apprendre le décès du Rav Elie Kahn à l’âge de 51 ans. <div><div><br /><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMPz48tmjpJv8GUgAwKDAXb0at0P_HBCrM5_AMCKMldFi0MS48Pl9bnbo9TjANOm6qj7Y_2P_iXjYJCt3YJomvVdQ4Vk9-g6ZZqIribuG5RfNnNVfucXl5SFV1sEGXxrYy68n3uW9L8LLX/s1600-h/elie-kahn.jpg"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJycPPv5zCCwGZv2c7dFDDvWBroH85Ul0LCIsXjkrQWd1z9ZiSDZPv3RT3IMeiAc-g9G7gTU-YpzmEoUvpKh_Pc9BBvG2ITdPPOZH05sNGPEBkdHt7B_1nGHXhEVSIcW8TrR8klXHEmkXu/s1600-h/elie-kahn.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5379906384659480658" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 200px; CURSOR: hand; HEIGHT: 161px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJycPPv5zCCwGZv2c7dFDDvWBroH85Ul0LCIsXjkrQWd1z9ZiSDZPv3RT3IMeiAc-g9G7gTU-YpzmEoUvpKh_Pc9BBvG2ITdPPOZH05sNGPEBkdHt7B_1nGHXhEVSIcW8TrR8klXHEmkXu/s320/elie-kahn.jpg" border="0" /></a>Les familiers du site <a href="http://www.cheela.org/">Cheela.org </a>savent bien évidemment qui était le Rav Kahn. Fondateur du site et son principal animateur, il n’a jamais ménagé sa peine pour répondre sur Internet à des centaines, voire des milliers de questions halakhiques, de la plus simple à la plus pointue, de la plus grave à la plus saugrenue parfois. </div><div>Une des ses caractéristiques principales, c’était le ton des réponses : toujours précis, poli et souvent avec une touche humoristique très appréciée de ses lecteurs. Mais plus que la forme, le contenu de ses réponses était aussi très spécifique. En véritable Possek (décisionnaire), il prenait garde à toujours être mesuré dans ses réponses : dans les 4 coudées de la halakha, en prenant garde à offrir une réponse adéquate au profil de son interlocuteur. </div><div></div><br /><br /><div>Le <a href="http://en.wikipedia.org/wiki/Yehuda_Amital">Rav Amital</a>, lors de l’enterrement du Rav Kahn a dispensé un enseignement très frappant pour tout juif confronté au « monde extérieur », qui ne veut pas subir celui-ci mais qui souhaite s’y frotter en essayant d’intégrer ce qui paraît le plus essentiel et constructeur pour l’existence humaine. </div><div>Le Rav Amital très ému, raconta que peu avant son décès, le Rav Kahn l’appela pour lui dire à quel point son commentaire d’une page de Talmud l’avait réconforté. Sur le moment, le Rav Amital n’y fit pas attention, plutôt concentré sur la douleur de son interlocuteur. </div><div>Mais il se remémora l’événement lorsque le Rav Kahn quitta ce monde. Car le commentaire du Rav Amital portait sur un passage tout à fait particulier du Talmud, un de ceux qui fleurissent dans les « anthologies du Talmud » et qui est régulièrement rappelé pour expliquer la spécificité du judaïsme. Ce passage c’est le suivant:<br /><br /><strong><span style="font-size:130%;">- Baba Metsia 59b -</span></strong> </div><div><br /><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhAtdHTOgZRTtr8PrZMiaPGhp6_Ck5x-UrEfnhhzTrzpSJe7_qltsfVa8Py5M7S5ezyjnk6rPPMrrfjyiVxa31uWEWoJIXhVNOuOumXJzpd0MMOCaYNGfeCtA00YKwY4Uoa1p6LJKA0E_2/s1600-h/DafImg.jpg"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK3_8G6AveDiP7w_7GDOYZRk4ZYmDIvwmQRgzPK_hX2__1-64Rf31NM45f9mS15guOK9HIYG-nfydTj77b_qg35RO7I_V8h-BVQlDe6GMVS6Bet0MrK_damjDd5f9rf2u75PPJffW_7iZq/s1600-h/DafImg.jpg"><em><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5379906393161873266" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 218px; CURSOR: hand; HEIGHT: 320px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiK3_8G6AveDiP7w_7GDOYZRk4ZYmDIvwmQRgzPK_hX2__1-64Rf31NM45f9mS15guOK9HIYG-nfydTj77b_qg35RO7I_V8h-BVQlDe6GMVS6Bet0MrK_damjDd5f9rf2u75PPJffW_7iZq/s320/DafImg.jpg" border="0" /></em></a><em>« On enseigne dans une Mishna : un four fabriqué en tuiles découpées et liées avec du sable n’est pas soumis aux règles de pureté et d’impureté selon Rabbi Eliézer. Les autres sages pensent le contraire. C’est ce qu’on appelle le four d’Akhnaï (…). Une braïta enseigne : ce jour-là, Rabbi Eliézer répondit à toutes leurs objections, mais les sages n’en acceptèrent aucune.<br /></em></div><div><em>Il leur dit alors : «Si la loi est comme moi, que ce caroubier le prouve !»<br />Le caroubier se déracina et parcourut cent coudées. Et selon certains, quatre cent coudées.<br />Ils lui dirent : «On n’apporte pas de preuve d’un caroubier !»<br />il dit alors : «Que ce courant d’eau prouve que j’ai raison», et l’eau remonta le courant.<br />Ils répondirent : « on n’apporte pas de preuves d’un courant d’eau !» </em></div><div><em>«Que les murs de la maison d’étude le prouvent ».<br /></em><em>Les murs commencèrent à s’effondrer quand Rabbi Yéhochoua les apostropha et leur dit :<br />«Si des sages se disputent au sujet de la loi, de quoi vous mêlez-vous ? »<br />Les murs ne tombèrent pas, par respect pour Rabbi Yéhochoua et ne se redressèrent pas, par respect pour Rabbi Eliézer.<br />Il leur dit : «Que les cieux le prouvent !» </em></div><div><em>Alors, une voie céleste sortit et dit : «Qu’avez-vous contre Rabbi Eliézer ! La loi est toujours comme lui ! »<br />Rabbi Yéhochoua se redressa sur ses jambes et dit : «La Torah n’est pas dans les cieux !» (Deutéronome, chapitre 23). </em></div><em><div><br />Quelle en est la signification ? Rabbi Jérémie dit : «La Torah a déjà été donnée au mont Sinaï; nous n’avons donc pas à tenir compte d’une voie céleste, car il est écrit, selon la majorité, on tranche la loi».<br /></div><div></div><div>A ce moment-là, Rabbi Nathan rencontra le prophète Elie et lui demanda : «Que dis le Saint béni soit-Il maintenant ? Il lui répondit :<br />«Il rit en disant : Mes enfants m’ont vaincu, mes enfants m’ont vaincu !»<br /></div><div>(Traduction Akadem)</em> </div><div></div><div></div><div>En général, ce texte est régulièrement cité pour montrer la distance qu’opère le judaïsme avec la transcendance divine et qu’à certains égards, notamment sur la question de la place de l’homme dans le monde, il s’agit peut-être de la « religion » la plus proche de l’athéisme du fait de l’importance qu’elle donne aux réalisations de l’homme dans ce monde et aux responsabilités qui lui incombent, sans être oppressé par la présence de Dieu. </div><div></div><div>Mais on parle rarement du fond du problème : le four d’Akhnaï (c’est le nom du four en question) est-il soumis aux règles de pureté et d’impureté ? Est-ce véritablement cette discussion picrocholine qui vit s’opposer spectaculairement ces deux camps ? Au point que l’un d'eux (Rabbi Eliezer) se retrouvât 'excommunié' et isolé de ses collègues ? <strong>Quelle est en réalité la question ? </strong></div><div><br />Reprenons.<br />Un four entier est soumis aux règles de pureté et d’impureté.<br />Un four cassé et fait de débris épars n’est pas soumis aux règles de pureté et d’impureté.<br /></div><div></div><div>Le four d’Akhnaï est spécial en ce qu’il possède à la fois les caractéristiques du four entier et du four cassé. Il est fait de plusieurs morceaux (les tuiles découpées du texte). Mais il apparaît tout de même comme entier (car les tuiles sont liées avec du sable). Il est capable de remplir son rôle, sa fonction de four. </div><div></div><div></div><div>Rav Amital dans son article approfondissait la question : pour Rabbi Eliezer ce four d’Akhnaï est assimilable à un four cassé. Peu importe qu’il ait été rafistolé, l’essentiel c’est que ce qui le compose est cassé, brisé, fait de plusieurs morceaux. C’est cela qui compte : il faut voir la réalité de façon absolue. Ce four est-il fait d’une matière entière ou de morceaux brisés ? <strong>S’il existe des morceaux brisés, il ne peut pas être appelé « Entier ».</strong> </div><div></div><div>Les Sages ont une autre vision des choses. Ils prennent le problème de façon plus relative : est-ce que ce four est capable d’assumer la tâche qui lui est dévolu ? Si c’est le cas, peu importe sa composition, <strong>il est tout à fait possible de le comparer à un four « Entier »</strong> et de lui en affecter toutes les caractéristiques. </div><div></div><div></div><div>La discussion intime du Talmud est en fait bien plus vaste qu’un simple problème de pureté et d’impureté : c’est une confrontation entre deux visions du monde, entre deux façons d’appréhender la réalité : faut-il voir les choses de façon absolue ou relative ?<br /></div><div>Ce que dit Rav Amital et ce qui a réconforté Rav Kahn, c’est que la Halakha, la Loi est selon les Sages. Et que cette métaphore sur l’entièreté du four appliquée à un patchwork de débris reconsolidé, <strong>il se l’est peut-être appliqué à lui-même.</strong><br /></div><div>Car le Rav Kahn était un personnage parfois atypique dans le paysage rabbinique : orthodoxe mais sans barbe, profondément attaché à la Halakha parfois même dans ses plus infimes détails (de nombreux exemples l’attestent) mais également soucieux de donner des réponses halakhiques correspondant au niveau de son interlocuteur, ashkénaze mais très attaché à la personne et à l’œuvre de Rav Ovadia Yosef, érudit en Thora mais également passionné par les sciences profanes, la littérature ou l’histoire. Peut-être se posait-il parfois la question : <strong>cette diversité d’intérêts, d’activités, de pratiques fait-elle tout de même de moi un homme « Entier », comme le four d'Akhnaï composé de différents morceaux ? </strong></div><div></div><div></div><div>Selon Rabbi Eliezer, pour qui il faut impérativement être fait d’un matériau brut, unique et absolu, ce n’est pas le cas. Mais pour avoir refusé de se plier à l’avis des Sages, qui au contraire ont répondu un « Oui » franc et massif au risque de contredire Dieu lui-même, Rabbi Eliezer a subi l’isolement.</div><div></div><div></div><div>La réponse est évidente et elle l’apparaît encore plus à nos yeux : le Rav Kahn était un véritable Homme, entier, méritant le respect, la considération et l’admiration de ses pairs et de ses élèves, réels ou virtuels. Et son caractère divers, loin de menacer son authenticité l’a plutôt renforcé <strong>au point d’en faire un homme absolument unique.<br /></strong></div><div>Il manque déjà depuis un an, mais son œuvre est encore là. Cette phrase célèbre prend alors tout son sens :<br /><em></em></div><div><em>« Tsadikim Bemitatan Nikreou Haim » "Les Justes après leur mort sont appelés Vivants." </em><br /></div><div>Qu’il en soit ainsi pour le Rav Elie Kahn z’’l.</div></div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-53695483231346722712009-03-24T15:38:00.001+01:002009-03-24T15:39:52.684+01:00Le dîner du CRIF...vu de l'intérieurLe dîner du CRIF a lieu tous les ans depuis maintenant 24 ans et est devenu un des événements les plus mondains de l'année. Y participant pour la première fois cette année, je peux vous en parler de l'intérieur. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est très amusant à voir.<br /><div><div><br /></div><div>Tout commence en entrant dans le Bois de Boulogne, à proximité du pavillon d'Ermenonville où se déroule le dîner. Dispositif de sécurité impressionnant, policiers plus jeunes du SCPJ quadrillant le périmètre à côté des camions de télévision d'I-Télé, de BFM TV et d'autres médias importants. Avec bien entendu les équipes de Public Sénat qui, pour la deuxième année, couvrent la totalité du dîner en direct sur leur chaîne.<br /></div><div>Arrivé dans la salle grâce au fameux carton, l'invité est pris en main par une organisation parfaitement huilée: remise du carton de table avec le plan de salle au verso, vitesse d'exécution du vestiaire, bref on arrive rapidement à la première étape significative de la soirée. Le buffet.</div><div><br /><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUaE7b5B6Qb8xhkHuejRhSQmybbtY342zzP0j9iq76JD6bwoIErutDmdHmWquudB2zgUQI26Ohq6cwHH3-NqTr19N4t7fXVc6cfDmOqCSaX1SFNMkZIPJ5FYk2O9Q5Tjap19FLUcz8_PFe/s1600-h/Prasquier.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5316761933019559266" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 320px; CURSOR: hand; HEIGHT: 214px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUaE7b5B6Qb8xhkHuejRhSQmybbtY342zzP0j9iq76JD6bwoIErutDmdHmWquudB2zgUQI26Ohq6cwHH3-NqTr19N4t7fXVc6cfDmOqCSaX1SFNMkZIPJ5FYk2O9Q5Tjap19FLUcz8_PFe/s320/Prasquier.jpg" border="0" /></a><br /><br /></div><div>Dans une salle assez vaste pour accueillir les 800 invités, le traiteur avait disposé à tous les coins de délicieux canapés et mises en bouche, souvent originaux par rapport aux classiques traiteurs cashers de mariage ou de bar-mitzvot. Et pour cause, le traiteur est la division casher de Potel & Chabot. Halavi, c'est à dire sans viande, le buffet était excellent, ainsi que le dîner, mais j'y reviendrai.</div><div><br /></div><div>Ce qui amuse beaucoup lors du buffet, c'est de se balader au milieu de personnes qu'on a plutôt l'habitude de voir à la télé. Tiens, voilà <strong>Rachida Dati</strong> en plein conversation. Ici <strong>André Vingt-Trois</strong> avec sa robe de Cardinal. Surprise de constater que <strong>Christine Lagarde</strong> faisait au moins 1 m 85. Fascination devant la beauté et la classe de <strong>Rama Yade</strong>. Une fois remis de sa stupéfaction de naviguer dans ces eaux mondaines, on se ressaisit et on fait le point.<br /></div><div>Le gouvernement au quasi-complet, à l'exception de 2 secrétaires d'Etat avec lesquels j'aurais vraiment aimé discuter: <strong>Nathalie Kosciusko-Morizet</strong> et <strong>Martin Hirsch</strong>. Bien entendu des personnalités de gauche: <strong>Benoît Hamon</strong>, <strong>Bertrand Delanoé</strong>, <strong>Jack Lang</strong>, <strong>Harlem Désir</strong>, mais deux grandes absentes tout de même: <strong>Martine Aubry</strong> et <strong>Ségolène Royal</strong>.</div><div><br /></div><div>Quelques personnalités des médias: <strong>Daniela Lumbroso</strong>, <strong>Jean-Pierre Elkabbach</strong>, <strong>Paul Amar</strong>, <strong>Etienne Mougeotte</strong>. Des personnalités religieuses: évidemment <strong>Dalil Boubkeur</strong>, Recteur de la mosquée de Paris côté musulman, le <strong>Cardinal André Vingt-Trois</strong> pour les catholiques, et pour la "religion invitante" toute la gamme des rabbins de la communauté: le Grand Rabbin de France <strong>Gilles Bernheim</strong>, le Grand Rabbin <strong>Sirat</strong>, le rabbin <strong>Serfati </strong>responsable de l'Amitié judéo-musulmane, le rabbin <strong>Yossef Itzhak Pewzner</strong> du mouvement Loubavitch, le rabbin <strong>Rivon Krygier</strong> du mouvement Massorti, etc, etc...</div><div><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcLzGo5N1enam9nizhxNBsV37nBOLyjl27ti5s_2Joaj07k5Q0RIJnt5oKs1vyWfMZIH4qMvQsfxvAgCr0rMNZT_VEf__zBxjpLYsb4uGvBxBfCVn-LOSQYCyOnOa4jbWy0QcqVZmn3gYE/s1600-h/Fillon.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5316761927251034146" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 320px; CURSOR: hand; HEIGHT: 213px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcLzGo5N1enam9nizhxNBsV37nBOLyjl27ti5s_2Joaj07k5Q0RIJnt5oKs1vyWfMZIH4qMvQsfxvAgCr0rMNZT_VEf__zBxjpLYsb4uGvBxBfCVn-LOSQYCyOnOa4jbWy0QcqVZmn3gYE/s320/Fillon.jpg" border="0" /></a><br /></div><div>Bref, une assemblée dont je ne pense pas qu'il en existe l'équivalent pour un quelconque autre motif et qui permet véritablement d'aborder qui on veut si tant est qu'on ait quelque chose à dire, qu'on joue le jeu de la courtoisie élémentaire que requiert cet exercice et qu'on passe outre la fascination qu'exerce cette concentration de pouvoirs en un seul lieu.</div><div><br /><br /></div><div></div><div><br /><br /></div><div>J'ai par exemple pu discuter avec <strong>Alain Madelin</strong> de ses interventions le mardi matin dans Good Morning Business sur BFM, échanger avec <strong>Jean-David Lévitte</strong> sur son expérience aux EEIF (en me disant d'ailleurs qu'il y a en ce moment 2 EI à l'Elysée: lui et <strong>Arnold Munnich</strong>, conseiller du Président), prendre conscience du fabuleux métier de <strong>Jack Lang</strong> qui m'a donné l'impression qu'on était amis depuis 20 ans lorsqu'il me serra la main, ou encore instruire <strong>Harlem Désir</strong> sur le règlement intérieur du CRIF.</div><div><br /></div><div><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4cnnxRq84FlNWRYK-8YTx7rQbz-5d-uw1hABnxiEc84IWdJ9bloYUWKj-LibZ6vFklQwGh5j4kNUN_WmbVN6tmliKVo0DfJgq68g3T3ddOwjHcL4KFHw3sZghFuaZk7xoMSWj5UbGU8xp/s1600-h/CRIF.jpg"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5316761916013615890" style="FLOAT: left; MARGIN: 0px 10px 10px 0px; WIDTH: 320px; CURSOR: hand; HEIGHT: 214px" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj4cnnxRq84FlNWRYK-8YTx7rQbz-5d-uw1hABnxiEc84IWdJ9bloYUWKj-LibZ6vFklQwGh5j4kNUN_WmbVN6tmliKVo0DfJgq68g3T3ddOwjHcL4KFHw3sZghFuaZk7xoMSWj5UbGU8xp/s320/CRIF.jpg" border="0" /></a>Petite animation lorsqu'un troupeau de caméras, de journalistes et d'invités coagule autour d'un nouvel hôte. Qui peut bien provoquer cette agitation ? Bien entendu, notre omni/hyper/global Président (rayez la mention inutile) autour duquel s'agglomèrent toutes les abeilles qui rêvent d'apparaître un jour en photo à côté du plus haut pouvoir de la République. Vanité des vanités... </div><div><br /> </div><div><br /> </div><div>Une fois le buffet achevé, on arrive dans la grande salle de dîner où on est prié de s'asseoir afin d'écouter:</div><div>- l'introduction du Directeur Général du CRIF, <strong>Haïm Musicant</strong></div><div>- Le discours du Président du CRIF, <strong>Richard Prasquier</strong></div><div>- Le discours du Premier ministre, <strong>François Fillon</strong></div><div><br />Je vous passe les discours de nos amis. D'abord parce que que vous pourrez aisément les trouver sur la toile. Et puis ensuite parce que ce ne sont en réalité que des variations autour des mêmes thèmes depuis des années: l'antisémitisme et la situation en Israël. Le dîner 2009 a été un très bon cru de ce point de vue puisque sur ces deux sujets, il y avait en effet beaucoup à dire après la guerre de Gaza et ses conséquences sur la recrudescence des actes antisémites associés. </div><div><br />Mais je vous rassure, pas de quoi changer la face du monde: un léger frisson lorsque l'UOIF est mise en cause, quelques discussions dans la salle lorsque Durban II est abordé... Bref, il faut pas le dire, mais c'est la routine. Sauf qu'apparemmment, ce constat n'est pas partagé par tout le monde: après les discours, de nombreux invités se lancent dans des commentaires et des exégèses savantes sur le contenu des interventions des deux orateurs pour essayer de comprendre les messages subliminaux, les formules non diplomatiques, les engagements inattendus, etc, etc... C'est vraiment ça la politique ? </div><div> </div><div>Dernier acte, mais pas le moindre, de cette soirée, le dîner en lui-même. Joli innovation de Potel & Chabot qui sert deux assiettes superposées dont l'un contient l'entrée (filets de rouget) et l'autre le plat chaud, qui miracle est resté chaud pour les 800 invités. Bel exploit culinaire: réduire le nombre de services en envoyant entrée et plat en même temps, tout en assurant la stabilité gastronomique des plats. Bravo. Mais anecdotique, car le plus intéressant c'est le nouveau va et vient entre les différentes tables pour "réseauter" encore et toujours afin de faire le tour d'un maximum d'invités. Les seuls qui restent un peu polis sont les membres de la table d'honneur (en gros, les principaux membres du gouvernement) qui dînent sagement en devisant sous les innombrables photographes qui les assaillent.<br /><br />Conclusion: une fort jolie soirée dans laquelle beaucoup de paroles et d'idées ont certainement été échangées, mais, comme d'habitude, dans le cénacle des conversations privées et probablement pas dans les discours momifiés des gens de pouvoir, prisonniers de leurs institutions respectives et de l'exercice imposé...</div></div>Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-1985606537309007112.post-5923298094709863472008-09-22T11:14:00.000+02:002008-09-22T11:14:44.221+02:00Les Juifs et le suicideDepuis <strong>Emile Durkheim</strong>, éminent sociologue et fils de rabbin, on sait que le taux de suicide dans une population <em>"varie en fonction inverse du degré d'intégration des groupes sociaux dont fait partie l'individu".</em><br /><br />En bref, que si vous vous sentez seuls, mal intégrés et sans faire partie d'un groupe social auquel vous concédez une appartenance, vous aurez plus de chances de mettre fin à vos jours.<br />Du point de vue des religions, relève Durkheim, l'aspect assez individualiste du protestantisme le rend plus sensible au suicide, alors que la notion de collectivité propre au catholicisme protège relativement ses ouailles.<br />Mais ceux qui se suicident apparemment le moins, ce sont les Juifs qui dans leur pratique mêlent une convivialité de groupe avec une intégration poussée à la communauté (le bouquin date de 1897, entre temps, certains Juifs ont eu le temps de changer de modèle). Evidemment, les <em>apikoïros</em>, les hérétiques, du fait de leur éloignement communautaire ont peut-être plus de chances de se retrouver dans des taux protestants.<br />Bref, je ne sais pas ce que vaut aujourd'hui cette étude, mais je viens de recevoir une petite blague sur le sujet et elle a valu à mes collègues de me voir rire tout seul pendant toute la matinée sans que je puisse vraiment leur expliquer correctement la raison de mon état. La voici:<br /><br /><em>Je me baladais sous un beau soleil printanier lorsque, arrivé sur un pont, je vis un homme debout sur la rembarde, prêt à sauter. </em><br /><em>Je me précipitai vers lui en lui criant:</em><br /><em>"Stop, stop, ne faites pas ça !!!"</em><br /><em>- Pourquoi je ne devrais pas ?, demanda-t-il </em><br /><em>- Parce qu'il y a plein de choses magnifiques que vous avez encore à vivre sur cette terre ! répondis-je</em><br /><em>- Comme quoi ?</em><br /><em>- Eh bien....je ne sais pas: vous êtes Juif ou Goy ?</em><br /><em>- Juif</em><br /><em>- Moi aussi ! Vous êtes orthodoxe ou libéral ?</em><br /><em>- Orthodoxe</em><br /><em>- Moi aussi ! Vous êtes Haredi ou Modern-Orthodox ?</em><br /><em>- Haredi</em><br /><em>- Moi aussi ! Vous êtes Hassidique ou Litvish (Lituanien) ?</em><br /><em>- Litvish</em><br /><em>- Incroyable ! Moi aussi ! Vous êtes Litvish Yerushalmi ou Bné-Braker (de Jérusalem ou de Bné-Brak) ?</em><br /><em>- Litvish Yerushalmi</em><br /><em>- Moi aussi ! Vous êtes Litvish Yerushalmi Moussarnik ou Litvish Yeroushalmi Brisker ?</em><br /><em>- Litvish Yerushalmi Moussarnik </em><br /><em>- Mais c'est fou, moi aussi ! Et vous êtes Litvish Yerushalmi Moussarnik Slobodkaniker ou Litvish Yerushalmi Moussarnik Kelmer ?</em><br /><em></em><br /><em>Il répondit: "Litvish Yerushalmi Moussarnik Slobodkaniker"</em><br /><em></em><br /><em>Alors je lui dis: "Meurs, espèce d'apikoïros" tandis que je le poussai dans le vide. </em><br /><em></em><br />Pour une explication des différentes "écoles" mentionnées plus haut, ça fera l'objet d'un billet à part entière...;-)Frisonhttp://www.blogger.com/profile/06840414283549237558noreply@blogger.com4